Récemment s'était déroulée une conférence de Ricardo Saez sur l'évêque de Bayonne, Mgr Vansteenberghe, qui avait été nommé en juillet 1939 et mourut en 1943 ; il avait dénoncé la politique des occupants allemands dans le Bulletin diocésain et le STO pendant une homélie.
On trouve un curieux épisode de cette période dramatique dans les mémoires inédites du maire de l'époque, Marcel Ribeton :
"En 1942 je crois, monseigneur Vansteenberghe, notre évêque, sans doute pour faire pièce aux Boches qu’il n’aimait pas – me demanda d’autoriser la sortie de la procession de la Fête-Dieu à travers les rues de Bayonne.
J’écrivis au Feld commandant que la procession traditionnelle sortirait le dimanche suivant. Réponse : aucun inconvénient à condition qu’elle respecte les sens interdits. Vérification faite avec monsieur Laborde, ingénieur de la ville, la procession violait tous les sens.
Morale de l’histoire : je pris le samedi soir un arrêté changeant les sens pour la journée du lendemain. Les poteaux furent déplacés dans la nuit. La procession sortit [de la cathédrale] et rentra sans aucun inconvénient.
Monseigneur prit, paraît-il, une crise de fou rire lorsqu’il apprit mon procédé.
Je dois dire que depuis lors il me manifesta la plus grande amitié et la plus vive confiance."
Marcel Ribeton, maire de Bayonne sous l'Occupation
Croix de guerre 1914-1918 et 1939-1940, l’avoué Marcel Ribeton (Bayonne, 1893 – Périgueux, 1967) fut conseiller municipal et adjoint au maire sous la Troisième République.
Nommé maire en juin 1941, il administra Bayonne jusqu’en août 1944 pendant une période très difficile.
Marcel Ribeton aida autant que possible ses compatriotes israélites et encouragea des faits de résistance à l’occupant (par exemple la protection d’un dépôt d’armes caché au stade municipal).
Si certains membres du Comité local de Libération cherchèrent à lui nuire en 1944, son action bénéfique au profit des Juifs et de la Résistance lui valut les félicitations du Comité national de Libération.
Il était apprécié de l’évêque de Bayonne comme le montre l'anecdote citée plus haut.