A l’occasion du dernier numéro (194) du Bulletin du Musée Basque paru récemment, la présidente de la Société des Amis du Musée Basque Marixu Etchandy a rendu hommage à Olivier Ribeton, en lui remettant un makila avec la devise inspirée par Marguerite Yourcenar au sujet de l’Empreur Hadrien : « L’amateur de beauté finit par la retrouver partout… ». Marixu Etchandy a rappelé le rôle essentiel de l’ancien conservateur du Musée Basque qui avait tant œuvré par ses nombreuses conférences ainsi que par ses publications sur l’histoire et la culture locale pendant 30 ans dans le Bulletin de la SAMB.
Rappelant les liens qui rattachent le musée Basque et d’Histoire de Bayonne aujourd’hui dirigé par Sabine Cazenave.à la Société des Amis du Musée Basque, l’attaché de conservation du musée et co-commissaire de l’exposition « La Poterie de Ciboure » Jacques Battesti, publie un article sur cette aventure artistique dans le Bullerin n°194.
Ainsi, plusieurs périodes déterminèrent l’épopée ziburutar (cibourienne) :
- 1919-1922 : les créateurs, le peintre Louis Floutier et le tourneur Edgard Lukat qui fondèrent la poterie à Ciboure. Les poteries de grès cuites au grand feu étaient inspirées de l’art antique de l’Egypte et de ses périodes préliminaires archaïques ainsi que de la céramique grecque. Ces imitations surgissent de l’anticomanie qui avait cours au début au milieu du XVIII à partir des fouilles de Pompéi (1748) et des ruines d’Herculanum (1738).
Edgar Lukat, maître dans l’art du tournage, inspira les formes de vases antiques (canthare, stamnos…). Louis Floutier avec Lukat signeront de leurs initiales à main levée leurs œuvres à décors néogrecs. En lettres manuscrites, les premières poteries portant la mention « Ciboure » ou « Ciboure LVK » ou composées de lettres entremêlées à la ressemblance d’une "patte d’ours"marquent le début de la poterie de Ciboure.
- A partir de 1920 et jusqu‘en 1921, l’ancien ébéniste Etienne Vilotte rejoignit les deux potiers. Il excellera dans la mise au point des fours. Un tampon entrelacé au dos des céramiques portera la signature « FVL », s’ajoutant à celle du dessinateur Pierre Almès.
De la fin des années 20 au début des années 30, l’Art Antique disparaît pour laisser place à des scènes basques de la vie paysanne : danseurs de fandango, joueurs de pelote, entourés de frise antiques. Deux colorants, le noir devenant brillant à la chaleur du four et le rouge se métamorphosant en marron à la cuisson, permettent de dessiner une multitude de détails des scènes de la vie traditionnelle basque entrecoupées de frises géométriques antiques.
- A partir de 1922 à 1945 : l’année 1922, la marque de l’entreprise « céramique d’art de la poterie de Ciboure » est officiellement déposée.
- 1945-1977 : Rodolphe et Suzanne Fischer rachetèrent l’entreprise et continuèrent à employer la marque V.E. jusqu’en 1951 qui sera remplacée par celle de «R » (Rudolphe Fischer).
- 1977-1995 : Sous le nom de la nouvelle marque « M.F.C », Max Fischer et son épouse Carmen après de solides études de céramiste à Vierzon, dirigèrent la poterie de Ciboure. À l’âge de la retraite, Max cesse toute activité commerciale, le 31 décembre 1995.
Après l’épopée ziburutar/cibourienne, une publication de l’historienne d’Art Marie Fournier sur le thème des tableaux qui devaient orner le choeur de la Cathédrale de Bayonne au XVIIIème siècle, vient enrichir la diversité des sujets ce bulletin.
Aussi, à la suite de la rénovation liturgique entreprise par Mgr Guillaume d’Arche, évêque de Bayonne, sont commandés en 1767, une série de tableaux à des peintres de l’Académie royale.
Mgr Guillaume d’Arche bénéficiera de l’aide du très renommé peintre Joseph Vernet et de son carnet d’adresses. Il faut rappeler que Vernet très compétent pour sélectionner les futurs artistes, fut l'auteur des 24 vues des ports français dont celle de Bayonne commandées (1753-1765) par Louis XV. Il fut donc compétent pour Ces œuvres de grandes dimensions sur le thème de la Vierge avaient une vocation pédagogique afin d’inculquer la foi catholique aux fidèles.
Jean-Philippe Caresme (1734-1796), Jean Bardin (1732-1809), Nicolas-Bernard Lépicié (1735-1784) et Nicolas-Guy Brenet (1728-1792), auteur de la « La fuite en Egypte » (1769) qui se distingue par la vigueur de son mouvement : elle orne aujourd’hui la chapelle paroissiale.
Malheureusement, plusieurs tableaux dont "l'Annonciation", « la naissance de la Vierge »par Caresme et « La Visitation » par Lépicié, ont disparu. « Ont-t-ils été vendus, offerts ou détruits », regrette Marie Fournier ? Conviendrait-t-il de procéder à une recherche, ces toiles de grandes dimensions ne peuvent pas passer inaperçues !
Dans un tout autre registre, également disparue du patrimoine, la cloche historique d’Ainhoa (1527) remplacée par deux autres sont décrites par l’historien Thibault de Rouvray. Bien qu’ouvert sur la modernité, le Pays Basque reste un haut-lieu de tradition, à l’image de sa langue et du bersolarisme commenté par la sociologue Miren Artetxe Sarasola.
Bulletin du Musée Basque n°194 – 13€ - Tél 05 59 25 45 84 – www.samb-baiona-net