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Cinéma
Chantons sous la pluie (103’) - Film américain de Stanley Donen et Gene Kelly (1952)
Chantons sous la pluie (103’) - Film américain de Stanley Donen et Gene Kelly (1952)

| Jean-Louis Requena 739 mots

Chantons sous la pluie (103’) - Film américain de Stanley Donen et Gene Kelly (1952)

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"Chantons sous la pluie" ©
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"Chantons sous la pluie" ©
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Arthur Freed (1894/1973), producteur et parolier américain, est engagé en 1939 par le studio Métro Goldwyn Meyer (MGM : devise « Ars gratia artis ») comme producteur associé. Son rôle : développer avec son équipe, au sein du « Studio system », la production de films musicaux, chantés et dansés, résolument optimistes

. Il en créera de très nombreux, avec en particulier le tandem Stanley Donen (1924/2019) et Gene Kelly (1912/1996) : Un jour à New York (1949), Chantons sous la pluie (1952), Beau fixe sur New York (1955). Son long règne hollywoodien commencera avec Babes in Arms (1939) de Busby Berkeley (1895/1976) à Lumière sur la piazza (1962) de Guy Green (1913/2005), soit 48 longs métrages et 21 Oscars !

Stanley Donen et Gene Kelly se sont rencontrés à Broadway (New York), en 1940, dans des spectacles musicaux. Tous deux viennent de la comédie musicale alors très en vogue : le premier danseur et chorégraphe occasionel, le second comme chorégraphe confirmé et danseur. Leur collaboration va concerner trois films supervisés par l’équipe d’Arthur Freed au sein de la Métro Goldwyn Meyer : Un jour à New York (On the Town) adaptation de comédie musicale de Leonard Bernstein ; Chantons sous la pluie (Singin’ in the Rain), assemblage astucieux de chansons écrites par le producteur tout au long de sa carrière de parolier (Singin’ in the Rain est un texte publié en … 1929 !) ; et enfin Beau fixe sur New York (It’s Always Fair Weather) qui signera, en 1955, la fin de leur collaboration, le « musical » n'ayant pas le succès attendu au « box-office » compte tenu des coûts de fabrication.

Un autre duo de librettistes est formé depuis 1944 à Hollywood dans l’équipe de production d’Alfred Freed : Betty Comden (1917/2006) et Adolph Green (1914/2002). Tous deux viennent de la côte est des États Unis où ils élaboraient des scénarios pour les comédies musicales de Broadway. Ils travailleront sur les trois « musical » de Stanley Donen et Gene Kelly, et en particulier celui de Chantons sous la pluie.

En 1927, les jours du cinéma muet sont comptés lors qu’apparait après de longs tâtonnements Le Chanteur de jazz avec Al Johnson (1886/1950), premier film parlant (en partie) du studio Warner Bros. Subitement, La star du cinéma muet Don Lockwood (Gene Kelly) et sa partenaire Lina Lamont (Jean Hagen), actrice au timbre désagréable, sont confrontés au dilemme suivant : avoir un physique adéquat avec sa voix. C’est possible pour Don Lockwood, mais rédhibitoire pour Lina Lamont à la voix nasillarde, avec cheveu sur la langue. Le patron du studio Monumental Picture qui les emploient, R.F Simpson (Millard Mitchell), et l’ami de toujours de Don Lockwood, Cosmo Brown (Donald O’Connor) sont à la recherche d’une solution après des essais infructueux de Lina Lamont : sa voix de crécelle est par trop désagréable. Il faut donc la doubler. Cosmo Brown décide de la faire doubler par Kathy Selden (Debbie Reynolds) jeune danseuse à la voix chaleureuse. Mais Lina veille …

Le fil de cape et d’épée, en cours de tournage pour le studio Monumental Picture, devient une comédie musicale Le Chevalier chanteur (The Dancing Cavalier), promis avec ses deux stars, à un grand succès …

Chantons sous la pluie cumule tous les superlatifs que les critiques notamment en France (André Bazin trouvait sans plus que le film était « énergique et optimiste » !) n’ont pas perçus à l’époque de sa sortie, au score honorable. Le long métrage s’est bonifié avec le temps : il trône sans partage en tête des comédies musicales américaines. Pourquoi ? Primo, c’est un formidable scénario qui est un « documentaire » réjouissant sur les « usines à rêves » d’Hollywood au moment crucial du passage du muet au parlant (très bavard !). Cette étape, était une véritable révolution sur le plan artistique (les interprètes devaient savoir jouer et chanter… avec leur voix) ; secondo, économique (investissements lourds pour enregistrer et diffuser le son, studios insonorisés, etc.) ; tertio, technique (la confection de copies pellicules avec pistes optiques pour le son, etc.). Arthur Freed exige que ses chansons ne soient pas des numéros chantés en dehors de l’action, mais participent à celle-ci sans l’interrompre. Ce pari est réussi pour une grande part grâce au couple de scénaristes Betty Comden et Adolph Green. Enfin, s’ajoute la chorégraphie musclée, quoique qu’élégante et inventive de Gene Kelly notamment dans son pas de deux avec Cyd Charisse (Broadway Melody), danseuse classique au corps sculpturale.

Dansons sous la pluie ressort en salle dans un splendide technicolor (restauré en 4K) et en coffret Dvd ou Blue ray. Courez-y toutes affaires cessantes !

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