A quelques centaines de mètres du cœur de Cambo, la chapelle d’Artzaindeia (qui signifie en basque « l’appel du berger ») avait accueilli dimanche dernier une célébration dominicale destinée aux paroissiens orthodoxes habituels venus de l’église russe de Biarritz. Surnommée habituellement la chapelle aux icônes, cet édifice religieux a été généreusement prêté aux orthodoxes par le Centre Arditeya qui le gère - voyez notre article en rubrique « Actualité » :
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A l’origine, afin d’avoir un lieu de culte à proximité du centre médico-psychologique pour les prêtres, l’abbé Courtelarre qui dirigeait le centre, avait eu l’idée de leur faire construire en 1960 une chapelle sur le domaine d’Artzaindeia.
D’une longueur de 10 m, l’édifice religieux à la façade blanchie à la chaux fut ainsi édifié dans le style local labourdin. A l’arrière de l’autel, le père de Sooz réalisa les vitraux. A sa suite, le maître verrier Gérald Franzetti créa des dalles de verre aux motifs abstraits. La chapelle fut inaugurée en 1964.
Entre temps, le centre médical avait changé de nom et de fonction pour devenir le « Centre Arditeya », appellation actuelle de l’association qui accueille des prêtres retraités.
Préoccupé par le décor intérieur de la chapelle qu’il souhait achever, l’abbé Courtelarre effectua un voyage en Terre Sainte afin de se ressourcer. Subjugué par la beauté des fresques murales des monastères orthodoxes, il rapporta de nombreux clichés d’icônes.
Il s’adressa à l’artiste-peintre figuratif Albert Proux. Connu localement, ce dernier avait déjà réalisé plusieurs fresques murales dont celles des « Joueurs de pelote » au Trinquet Laduche d’ Ascain, un pilotari de plus de 5 mètres de haut peint sur une façade du trinquet sur la route d’Ohlette)...
Bien qu’il n’ait jamais réalisé ce type de travail iconographique si particulier, l’ancien fonctionnaire de police reconverti en artiste affilié à la maison des artistes accepta le défi. Il se documenta en consultant les fresques des églises orthodoxes russes. A l’aide d’un épiscope, Albert Proux les retranscrit avec dextérité sur les façades intérieures de la chapelle.
Baignées dans une lumière jaune « tempera », ses icônes aux inscriptions basques évoquent symboliquement les scènes de la vie biblique : le baptême du Christ, la Dormition entourés des apôtres et des anges . On peut remarquer qu'à la demande de l'abbé Courtelarre, Albert Proux a peint l'icône du grand saint basque Michel Garicoïts. Commencées en février 1984, les travaux s’achèveront pour l’Assomption de l’année suivante permettant d’inaugurer la chapelle une vingtaine d’année après sa création.
L’année dernière, l’adjoint à la culture de Cambo nouvellement élu Robert Poulou avait projeté d’organiser une visite de la chapelle aux icônes suivie d’une conférence sur l’œuvre d’Albert Proux. Arrêté dans ses projets par les problèmes des horaires de confinement, Robert Poulou avait décidé de reporter son programme.
En attendant, le père Nicolas reviendra célébrer des liturgies dans le bel écrin de la chapelle aux icônes.