A l’occasion de la vente de Côte Basque enchères du vendredi 23 avril dernier, l’adjoint à la culture de Cambo Robert Poulou a acquis au nom de la mairie de Cambo avec l'aide prochaine de la DRAC deux tableaux d’Hélène Dufau (1869-1937) pour la somme totale de 29 000 € au marteau. Ces deux huiles sur toile de taille semblable mesurant 100 cm x 87 cm représentent « Maurice Rostand en éphèbe » et l’auto-portrait de Clémentine Hélène Dufau. Actuellement placées à la mairie, les oeuvres rejoindront la villa d'Arnaga à partir de juillet à l'occasion d'une présentation ainsi que d'une soirée organisée pour les Amis d'Arnaga.
« Il s’agit aussi de mettre à l’honneur les femmes, influentes et discrètes, relève-t-il. À ce titre, Clémentine-Hélène Dufau mériterait une reconnaissance artistique et historique avec une conférence ou une exposition. » avait rappelé Robert Poulou qui a remercié ceux qui contribuent à faire rayonner Arnaga par des dons ou des prêts / voyez mon article du 16 avril dans Baskulture
https://www.baskulture.com/article/saint-jean-de-luz-vendredi-23-et-samedi-24-avril-arts-du-xxme-sicle-rgionaliste-basque-et-landais-3847
Ainsi, lors du Salon des Artistes Français de 1902, Edmond Rostand qui appréciait l'œuvre d’Hélène Dufau (1869-1937) lui proposa-t-il de décorer sa villa Arnaga au Pays Basque. De 1906 à 1912, Hélène Dufau travailla à Arnaga sur des décors deux panneaux symbolistes. "Le printemps" et "le Cygne noir" couvriront les murs de la bibliothèque auquel s’ajoutèrent trois médaillons de femmes nues pour l’escalier ainsi que cinq portraits de famille : Maurice Rostand dans le jardin, Rosemonde dans le Boudoir, Rosemonde dans la bibliothèque, Edmond au dalmatien (dessin), Maurice en dandy (reproduction avec autographe original). .
Clémentine-Hélène s'inscrivit au cours de l'Académie Julian dans l'atelier de William Bouguereau et de Thony Robert Fleury. En 1895, elle exposa au Salon des Artistes Français et obtint le prix Marie Bashkirtseff pour son tableau "L'Amour de l'Art".
À partir de 1905, devenue une artiste reconnue, elle travailla en sympathie avec l'auteur de théâtre Edmond Rostand, mais surtout avec son fils Maurice pour qui elle se prit d’une folle passion - non réciproque - durant des années. Un amour qu’elle immortalisa dans plusieurs portraits, dont celui de Maurice portant un chapeau de feutre sur fond d’Arnaga, exposé dans le salon de la villa-musée. Un autre portrait présenté aux enchères à Saint-Jean-de-luz, correspondant à sa période symboliste, figure Maurice en éphèbe. Dénudé, enveloppé d’une étole, il est absorbé par lecture. En second plan, les colonnes du palais royal de Nathalie de Serbie laissent deviner l’Océan et percevoir à l’horizon la montagne des Trois Couronnes. (100x87 cm).
En écho à ce tableau de même format et face à l’Océan, présente l’auto-portrait de Clémentine Hélène Dufau regardant d’un air songeur son amour détourné . Un voile recouvre le bas de son corps dénudé. (100x87cm)
En pendant, alanguie face à la mer, depuis la balustrade surplombant la falaise, une jeune femme sobrement drapée d’un voile mariale d’un bleu captivant, noie son regard dans l’horizon. Observe-t-elle son Amour détourné, resté plongé dans la littérature et la poésie ? Faut-il voir dans cette œuvre l’autoportrait d’une femme en attente de reconnaissance ? En 1909, Clémentine-Hélène Dufau reconnue par ses pairs reçoit la légion d’honneur. Elle exécute de nombreux portraits et travaille surtout à la décoration de grands édifices comme à la Sorbonne. sa carrière artistique s'étoffe encore avec une commande de l'État pour la décoration de la nouvelle Sorbonne (panneaux Astronomie et Mathématiques et Radioactivité et Magnétisme) et des portraits de nombreuses personnalités
En 1932, elle écrit son livre-testament, "Les Trois Couleurs de la lumière", où elle expose sa vision ésotérique de l'art : sa situation financière se dégradant, elle sera inhumée dans le carré des indigents du cimetière parisien de Thiais à la suite d’un cancer de l’estomac.