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Actualité de la Semaine
Biarritz : les anciens maires honorés, entre le buste de Pierre Forsans et l'avenue Bernard Marie
Biarritz : les anciens maires honorés, entre le buste de Pierre Forsans et l'avenue Bernard Marie

| Manex Barace et Alexandre de La Cerda 1251 mots

Biarritz : les anciens maires honorés, entre le buste de Pierre Forsans et l'avenue Bernard Marie

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Pierre Forsans et son successeur Joseph Petit ©
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Maider Arostéguy inaugure avec Max Brisson ©
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Depuis 80 ans, en l’absence d’une statue le représentant, un piédestal orphelin indiquait le nom de Pierre Forsans, conseiller général et sénateur-maire de Biarritz de 1904 à 1919. Réparation historique effectuée le mardi 30 août 2022 avec l’inauguration du buste de l’ancien premier magistrat biarrot qui a retrouvé sa place au jardin public.
Chacun à sa façon, Maider Arosteguy, maire de Biarritz, et Max Brisson, sénateur des P.-A. ont souligné les apports à la ville de ce maire bâtisseur, confirmés par quelques mots prononcés par le doyen (âgé de 90 ans) des descendants de Pierre Forsans, remerciant les Commensaux de Biarritz pour le financement du buste qui a désormais retrouvé sa place.

Le buste original en bronze de Pierre Forsans avait été enlevé de son piédestal en 1942 par l’occupant allemand afin d’être fondu (pour être peut-être transformé en armes ?). Les descendants de l’ancien édile de la Ville ont ainsi fait don de ce nouveau buste à la Ville de Biarritz afin qu’il soit remis en place sur le piédestal toujours présent au square Pierre Forsans, dit Jardin public, en face de la Gare du Midi.
Le nouveau buste trône désormais sur le piédestal d’origine marqué par des éclats d’obus du bombardement de Biarritz en 1944.

L’occasion de revenir sur la trajectoire de l’ancien maire biarrot.
Né en 1853 à Bonnut en Béarn, Pierre Forsans était décédé à Biarritz le 16 novembre 1919. Ingénieur et scientifique il fut directeur des chemins de fer à Biarritz, maire de Biarritz (son mentor fut Alcide Augey, son prédécesseur maire de la cité balnéaire), conseiller général et sénateur des Basses-Pyrénées de 1909 à son décès en 1919, inscrit au groupe de l’Union républicaine.

Très rigoureux gestionnaire au cœur de son action élective, développant la ville pour le bien être de ses concitoyens, investissant dans les écoles, créant sur des anciens terrains Jaulerry le jardin public - un « jardin à la Parisienne » afin que les touristes se sentent comme chez eux, par opposition aux jardins à la Française ou à l’Anglaise jugés trop académiques – et la Gare du Midi voisine pour relier le cœur de ville à la Gare de Biarritz-La Négresse très excentrée (mais cela avait été la volonté de l’impératrice Eugénie). Il est également l’instigateur de l’achat des 7 hectares des terrains du plateau d’Aguiléra et le rassembleur des deux clubs de rugby biarrots en 1913 (date officielle de la création du Biarritz Olympique).

Quand Pierre Forsans préparait sa succession à la mairie

C’est lors des obsèques de son père que Joseph Petit, futur successeur de Pierre Forsans à la tête de la mairie de Biarritz. Il avait fait un discours et fut remarqué par le futur Maire qui lui proposa de faire partie de la liste qu’il préparait et qui sera élue le 15 mai 1904.

Pierre Forsans et Joseph Petit ? Ces deux ingénieurs ont œuvré ensemble pour donner à Biarritz qui était encore un village, tous les éléments d’une ville moyenne ; cependant, Joseph Petit n’était pas toujours d’accord avec son maire et en 1911 ils se séparèrent mais, réélu au cours d'une élection partielle il continua, avec l’accord tacite du Maire, à s’occuper des services techniques.

Pierre Forsans fut un maire très apprécié par la population biarrote : en plus des acquis précédents, il avait encore mené à bien l’extension de l’éclairage au gaz, installé l’Hôtel des Postes rue des Halles ainsi que le Bureau de Bienfaisance, et l’aménagement du boulevard de la Plage ; et c’est au cours de la Grande Guerre que la municipalité Forsans devait donner sa pleine mesure : secours aux blessés et aux familles, aux prisonniers, accueil des réfugiés, remise en route de l’activité après l’Armistice.
Peu de temps auparavant, alors que les raids d'avions allemands bombardaient encore Paris, ils touchèrent le 27 juin 1918 l'angle de la rue de Castiglione et de la place Vendôme, non loin de la Salle Favart qui abritait l’Opéra Comique dont le directeur, Pierre Barthélémy Gheusi, très lié à la côte basque où il possédait une villa, décida de délocaliser à Biarritz les meilleurs artistes de sa troupe en répondant à l’appel de son ami Pierre Forsans, sénateur-maire de la villégiature impériale, pour assurer la « saison lyrique » de son théâtre du Casino municipal. L’enthousiasme du public et de la presse locale, les encouragements de la mairie qui vota des subventions pour cette « aventure musicale » ainsi que la fermeture du théâtre de Bordeaux et l’incendie de celui de Toulouse vinrent en appui de sa décision.
Et c’est d’ailleurs au cours de cette saison lyrique 1918 qu’une délégation de la troupe de l’Opéra Comique délocalisée à Biarritz vint rendre visite à Edmond Rostand qui résidait alors dans sa belle demeure d’Arnaga…

Le 6 juin 1919, Pierre Forsans lut devant son conseil municipal le rapport « Biarritz pendant la guerre », dans lequel il souligna l’action bénéfique de ceux des Russes qui, résidant en France pendant la guerre, ne combattaient pas sur le Front :

« Au Grand-Hôtel de Biarritz, le Docteur Jacques de Poliakoff fondait de ses propres deniers un hôpital qui devait devenir par la suite le centre d’un secteur chirurgical de quatre formations pouvant recevoir et traiter 700 blessés. Aidé par le Docteur Bandaline, son collaborateur immédiat, nommé co-directeur de l’Hôpital par le Ministre de la Guerre, le Docteur de Poliakoff a installé là une service médical et chirurgical de premier ordre comportant toutes les conquêtes de la science moderne. En une seule année 600 opérations y ont été pratiquées sans qu’un seul cas d’infection post-opératoire s'y soit révélé. C’est en ces termes que, parlant de l’aide apportée à la France par nos alliés, quelqu’un bien placé pour en connaître, appréciait naguère dans une grande publication les services rendus par l’Hôpital du Grand-Hôtel.
Nous devons ajouter que le Docteur de Poliakoff, qui depuis longtemps a conquis droit de cité parmi nous, n’a pas borné son effort à la création de cet hôpital. Il en a depuis le début constamment assuré la Direction, avec son ami et collaborateur le Docteur Bandaline ne cessant d'apporter chaque jour ses soins personnels aux blessés, les entourant de prévenances et d’attention : collations, distractions variées, séances musicales auxquelles participaient des artistes en renom, etc... Et quand les heures pénibles sont venues contenant sa douleur et maîtrisant ses préoccupations, il a continué, avec la même sérénité, la même bonne grâce, la noble mission à laquelle il s’était donné. 
Le Gouvernement de la France a, il y a quelque temps, promu le Docteur de Poliakoff à la dignité d'Officier de la Légion d'Honneur et a décerné la Croix de Chevalier au Docteur Bandaline. Témoin de leur dévouement et des services qu’ils ont rendus, la population entière a applaudi à ces distinctions méritées »

Tombé malade, sur son lit de mort, Pierre Forsans convoqua ses adjoints et conseillers pour leur dire : « je ne veux pas que vous vous battiez pour être maire de Biarritz, un seul d’entre vous a la carrure pour le devenir et je veux que vous votiez pour lui, c’est Joseph Petit ». Certains lui répliquèrent, alors, qu’il était dans l’opposition, mais il obtint leur accord. Et c’est ainsi que Joseph Petit devint maire de Biarritz en 1919.

Et lundi 5 septembre prochain à 11h, c'est la portion comprise du rond-point du Musée Asiatica jusqu'aux studios de danse Kléber du boulevard d’Augusta (ville des USA jumelée avec Biarritz) qui sera désormais dénommée avenue Bernard Marie. L'inauguration se fera en présence de la fille de l'ancien sénateur-maire, Michèle Alliot-Marie, ancien ministre d’Etat, et de sa famille. Nous y reviendrons dans notre prochaine "Lettre"...

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