Vers une épuration culturelle que signerait un totalitarisme de la pensée unique en prélude au « Meilleur des Mondes » d'Aldous Huxley ?
L'université catholique de Notre-Dame (Indiana) a décidé de masquer douze fresques réalisées entre 1882 et 1884 par l'artiste italien Luigi Gregori et représentant des scènes de la vie de l'explorateur Christophe Colomb, jugées «aveugles», voire «humiliantes» envers les autochtones. Christophe Colomb va-t-il devenir un personnage « infréquentable » de l'Histoire américaine à la suite des généraux sudistes ? Lui imputant des crimes envers les Amérindiens, des organisations de lobbing des minorités voudraient voir disparaître les monuments à la gloire de l'explorateur.
« En même temps », une statue de Christophe Colomb a été décapitée à Boston, une autre vandalisée à Miami et une troisième jetée dans un lac en Virginie, dans la foulée du mouvement antiraciste relancé aux États-Unis par la mort de George Floyd.
A New-York, les manifestants défilant en mémoire de George Floyd samedi sur la Cinquième Avenue ont profané la cathédrale Saint-Patrick en peignant à la bombe, en rouge et noir, des graffitis chargés de haine sur les murs et les escaliers de l’édifice.
A Louisville dans l'État du Kentucky, ces mêmes émeutiers ont vandalisé et mutilé la statue de Louis XVI sculptée de 1825 à 1829 par Achille Valois, élève de Jacques-Louis David, et offerte par Montpellier en mémoire des liens entre la France et la ville (qui tire son nom du souverain français) où s’étaient établis de très nombreux migrants, huguenots puis rescapés de la révolution française.
Au Parliament Square de Londres, c'est une statue de Churchill qui a été vandalisée dimanche par des manifestants. Déjà il y a trois ans au Royaume-Uni, un article du « Guardian » (sous l’influence des lobbies « colorés ») préconisait d’ôter la colonne Nelson, suspect lui aussi de « colonialisme », et de débaptiser tous les endroits portant le nom du célèbre amiral, vainqueur de Napoléon. En France, il est question d’enlever la statue de Colbert devant l’Assemblée Nationale. Mais bien entendu, ces mêmes « épurateurs » ne comptent pas s’émouvoir devant les innombrables victimes de Robespierre et de quelques autres révolutionnaires dont les noms sont portés par de nombreuses rues en France, ni devant les populations sacrifiées par dizaines de millions au nom de la Terreur rouge instaurée par Lénine (une rue porte encore son nom à Tarnos !)...
De part et d’autre de l’Atlantique, des manifestations qui n’ont rien de spontané
En réalité, derrière ces manifestations, ces meutes vociférantes et décérébrées qui s’entrechoquent, s’écharpent et s’acharnent sur tous les sujets, on retrouve une alliance des plus morbides : les réseaux Soros, les GAFA, les grandes multinationales de ce monde (Amazon, Apple, Netflix...) et leurs alliés, idiots utiles de l'extrême gauche notamment. Ils ont déclaré la guerre à notre Civilisation dont ils veulent accélérer la chute.
Pour comprendre la genèse des événements, il convient de remonter au mois de juillet 2016, lorsque cinq policiers blancs avaient été tués à Dallas par un franc-tireur noir américain vétéran de la guerre en Afghanistan, un acte de vengeance pour les bavures policières dont avaient été victimes ses frères noirs.
Evénement qui fournit l’occasion à Black Lives Matter de se faire connaître du grand public en surfant sur la vague et en accentuant les tensions raciales aux Etats-Unis. Black Lives Matter (BLM, “Les vies noires comptent”), créée en 2013, compte ainsi parmi ses nombreux donateurs, George Soros (et son fils, Jonathan), milliardaire à l’origine de la création de l’Open Society Foundation : ainsi, le Washington Times rapportait le 14 janvier 2015 que « M. Soros avait donné au moins 33 millions de dollars en un an pour soutenir les groupes (d'activistes noirs, ndlr.) déjà établis qui ont enhardi la base, selon les dernières déclarations d’impôts de sa fondation à but non lucratif Open Society. Le lien financier entre M. Soros et les groupes d’activistes a donné naissance à un mouvement de protestation enflammé qui a transformé un événement criminel d’un jour dans le Missouri en une cause nationale célébrée 24 heures sur 24 ».
Avec le soutien d’organisations de défense des droits civils et le financement de M. Soros, explique le Washington Times, Black Lives Matter est passé d’un hashtag à un phénomène de media sociaux, avec une marche et une tournée en bus de #BlackLivesMatter en septembre 2014 : « Plus de 500 d’entre nous ont voyagé depuis Boston, Chicago, Columbus, Detroit, Houston, Los Angeles, Nashville, Portland, Tucson, Washington, D.C., Winston-Salem, Caroline du Nord et d’autres villes pour aider à transformer un moment local en un mouvement national ».
Par ailleurs, la Fondation Ford, l’une des fondations privées les plus puissantes du monde, étroitement liée à Wall Street, avait annoncé en 2016 l’octroi de 100 millions de dollars sur six ans à plusieurs associations du mouvement Black Lives Matter qui débordent désormais Outre-Atlantique.
Comment s'étonner dès lors qu'à Bordeaux, malgré l’interdiction de la préfecture, il y eut mercredi 3 500 manifestants selon les organisateurs, cinq jeunes de 15 ans, élèves de 3ème, qui avaient donné rendez-vous via les réseaux sociaux - en particulier sur Instagram - avec 10 000 partages dans les 48 heures, après avoir lancé leur appel #BlackLivesMatterBordeaux, il y a une semaine ?
« Autant en emporte le vent », début d’une épuration culturelle ?
En plein mouvement de protestation contre le racisme et les « violences policières », le film « Autant en emporte le vent » a été provisoirement retiré de la plateforme de streaming HBO Max. En cause, les « préjugés racistes » que véhiculerait le film culte en présentant une version romantique du Sud des Etats-Unis et une vision jugée édulcorée de l’esclavage. Le célèbre long-métrage fleuve avec Clark Gable, sorti en 1939, est en effet accusé de révisionnisme par plusieurs historiens et universitaires, qui jugent que le Sud d’avant la guerre de Sécession a été montré sous un jour plus présentable qu’il ne l’était vraiment. Au cœur du film notamment, l’idéologie de la Lost Cause (cause perdue), qui soutient que les Etats du Sud se sont battus pour leur indépendance politique, menacée par le Nord, et non pour le maintien de l’esclavage, ce qui représente une contre-vérité historique aux yeux des activistes. Pour rappel, « Autant en emporte le vent » est le film qui a rapporté le plus de recettes de l’histoire du cinéma, avec 3,44 milliards de dollars.
Or, rappelant la flamboyance des couleurs obtenue dans le film grâce au technicolor utilisée depuis peu à Hollywood, Mathilde Cesbron admirait dans « Le Point » du 12 janvier dernier « le ciel crépusculaire qui s'abat sur la plantation des O'Hara à la veille de la guerre aux nuages rougeoyants lorsqu'Atlanta est ravagée par les Yankees, sans oublier le vert envoûtant des tenues somptueuses de Scarlett et l'ocre presque pailleté de la terre de Tara si chère aux O'Hara.
Dans L'Armée des ombres, de Jean-Pierre Melville, Lino Ventura et Paul Meurisse sortent de la projection londonienne d'Autant en emporte le vent, en 1940, persuadés que la guerre serait finie le jour où les Français pourraient à nouveau lire LeCanard enchaîné et voir ce film magnifique. Autant en emporte le vent est, en effet, tout un symbole, de l'art, du rêve et de la liberté. Celle pour une fille en corset et crinoline de foncer tête baissée, de marcher sur les plates-bandes des gentlemen et de s'élever financièrement pour devenir riche. Plus vive, plus maligne et plus libre qu'un Ashley Wilkes paralysé par la perte de ses repères, elle relève une plantation, entretient toute une famille et découvre l'amour dans les bras de la tentation incarnée (Rhett, bien sûr), avant de l'envoyer balader. Scarlett est sans doute plus profonde et authentique que bon nombre d'héroïnes modernes qui manquent d'aspérité. Autant en emporte le vent, c'est aussi la liberté de jurer avec cette réplique finale, l'une des plus cultes du cinéma et sans laquelle le film n'aurait pas tant de panache : « Frankly my dear, I don't give a damn [Franchement ma chère, c'est le cadet de mes soucis] », rétorque Rhett Butler à Scarlett O'Hara, usé par les drames de leur relation frictionnelle. Il fallut que Selznick négocie âprement avec le comité de censure de l'époque pour faire accepter le mot « damn », alors jugé vulgaire.
"Autant en emporte le vent" est bien plus actuel qu'on ne le pense. C'est l'histoire éternelle du basculement d'une civilisation, de l'avènement d'un nouveau monde au détriment de l'ancien. Le film loue les valeurs traditionnelles du Sud tout en les renversant au fur et à mesure de l'histoire. Il règne une nostalgie d'un monde révolu contrebalancée par la modernité de pensée de Scarlett et de Rhett. Ces derniers portent au plus profond d'eux les marques de ce changement d'ère. Rhett Butler louvoie du côté des Yankees, joue les sans foi ni loi, profiteur du chaos, mais se révèle preux chevalier tout ce qu'il y a de plus conformiste, enrôlé volontairement dans la guerre, marié et éperdument amoureux. Scarlett brosse un portrait tout aussi ambivalent de la femme moderne, incontestablement courageuse, forte et indépendante, mais à l'ambition égoïste et destructrice. On ne se lassera jamais de regarder ce long-métrage qui marqua notre adolescence… On aimera toujours les échanges savoureux entre Rhett et Scarlett, les décors majestueux du vieux Sud (entièrement reconstitués en studio, même l'incendie d'Atlanta pour lequel furent brûlés les décors de King Kong) et la représentation d'une guerre dont les Américains ne se sont jamais vraiment remis. Près d'un siècle plus tard, rien de ce qui fait la modernité et la virtuosité de ce film aux dix oscars n'a été emporté par le vent ».
Ce totalitarisme de la pensée unique qui envahit peu à peu l'Europe, digne du « Meilleur des Mondes » d'Aldous Huxley est terriblement inquiétant et présage un sombre avenir. Étrange que ces faits interviennent après un confinement mondial, au moment où nous aurions le plus besoin d'apaisement et de sérénité.
Dans « La république des Pyrénées » d’hier, sous le titre « Au secours ! », l’éditorialiste Jean-Marcel Bouguereau soulignait que « cette dérive nous vient de l’univers anglo-saxon où le politiquement correct est devenu une vraie dictature exercée par de petits talibans de la culture, encore renforcé par le mouvement provoqué par la mort de George Floyd. Les musées anglo-saxons ne se sont-ils pas demandés s’il fallait continuer à exposer Gauguin, accusé d’avoir fréquenté de très jeunes vahinés, mais ils l’ont fait avec, là aussi, une « contextualisation ».
Or, cette mouvance est en train d’importer chez nous ces dérives. Va-t-il falloir débaptiser toutes les rues Jean Jaurès (antisémite jusqu’à l’affaire Dreyfus), les rues Jules Ferry (colonialiste), les rues Colbert (le Code noir), les rues Bugeaud, Dupleix, Montcalm, De Lattre de Tassigny (colonialisme)... et toutes les statues ou noms de bâtiments associés ? Finalement, Ray Brabdury dans « Farenheit 451 » avait raison : il vaudrait mieux brûler tous les livres, les films, les photos, les tableaux, casser les statues et maintenant effacer les disques durs. Au secours » !
Légende : Les fresques sur C. Colomb qui seront "masquées" (confinées ?) à l'université catholique de Notre-Dame (Indiana)