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Tradition
Catéchèses pascales des origines de l'Eglise
Catéchèses pascales des origines de l'Eglise

| François-Xavier Esponde 1216 mots

Catéchèses pascales des origines de l'Eglise

On devine le changement de monde de la part de ces nouveaux arrivés dans la Barque de Pierre, à qui dès le IVème siècle les pasteurs évêques de ce temps consacrèrent leur enseignement, comprenez "la catéchèse mystagogique" nécessaire.

Jusqu'à ce moment, la foi se résumant à des invocations orales répétées, transmises par la tradition verbale, lors d’une initiation préalable au soir de Pâques du baptême, on ne leur avait appris que peu de choses selon les historiens de l’Eglise naissante des “mystères” contenus dans la foi des chrétiens.
Ces mystères comprenez le contenu "des sacrements" vécus en communauté de foi, comme sans doute par les pratiquants romains du culte impérial mais selon un contenu bien différent.
Changement vestimentaire pour le cas, modifications de pratiques alimentaires, application et consommation d’alcool et de boissons appropriées à leur nouveau mode de vie, régulation des divinités domestiques, les lares omniprésents dans les contraintes aux dieux de la vie de chaque jour.

On ne pouvait renoncer de la sorte à ces cultes anciens voués à des forces invisibles et dotées de la figure de l’Empereur, par des pratiques de partage de poisson et de vin, en mémoire d'un Dieu inconnu qui nous sauve, de la mort et de bien de ces devoirs imposés par ces sortilèges si présents dans la vie.
Comment fixer l’attention de nouveaux baptisés adultes pour la plupart ne connaissant que peu l’origine du christianisme, plus familiers du culte de l’Empereur romain régnant, sujet de ses rites et de ses obligations, voué a Jupiter et à son panthéon de divinités agissantes de la vie personnelle, sociale et spirituelle ?

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Messe chrismale ©
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Pendant l’octave pascale les nouveaux baptisés étaient vêtus de blanc, et dans les quelques missels latins existants, on désignait ce temps “in albis” ou de blanc.
Dans les récits attribués à Boniface en 754, l’évangélisateur de la Germanie, on raconte qu'un individu revenait souvent pour demander le même baptême, et revêtir la tunique blanche, pour ses usages mais la supercherie vint à Boniface qui sanctionna le prétendu catéchumène.

Que pouvait laisser deviner cet attirance mystérieuse au baptême chrétien ?
Cette blancheur semblait porter une signification neuve pour ces nouveaux venus en quête de vêture et de toute évidence acquis aux modalités de cette couleur dans leur vie !

Huit jours durant les nouveaux baptisés étaient convoqués par le pasteur évêque en église selon toute probabilité chez l'évêque ou l’un d’entre eux.

Le temps des cathédrales n’étant pas encore advenu, le bien nommé évêque consacrait beaucoup de temps à ces ouailles comme le relatent dans leurs Lettres pastorales Cyrille de Jérusalem en 387, Jean Chrysostome en 407, Ambroise de Milan en 397 et Augustin en 430 !
L'exercice en valait toute la peine et le recrutement de nouveaux venus se faisait de la bouche par ces rituels originaux.

Chacune de ces figures épiscopales bien différentes entre elles, mais toutes attachées à expliquer et commenter les rites contenus dans le déroulé du baptême, reprenait les thèmes communs, la renonciation au mal, la profession de foi,  et la triple immersion dans l’eau baptismale puis les deux onctions d’huile sainte, la première par un prêtre ou un diacre choisi par l’évêque et l’évêque lui même accueillant dans l’assemblée le candidat à l’entrée du lieu saint, pour la confirmation et la communion au mystère.

Renoncer au mal faisait penser à se dégager de rites sanguinaires sur les humains ou les animaux, sacrifices et cultes du sang versé et consommé et bien de ces états de transe et de divination dont  par certains cultes barbares on faisait usage pour attirer des forces invisibles attachées à des pratiques démoniaques ou initiatiques.
Le ton limpide et simple de ces hommes de foi se distinguait de la contrainte mentale des rites sataniques.

Quand Cyrille évoque la présence réelle du Christ dans le pain partagé, qui osera hésiter, se demande l’évêque ?
"Ce qui te parait du pain n’est pas du pain, sinon de goût, mais le corps du Christ !"
Cyrille à qui l’on attribue encore l’explication basique “fais de ta main gauche un trône pour ta main droite, puisque celle ci doit recevoir le Roi céleste, et dans le creux de la main, reçois le corps du christ et dis Amen”.

Il aura fallu des siècles de refus, d’appréhension des autorités ecclésiastiques de ces usages pour inviter les fidèles à communier de leurs mains, ce jusqu’en 1969 où l’on restaura le rite de la communion dans la main comme venant de la première tradition chrétienne apprise et enseignée par les Pères de l’Eglise !
En lisant avec un certain bonheur le déroulé de ces liturgies anciennes, on retrouve aujourd’hui encore des formules usitées d’antan come celle d’Ambroise de Milan telle “Introibo ad altare Dei"  j’irai vers l’autel de Dieu, le Dieu qui réjouit ma jeunesse, extrait du psaume 42 verset 4, sublime utilisé jusqu’en 1970 et remplacé 
depuis !

La finesse historique contenue dans la liturgie conduit dès lors aux temps mémoriaux anciens, au moins jusqu’au IV ème siècle, rapportent les spécialistes en liturgie de l’église.
Dès cette époque les différences de ton et d’interprétation se font jour.
Augustin semble sensible au parallélisme entre la communion eucharistique et le mystère de l’église, Corps du Christ.
Il interpelle les nouveaux baptisés de la sorte : “tu entends corps du Christ et tu réponds, amen, car c’est vous qui êtes le corps du Christ et ses membres, c’est votre mystère à vous qui est posé sur l’autel, alors lorsque tu reçois l’eucharistie, sois vraiment membre du Corps du Christ, pour que ton amen soit vrai” !
Il faut avouer que la formulation peut surprendre aujourd’hui mais venant d’Augustin d’Hippone lui même dans sa simplicité, fait écho à la qualité de la foi chrétienne que résume AMEN, bien au delà d’une formule de convenance liturgique.

A ceux qui pourraient pourtant dilapider leur énergie spirituelle en querelles rituelles et formelles connexes, la qualité de ces mystagogies étonne encore ou se réconcilie à nouveau avec de nouveaux venus à la foi, qui aspirent pour eux atteindre cet état de simplicité et de vérité spirituelle de leur vie, après moulte aventures passées et plus controversées !

Cyrille de Jérusalem commente ainsi le déroulé de cette mystagogie :
Par trois fois vous avez été immergés dans l’eau et donc des trois vous avez été re-émergé pour symboliser les trois jours de la sépulture du christ cest à dire imitant par ce rite notre sauveur qui passa trois jours et trois nuits au sein de la terre. Mt 12, 40 c’est ainsi que vous en sortant de l’eau pour la première fois, vous avez célébré le souvenir du premier jour du christ dans la terre ; comme par la première immersion vous avez représenté la première nuit passée en sépulcre.
Celui qui est dans la nuit ne voit plus rien tandis que celui qui dans le jour vit dans la lumière, ainsi pour nous.
C’est ainsi qu’en étant plongés dans la nuit, vous ne voyiez plus rien, mais en sortant de l’eau vous vous êtes trouvés en plein jour;
Mystère de la mort et de la naissance, cette eau de salut a été pour vous à la fois sépulture et votre mère.
Le temps de mourir qui coïncide avec le temps de naître, un seul et même moment a réalisé pour  vous les deux évènements”  !

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