1 - Diacres tout d'abord
Voyager dans le temps rappelle que toute tradition n'est que rappel d'un passé dans la mémoire et les us et coutumes et ne peut prétendre fixer l'avenir. Les sept diacres "remplis d'Esprit Saint et de sagesse" dont parlent les Actes, 6-3, citent Etienne, le premier martyr, et Philippe prédicateur en Samarie évoqués en Ac,7 et 8. Ignace d'Antioche dans ses Lettres si précieuses pour l'histoire place le diaconat comme le troisième degré de ministère. Dans sa lettre aux Tralliens, Ignace écrit "que tous révèrent les diacres comme Jésus Christ , comme aussi l'évêque qui est l'image du Père et les Presbytres comme le sénat de dieu et l'Assemblée des Apôtres : sans eux on ne peut pas parler d'Eglise" !
Les diacres sont " les urgentistes de l'heure," visite des malades, des prisonniers, partageant les provisions et aides alimentaires, proximité des veuves, des orphelins et des étrangers.
Les mentions de saint Justin 150 ans après JC, de saint Cyprien auprès des prisonniers leur apportant subsides et eucharistie sont instructives pour le temps de la foi chrétienne partagée avec le grand nombre.
Proches et collaborateurs immédiats des épiscopes en charge des communautés, leur fonction se développe au fil du temps;
Urgentistes de la charité, auprès des malades, des étrangers, des indigents, des veuves, des orphelins, ou des détenus, leur fonction devient communautaire au nom de l'Eglise elle même au fil de l'histoire.
Saint Cyprien les rend proches des prisonniers, et des épiscopes lors des eucharisties, ,allant porter la communion aux empêchés, jusqu'une présence auprès des mourants sans pouvoir leur administrer le sacrement mais écouter leur confidence à l'heure du passage ultime de la vie.
Le chiffre sept sonnait pour l'église première comme un sujet biblique à forte saveur symbolique.
Un concile au début du IVème siècle à Néocésarée défend d'en ordonner davantage ?
A Rome le pape Saint Fabien (250), avait divisé Rome en sept régions confiées chacune à un diacre, l'un dirigeant le groupe comme rapporté lors du martyre de saint Laurent (258).
La paix civile et militaire de la ville sainte favorisait le recrutement chez les chrétiens entre les persécutions de Valérien et de Dioclétien. Au temps du pape Adrien Ier, le nombre des régions ajouta sept diaconies nouvelles, puis dix huit. D'où le titre des cardinaux diacres un titre toujours actuel chez des membres du collège cardinalice issus de cette origine.
On était diacre mais pas de façon définitive, Dans la Tradition Apostolique, lors de sa désignation au IIIème siècle, "qu'en servant sans reproche et dans une vie pure, il obtienne un degré supérieur", dit le commentaire. On pouvait donc passer du diaconat au presbytérat ou à l'épiscopat, comme Cécilien à Carthage (311), Athanase à Alexandrie (328), et surtout Léon (pas celui de Bayonne) (440) et Grégoire le Grand en 590 !
De quoi s'attendre si l'Esprit Saint le recommande à reconnaitre parmi les diacres des postulants à servir la foi chrétienne pour des ordres qu'ils n'auront pas désirés selon leurs propres ambitions. Le pape dispose en la matière d'une large plénitude de pouvoir pour le faire !
2 - Prêtres par la suite.
Selon la formule latine appropriée, "Jus offerendi et honor sedendi" offrir l'eucharistie et servir le Seigneur donne accès au presbyterium, assis à la droite de l'évêque tandis que les autres présents et les fidèles se tiennent debout !
Ignace d'Antioche appelle cette assemblée, le sénat des Apôtres en présence de l'évêque, Père de l'assemblée et des diacres figures du Christ serviteur.
Le prêtre avait en ce temps la faculté de représenter l'évêque, principal célébrant, en son absence.
Par les persécutions de Dèce en 250 et Dioclétien disent les chroniqueurs en 303, les prêtres prennent délégation plus souvent en raison de la croissance des communautés.
"Le récit de Cyprien à Carthage, prenant le maquis pour fuir l'arrestation possible, permit à quelques proches de l'épiscope de célébrer les messes jusque dans les prisons où étaient enfermés les confesseurs de la foi".
Autre temps mémoriel cité en Tunisie, lors de la persécution d'Abitène, les fidèles sont arrêtés dans la maison du prêtre Saturninus, interrogés sur leur conduite à propos des règles de l'empereur qu'ils ont coutume d'enfreindre, ils répondent "sans le dimanche, nous ne pouvons pas vivre", sine dominico, non possumus !
La décision en l'état revenant à l'évêque, c'est lui bien souvent qui disposait du droit religieux personnalisé pour les besoins de la communauté.
Le presbyterium ou conseil des anciens était composé des moins remuants de la fratrie.
Les diacres désignés par l'épiscope assurant ces pratiques à la demande de l'autorité et sous sa gouverne quasi exclusive.
L'exception faisant foi et loi. Le pape Fabien exécuté au temps de Dèce, les prêtres prirent leur rôle au sérieux.
Prenant la parole et s'adressant à Cyprien de Rome, le collège des prêtres ne le prive de quelque reproche pour avoir occupé la mission de l'épiscope en son absence Ce dernier se cachant pour sa survie et laissant à ses obligés le soin d'assumer la sécurité de la communauté.
"Le soin du troupeau nous incombe, à nous qui sommes à sa tête, pour le conduire et remplir la fonction des pasteurs" !
A Rome on compte le personnel religieux : 46 prêtres au milieu du IIIème siècle.
A Hippone, vers 420, trois prêtres, six diacres, et un sous diacre. Pas de quoi pavoiser d'un cléricalisme envahissant !
Hilaire de Poitiers évalue en 367 la nécessité de sept diacres en chaque cité, deux prêtres pour chaque église.
C'est bien plus tard que le corps ecclésiastique va croitre et accroitre son personnel pour les besoins religieux qui étaient bien souvent de dévotion et de célébration ponctuelle de la messe.
Ce qui semble parfois devenu la pratique cléricale contemporaine en de nombreux lieux. Culte, messe, dévotion en interne et ad intra dans la vie paroissiale...
Un éternel va et vient, du passé vers le présent, du présent vers le passé en quête inachevée de la méthode évangélique la plus ajustée pour rejoindre "les périphéries" du pape François et rattacher ces frontières au cercle rapproché des fidèles eux mêmes.
Notre photo de couverture : ordinations sacerdotales conférées par Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne