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Tradition
Bayonne : nouvelles ordinations en la cathédrale !
Bayonne : nouvelles ordinations en la cathédrale !

| François-Xavier Esponde 1310 mots

Bayonne : nouvelles ordinations en la cathédrale !

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Ordinations des nouveaux prêtres ©
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Cathédrale comble pour les ordinations ©
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C’est dans une cathédrale comble et avec la participation de plusieurs dizaines de prêtres et séminaristes que Mgr Marc Aillet avait ordonné samedi dernier quatre nouveaux prêtres : l'abbé Manuel Borrero nommé prêtre coopérateur de la paroisse Bienheureux Louis Edouard Cestac d'Anglet qui a dit sa première messe le lendemain dimanche en l'église St Joseph d'Anglet, tout comme Fabien Damay en l'église Saint-Pierre d'Orthez – il a été nommé prêtre coopérateur des paroisses Saint-Pierre de Moncade-Orthez et Saint-Jean-Baptiste des Rivières-Castétis - et l'abbé 
Louis le Grelle en l'église Saint-Jean-Baptiste de Saint-Jean-de-Luz – nommé, lui, prêtre coopérateur de la paroisse Saint-Jean-Baptiste de l'Uhabia-Arcangues ; également l'abbé Jean-Baptiste Bui, nommé prêtre coopérateur de la paroisse St Pierre de Nive-Adour qui a dit sa première messe en l'église Saint-Pierre de Saint-Pierre-d'Irube. Voici l’éclairage de l’abbé Esponde à propos de ces ordinations :

Dans son mot d’accueil imprimé par les Editions Bayard - Prions en Eglise -, l’évêque du diocèse, Mgr Aillet, précisait que “les quatre nouveaux prêtres étaient ordonnés pour sanctifier le peuple chrétien”.
Manuel Barrero, Fabien Damay et Louis le Grelle sont devenus prêtres pour le diocèse de Bayonne, et Jean Baptiste Bui pour le diocèse d’Hai Phong au Vietnam.
Une vieille tradition du séminaire de Bayonne où des étudiants antillais, réunionnais, africains firent jadis leurs études théologiques avenue Darrigrand dans l’ancien séminaire devenu le Conservatoire des Arts de la ville.
La cérémonie se déroula dans une cathédrale remplie au milieu des familles venues d’Asie, de régions françaises diverses, dans le paysage culturel des origines de chaque futur prêtre.
On usa de l’espagnol, du vietnamien, du français, du latin liturgique, du basque et du gascon pendant cette messe d’ordination.

Au lendemain de la fête du Sacré Coeur et de ce jour de la mémoire du Coeur Immaculé de Marie, le peuple de Dieu venu de tout le diocèse et bien au-delà se réjouit de ce temps des récoltes du séminaire après un délai de formation indispensable pour tout candidat au sacerdoce.
La première lecture évoquait du Livre des Lamentations, “le coeur du peuple criant vers son Seigneur sur la muraille de la fille de Sion”.
Le psaume qui suivait - 73 -  fut interprété selon la liturgie sud-américaine du néo-catéchuménat, en espagnol et en français.
Et l’évangile s’inspirait de la réalité même de l’église aujourd’hui, “beaucoup viendront de l’orient et de l’occident, et prendront place avec Abraham, Isaac et Jacob”.
Telle la prophétie réalisée de plus en plus dans l’Eglise universelle aujourd’hui par le brassage des origines, des horizons et des traditions mélangées au fait du moment.

Présidant la célébration, l'évêque de Bayonne, Mgr Aillet, en présence de son prédécesseur l'évêque émérite du diocèse Mgr Molères, proclamait : “par le don du Saint Esprit et l’imposition des mains, vous serez configurés au Christ, tête et pasteur de l’Eglise, munis du pouvoir sacré d’enseigner avec l’autorité du Christ, de célébrer les sacrements - in persona Christi - et de conduire le troupeau avec la charité pastorale de Jésus.”
Mais vous n’êtes pas le Christ, si l’humanité de Jésus est l’instrument conjoint de sa divinité, l’humanité du prêtre demeure celle d’un homme pécheur, instrument séparé ordonné pour sanctifier le peuple chrétien”..!

Venait alors le temps de la consécration des candidats au sacerdoce et l’invocation somptueuse du Veni Creator donnant toute la densité et la profondeur du mystère sacerdotal au peuple choisi et des postulants à son service.
Le moment était intense : debout, à genou, couché et à même le sol, le regard tourné vers l’Orient, le monde se figeait dans la prière.

Le mystère de l’Esprit souverain amplifiait l’assemblée, on se fixait vers un au-delà, un monde à venir, invisible, inconnu, de foi et de confiance. Viens, Esprit Créateur, dirent le choeur des invitants et une voix de soliste somptueuse !
La litanie des saints donnait le ton, la dimension et le caractère à la prière du peuple chrétien, son invite et son adhésion.

De la terre et du ciel, et pour certains de la famille humaine de Dieu unie ce jour des quatre latitudes du monde, était invoquée la grâce et la protection divine pour ces prêtres nouveaux engagés dans une mission universelle.

Suivaient les rites coutumiers de toute ordination , l’imposition des mains de tout le clergé présent qui participe au temps de l’ordination des quatre postulants, l’évêque lit la prière de consécration. Elle donne sens et gravité à l’acte sacramentel de l’instant, la remise de l’étole du service, de la chasuble de la fonction, l’onction des mains d’huile des consacrés, enfin le baiser de paix et de jubilation suivront.

L’offertoire renouera avec la présence asiatique de l’assemblée accompagnant le prêtre vietnamien : dans sa langue, on chantera "Tua tram huong ngat bay ve ton nhan chua”... Comme l’encens s’élève devant toi, je t’offre, je t’offre Seigneur cette offrande qui est ma vie toute donnée, accompagnée de sublimes louanges. Je te loue, je te loue, Seigneur pour ton amour traversant les générations.
On ne peut pas ne pas penser au Père Jean Baptiste Etcharren disparu il y a peu, basque et vietnamien dans l’âme et le coeur d’une vie donnée à “ses frères, disait-il, je suis vietnamien avec eux”... Ni à ces plus de 120 prêtres missionnaires des MEP de Paris, issus du diocèse de Bayonne-Lescar-Oloron qui d’au-delà de ce monde voient ces jeunes gens originaires d’Asie, accéder au sacerdoce dans la cathédrale-mère de Bayonne..
Pour ces asiatiques l’histoire de leur exode vers l’Europe n’est point oublié. Certains avaient choisi, contraints, l’exil, et pris le risque de leur vie et de la foi les menant sur ces terres européennes du salut et de l’espoir.

Le culte liturgique se poursuivit en basque pour le Notre Père, et une mélodie de l’Emmanuel comme chant de communion.
La diversité plurielle de l’assistance qui emplissait la cathédrale comprenait des mouvements de spiritualité, des chorales paroissiales habituées du lieu, pour des interprétations plus innovantes comme celles venant de ce sud continent amérindien,

“Un signe grandiose apparut au ciel, une femme une femme habillée de soleil, la lune sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête, elle est enceinte et elle crie dans les douleurs et le travail de l’enfantement.” L’apocalypse et l’apothéose d’un accomplissement, envoutant et enflammé par le rythme sud américain de l’interprétation à la guitare est une nouveauté liturgique en cette cathédrale. Elle enrichit désormais son répertoire classique d’une tradition innovante.

Nous sommes à Bayonne mais l’horizon culturel de nos jeunes recrues permet de mieux saisir la flamme de notre Souverain Pontife habitué à ce langage liturgique argentin du continent latino-américain venu de telles traditions.

Et il serait injuste de ne pas mentionner au fil de ce déroulé liturgique final l’évocation mariale contenue dans le cantique commun aux Basques et aux Gascons : Jainkoaren ama – Boune may dou boun diu, sente bierye marie qu’eb boulem ayma, toustem, toustem.

Un final d’orgue et de trompettes, une procession portée par les Chevaliers et les Dames du Saint Sépulcre, la noria des enfants de choeur, des prêtres et des assistants liturgiques.

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"Photo de famille" des célébrants dans le cloître ©
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Un moment intense de la vie ecclésiale en la vieille cathédrale mère de Bayonne qui lors de ces cérémonies exceptionnelles revit les temps mémorable de sa mission première : célébrer l’Eternel, le rendre présent au milieu d’une assemblée priante, et donner vie à ces vieilles pierres bâties au long des siècles par la foi et l’amour de l’Eglise, au-delà de la précarité de tous les instants de chacun.
Orgues et trompettes, chants chorals, et mélodies vernaculaires, interludes musicaux, la liturgie de cette ordination emplit de bonheur les participants de ce moment exceptionnel.

Rares et somptueux ces temps mémoriels comptent !
Entre ciel et terre, du levant au couchant du soleil, du nord et du sud du continent, les peuples du monde réunis selon des nationalités bien différentes célébraient le même Créateur pour la même mission et pour le bien de la même église à Bayonne !

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