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Tradition
Au sapin de Noël, nostalgie et rêverie verte
Au sapin de Noël, nostalgie et rêverie verte

| François-Xavier Esponde 1357 mots

Au sapin de Noël, nostalgie et rêverie verte

(Photo de couverture : la reine Victoria d'Angleterre, le prince Albert et leurs enfants devant un sapin de Noël, décembre 1848) 

Arbre magique et de grande croyance, cet arbre immortel de toutes saisons est magnifié par la ferveur des hommes lors des célébrations de la fin de l'année et à l'orée du Nouvel-An.

Depuis le Moyen Age, en terre anglo-saxonne, il fait l'objet de cultes non chrétiens autour de "ce conifère dominant" que l'on repère en toutes les forêts de Germanie et alentour. Il y occupe une place de choix et d'excellence. C'est bien pour l'opinion publique le roi de la flore et de la vie régnant et adoré pour ses bienfaits dont celui de produire par le bois et ses essences, des forces vives des humains. 

Une tradition calviniste rapporte l'usage de branches de bois de sapins portés par les disciples de la Réforme  lors de fêtes domestiques où des éléments de l'arbre des forêts faisaient l'objet d'un culte dans un décor original de végétation et de fruits de la moisson ajoutés à l'ordinaire. Aux branches on y suspendait des guirlandes, des boules, des étoiles, des cannes de bonbons, des bougies sommaires mais aussi des objets de bois confectionnés par les artisans . Tout cela préfigurait le rôle tenu par les guildes de ces terres d'influence germanique, pour marquer de différence les traditions locales distinctes de celles des catholiques peu réceptifs à ce "végétalisme" dans leurs us religieux et conventionnels. Les scandinaves n'auront perdu de cet attachement à la forêt dans leurs cultures et leurs cultes.

Le sapin savourait de cette singularité et entretenait cette compétition des coutumes à célébrer la nature et la forêt dominante, de ces paysages parmi des croyances nationales, idéologiques parfois, et religieuses à terme pour marquer de différences les habitus des protestants et des catholiques. germaniques. 

Dès le Moyen Age, de telles pratiques existaient et au XVIème siècle, les querelles religieuses en accentueront le caractère, au point de reconnaitre le chêne des catholiques pour les uns, et le sapin réformé pour les autres, tous distincts pour ces libations lors des célébrations à Mayence des conversions des Germains. L'arbre béni "du jardin de la Forêt Noire" y figure dans la littérature orale au XVème siècle, des populations par leurs croyances imprégnées de cultes aux forêts et particulièrement à certains arbres comme le sapin vert. 

Si le printemps en terre germanique fait l'objet de telles pratiques, on ne trouve, disent les chroniqueurs, l'équivalent chez les Gaulois, leurs vis à vis. sinon en Alsace, le long du Rhin, et dans les parties voisines de ces terres de la grande Forêt Noire.

En 1419, on note cependant un récit raconté de "sapin couvert de fruits sucrés, arômes des gourmets."  A Fribourg-en-Brisgau, on constate les conseils donnés par les guildes à l'intention de leurs clientèles de saison, Des étendards de houx, de branches de sapin, se dressent sur les places publiques en face de chez le Bourgmestre, en terrain public et neutre, ou du lierre prisé lors des cultes de la terre, comme en Gaule, chez nous. 

Ces terres sous influence réformée, de Londres à Tallinn en Estonie en 1442 ou en Lituanie, ne se privent d'entretenir ces coutumes vertes" de fin de l'année autour des végétations prégnantes comme le sapin ou le lierre. En 1412 on mentionne "un sapin de Noël à Strasbourg par l'achat  fait par l'Œuvre Notre-Dame, de neuf sapins pour les neuf paroisses de la cité, afin d'accueillir la nouvelle année". Mais le projet n'est pas du goût des autorités dont un théologien agréé qui évoque ces "jeux d'enfants" autour du sapin à l'heure bénéfique de la naissance du divin nouveau né. Somme toute, un regard distinct de l'événement selon le recul de la chose, côté cour et côté chœur !

A Riga lors du solstice de l'hiver, on érige un sapin en face de la mairie pour la population et le bourgmestre. Nous sommes en 1510. Un décor dressé à noêl et brûlé à Pâques pour ne pas faire ombrage à la nativité religieuse de la foi des chrétiens. On pouvait ainsi permettre aux plus infidèles et aux fidèles affectés d'accorder leurs traditions, sans coup férir pour les circonstances. Idem à Tallinn en 1514. A Brême la guilde des marchands mène le pas autour du sapin et de ses agréments du palais ! Les pommes, les friandises sucrées, les noix, les gâteaux s'ajoutent aux guirlandes et aux fleurs en papier de couleur, 

On découvre en langue allemande les récits les plus savoureux de ces usages locaux et bien germaniques. 

Les autorités religieuses catholiques semblaient disent les historiens, peu disposées à ces pratiques païennes, comprenez pré ou peu chrétiennes. Pour des doctes savants de l'Ecriture sainte de telles coutumes entretenaient les sujets assujettis à des rites ésotériques des astres et du ciel, mais l'opinion populaire au demeurant réformée et instruite à la bible,  résistait aux instructions savantes de quelques auteurs zélés mais absents de la vie commune des populations.

Paradoxalement ce furent les aristocrates allemands et anglais qui introduisirent ces usages de forêt et de culte naturaliste dans leurs chaumières royales pendant ce temps de noël, La reine Victoria en fut la fervente adepte au Palais de Windsor en Angleterre, On touchait par le fait une adhésion à la terre et à la nature. Une culture aristocratique de chasse, pêche et conservation patrimoniale de la terre ancrée dans la tradition des souverains régnants  de tous les pays européens. 

Noël et Nouvel An étaient fêtés autour de l'enfant dieu et de son environnement immédiat, forestier et vert écologique moderne.. 

Il faudra attendre en terre catholique le XXème siècle pour adopter le sapin dans les familles majoritairement catholiques. C'est en 1982 que le premier sapin fait son entrée sur la place Saint-Pierre au Vatican. On n'est pas  pressé pour adopter prestement ces usages réformateurs naturalistes d'un autre espace cultuel issu d'origines peu latines.

Cependant l'accès à l'image et aux figurants de Noël en ses personnages de crèche et ses artisans convenus autour de la naissance de Jésus domine le débat. Dès les antiquités chinoise,  égyptienne et hébraïque les livres sacrés et philosophiques font état de cultes rendus à la terre et à ses végétations par les humains. comme étant des cultes de la vie; La fête de Yule de l'hiver en est une manifestation. On décore la maison domestique des habitants de conifères et de telles verdures préservées que la nature interdit par le froid de saison. 

Lors de la célébration de mystères et chez les nôtres de l'Olentzero on retrouve inévitablement sous les apparats des vêtures, des symboles évoqués du père Noel versus basque - Olentzero - ces jours nostalgiques du temps qui va et celui qui réserve bien des imprévus. L'attente et la tension qui les animent. 

Pour les uns le choix de l'épicéa ou du pin sylvestre fera la différence selon les régions qui les portent. le caractère universel du pin converti en sapin selon les cas est un récit ajouté à lui seul à cette époque transitoire annuelle . De décor et de réjouissance ! 

A chacun ses étoiles, ses guirlandes, ses boules de noël, ses angelots, la sainte famille, les animaux fermiers, les serpentins, quelques outils du quotidien, et désormais cet univers numérique sans lequel "tout ouvrier méritant son atelier", on ne reconnaitrait plus le paysan de l'artisan, le maçon du menuisier, l'ingénieur du bâtisseur Ayant cependant et de plus en plus pour chacun cet ami qui vous veut du bien, l'ordi des jours quotidiens, comme jadis pour le paysan, le vert qui entretenait  votre terre et vous fortifiait à l'heure de l'hiver pour les prochaines saisons !

Dans le décor de saison de décembre le sapin toutes origines confondues occuperait en 20 % des familles sa place lors des jours festifs de l'année. Un profil avantageux des échanges entre les pays du monde Canada, Chine, Belgique plus encore arborent ce profil mercantile de réel intérêt. 

Pour demeurer en termes de cordialité sur le sujet évitons d'engager la question écologique sur le bienfait ou le méfait pour les forêts d'arracher ces boutures tous les ans ? Des forestiers répondront à la question ! Question de survie ou de vie pour les espèces et les hommes...

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