À l'occasion de son 150ème anniversaire, la Société des Sciences, Lettres et Arts de Bayonne vient d'organiser un colloque transfrontalier les 22 et 23 novembre derniers à la Maison des associations. L'ouverture a fourni l'occasion de revenir sur l'histoire de la fondation et les perspectives de cette remarquable institution qui, sur la base de recherches érudites, a édité de nombreux ouvrages faisant référence.
En guise d'ouverture du colloque, l'adjoint à la culture bayonnais et président du Musée Basque a d'abord souligné l'importance de travailler sur le passé afin de transmettre cette passion à des jeunes générations qu'il convient de responsabiliser pour l'avenir de la cité, tout en évitant de réécrire cette histoire en fonction des idéologies de l'heure : "on compte beaucoup sur vous pour l'avenir de notre cité" a-t-il lancé aux participants et aux membres de la SSLA présents.
La présentation et les grandes orientations de ce colloque ont été évoquées par sa présidente, l'universitaire Josette Pontet, qui a rappelé la célébration du centenaire de la SSLA qui s'était déroulée en 1873 "de manière très protocolaire", débutée par une messe à la cathédrale avec les chanoines qui en étaient membres, le sous-préfet, le maire, et un banquet à l'hôtel des Basses-Pyrénées !
Or, remarqua encore Josette Pontet, nos sociétés savantes sont-elles désormais menacées par la "numérisation" et un certain individualisme dans la société ?
Et de souligner à ce propos l'importance aujourd'hui du transfrontalier, d'où l'invitation de sociétés savantes d'Outre-Pyrénées contactées grâce à sa collègue l'universitaire Bernadette Dufourcet-Hakim : le comte de Peñaflorida, fondateur de la célèbre "Real Sociedad Bascongada de los Amigos del País" ne s'était-il pas rendu à Bordeaux / voyez à ce propos mon article :
https://www.baskulture.com/article/le-comte-de-peaflorida-un-basque-des-lumires-par-marie-bernadette-dufourcet-5697
et le célèbre Miranda à Bayonne ? (ndlr. : qui avait également évoqué dans ses relations de voyage, mon ancêtre Jacques de La Cerda)
Le colloque évoquera encore les créations d'orgues de Cavaillé-Coll "tras la muga" et un ingénieur du roi ne qualifiait-il pas Pasajes de "meilleur port de la région" (ndlr. : d'où Lafayette s'était embarqué pour l'Amérique en 1777) ?
Le colloque témoignera ainsi de ces échanges, d'abord concernant les Sociétés savantes, puis les personnalités, une manière d'amorcer et de développer des échanges transfrontaliers avec les sociétés et celles du grand Sud-Ouest.
Pour sa part, Olivier Ribeton traça un passionnant historique de la SSLA, dont les germes étaient déjà apparus avec Antoine d'Abbadie et le premier congrès de la Tradition basque en 1897, puis le peintre Eugène Pascau, conservateur du Musée Bonnat, qui avait déjà émis l'idée d'un "Musée Basque" dont l'idée sera reprise après la guerre de 14 : en 1922, la maison Dagourette sera choisie pour l'abriter, des commissions seront créées (Zuloaga sera le président d'honneur de celle d'Art & décoration, et le collectionneur Antonin Personnaz, futur exécuteur testamentaire de Léon Bonnat, son président "effectif"...). L'ouverture provisoire du Musée Basque en 1924 sera suivie de son inauguration en 1934 par le ministre des Affaires étrangères Louis Barthou en présence de l'ambassadeur d'Espagne. Il sera géré pendant des décennies par la SSLA avant d'en transmettre la charge à la Ville de Bayonne.
Très intéressant exposé également d'Etienne Rousseau-Plotto, historien et titulaire des orgues de Saint-André, qui s'attacha à évoquer les nombreux amis ou élèves de Bonnat qui eurent quelque rôle au sein de la SSLA, en particulier Arnaud Détroyat, Marie Garay et son frère, religieux, Achille Zo, jusqu'à une passionnante lettre datée de 1850 et qui envisageait déjà la création de la SSLA !
S'y ajoutèrent d'autres interventions, celles de l'ancien bâtonnier Jean-Paul Dartiguelongue qui présida cette première session, et d'Isabelle Blin, ancienne directrice de la Médiathèque de Bayonne qui, au chapitre de la modernisation de la SSLA, expliqua la numérisation des bulletins en partenariat avec la Bibliothèque nationale de France, permettant une mise en ligne sur le site "Gallica" (puis sur celui de la Société) des articles publiés jusqu'en 1999, afin d'assurer une présence sur Internet, intéresser de nouveaux publics et favoriser des recherches historiques, etc.
Sans oublier l'étude menée par l'ancien professeur Michel Faur à propos des statistiques concernant les sujets abordés dans les articles publiés par la SSLA, une majorité concernant Bayonne (35%), puis le Pays Basque (25%).
Les participants purent encore échanger autour d'un verre amical qui précéda la reprise des conférences l'après-midi...
