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Arnaga : le palmarès du Prix littéraire des Trois Couronnes dans la demeure d'Edmond Rostand
Arnaga : le palmarès du Prix littéraire des Trois Couronnes dans la demeure d'Edmond Rostand

| Han Izena 1239 mots

Arnaga : le palmarès du Prix littéraire des Trois Couronnes dans la demeure d'Edmond Rostand

Son président Alexandre de La Cerda a dévoilé samedi dernier à Arnaga le traditionnel palmarès du prix littéraire des Trois Couronnes, avec la participation du sénateur Max Brisson, du maire de Cambo, Christian Devèze, de Robert Poulou, adjoint à la Culture et président des Amis d’Arnaga, personnalités auxquelles il a fait remettre les prix aux lauréats de cette année : Guy Saigne, Etienne Rousseau-Plotto, Ur Apalategi, Bastien Brestat, Florian Escouteloup et Pierre-Alexandre Carré, sans oublier Xavier Mauméjean, empêché d'assister à la cérémonie (voyez les articles suivants qui leur sont consacrés).

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Bastien Brestat déclame son "Eloge à Cyrano" devant une assistance conquise ! ©
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Une très nombreuse et brillante assistance, représentative du monde culturel basque et gascon, remplissait le grand salon d'Arnaga, de Josette Pontet, présidente de la Sté Sciences, Lettres & Arts de Bayonne, récemment décorée de la Légion d'Honneur, à Eric Gildard, président de l'Assoc. littéraire du Lac d'Hossegor, en passant par les Amis de l'Orchestre régional, le président de l'Institut Béarnais & Gascon et de nombreuses autres associations culturelles et de mécénat artistique. Et l'on se réjouissait de la présence de l'écrivain pyrénéiste kanboar Claude Dendaletche, lui-même lauréat des Trois Couronnes... il y a quelques années !  

L'assistance avait particulièrement apprécié le bel "Eloge de Cyrano" écrit spécialement pour la circonstance et déclamé par le lauréat du Prix de Poésie, Bastien Brestat, devant une assistance qu'il charma ensuite de son talent musical à la guitare classique. 

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... à l'Orangerie, succès des Tartes amandines façon Cyrano ©
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En guise de clôture de l'événement, les invités se retrouvèrent à l'Orangerie autour d'un "verre amical" proposé par le château Miller La Cerda (avec également quelques verres de champagne) qui accompagnait les traditionnelles et excellentes "tartes amandines" selon la recette de Cyrano !

Une manifestation que n'auraient guère récusé les fils d'Edmond Rostand ni Pierre Espil dont le successeur à la présidence du Prix littéraire des Trois Couronnes avait rappelé dans son introduction le souvenir.  
Pierre Espil que tant de liens liaient, lui et sa mère, à Arnaga et à la famille d'Edmond Rostand : poète, romancier et auteur de théâtre à la carrière d'acteur contrariée, Pierre Espil exerça également ses talents dans les colonnes du quotidien "Sud-Ouest" ; bien que la critique y eût parfois percé sous la louange, ces chroniques artistiques qui lui firent inlassablement - jusqu'à la fin de sa vie - sillonner toute la région en autobus ou en train, ont contribué au lancement de nombreuses galeries et "propulsé" plus d'un artiste.

Titulaire de plusieurs décorations et lauréat de nombreux prix littéraires, dont un de l'Académie française, il se dépensa sans compter pour celui des Trois Couronnes.
En "connivence de plume" avec l'ancien sous-préfet de Bayonne, Pierre Daguerre, qui avait déjà esquissé ses "Croquis au pied des monts" et brossé le "Roman d'une Infante", et avec le préfet Gabriel Delaunay - qui affirmait volontiers que ces amitiés littéraires étaient de "celles qui lui tenaient le plus à coeur", Pierre Espil réunit ainsi pendant quarante ans le monde des Lettres pour "remarquer les différents talents s'intéressant à notre région". Alexandre de La Cerda fut du nombre (en 1998)...

C'était à l'heure où des inquiétudes littéraires et une éloquence fleurie embrassaient encore l'esprit de quelques grands commis de l'Etat qui, nonobstant les devoirs de leur charge, "laissaient faire" aux muses. Louis Ducla, fondateur de l'Académie Pyrénéenne que dirigera plus tard Michel Fabre de Beauchamp, et la princesse Galitzine, personnalité bien connue dans le monde biarrot, les avaient alors rejoints. Sentant son heure venir, Pierre demanda à Alexandre de La Cerda d’être son continuateur.

Infatigable, Pierre Espil y ajoutait encore ses activités au sein de l'Académie des Lettres pyrénéennes, de l'association régionaliste du Béarn et du Pays Basque, de l'Union Bayonnaise des Arts, des Poètes de l'Adour et de l'Académie des Jeux Floraux dont il était, depuis 1979, maître ès-Jeux.

Dans cette "lumière, ambrée ainsi qu'un raisin mûr, cette douceur de miel enveloppant l'espace d'un automne qui, chez nous, est un autre printemps", le poète "qui a fait sonner son coeur ainsi qu'une clarine" s'en était allé...
A l'image de la belle définition du rôle de l'écrivain qu'il appliquait à André Lichtenberger, Pierre Espil n'avait jamais manqué de "peupler l'âme de l'homme, de l'enfance jusqu'au déclin, des visions qui l'aident à vivre et à mourir"

Cher Pierre Espil, vous qui avez pris fait et cause pour défendre Anna de Noailles, injustement oubliée, et combien d'autres, souffrez qu'à notre tour, comme en cette rêverie que vous écrivîtes au portail du Palais, au sortilège des couchants mélancoliques, nous n'ayons pour nous bercer au long du siècle amer, que la voix d'un poète et le chant de la mer...

Et Alexandre de La Cerda de rappeler encore "qu'en dehors de tous nos nombreux échanges littéraires, des préfaces qu’il me fit l’honneur d’écrire pour quelques-uns de mes livres et ses critiques élogieuses dans le quotidien régional en faveur de mes ouvrages, je retiendrai particulièrement ce dîner des mensuels « Mardis de l'histoire » que je lui avais consacré en mai 1998 au Casino Municipal dont le chef, après notre colloque et la séance de dédicaces, avait apprêté un dîner à la manière de Rosemonde Gérard, l’épouse de Rostand et maîtresse de maison à Arnaga : salade "sauvageonne" au champignons citronnés, comme "lors des courses (avec ses deux fils) dans les bois, à travers les ronciers qui leur griffaient les manches"; crevette et saumon en julienne de légume, de la "teinte d'écaille jaspée" des sentiers qui descendaient jusqu'à "l'eau charmante de la Nive"; et soufflé glacé à l'Izarra, à la saveur du "soir plein d'angélus, de grelots et d'abois"…

Après avoir évoqué les fils d’Edmond Rostand, Pierre d'Arcangues et Pierre Espil parmi les fondateurs du Prix des Trois Couronnes,  Alexandre de La Cerda en relata un bref historique avec quelques autres personnages  au fil de plus d’un demi-siècle de littérature :
- Le prix littéraire des « Trois Couronnes » avait été créé au Pays Basque à la fin des années cinquante par les membres du corps préfectoral Pierre Daguerre et Gabriel Delaunay auxquels une certaine connivence de plume adjoignit les poètes Pierre Espil et Louis Ducla, fondateur de l'Académie pyrénéenne. Il compta dans ses rangs, entre autres, Jean et Maurice Rostand, Pierre Benoît, le Professeur Delay, Pierre d'Arcangues, la princesse Galitzine, etc.

Ce prix récompense, chaque année, les ouvrages ayant pour sujet le Pays Basque ou la Gascogne dans sa large extension géographique, de même que les auteurs originaires de ces régions. 

Parmi les nombreux auteurs à qui il fut attribué en près de cinquante ans d’existence, figurent Christine de Rivoyre en 1973 ou Bernardo Atxaga en 1995, sans oublier l’universitaire grand spécialiste de Pierre Loti, Yves La Prairie. Quelques années auparavant, à l’initiative du jury des Trois Couronnes, un monument en mémoire de Loti avait été inauguré à Hendaye en présence de son fils Samuel Viaud.

Quant au nom même du prix, il évoque la montagne qui servit en quelque sorte de borne frontière entre les trois Couronnes de France, de Navarre et de Castille et d’écrin pour la signature de la Paix des Pyrénées il y a 350 ans. L’ascension des « Trois Couronnes » par Maurice Ravel à l’été 1911 lui aurait inspiré sa composition jamais achevée « Zazpiak Bat ».

Et pour sa remise au goût du jour en 2009, il avait été décerné à Frédéric Beigbeder pour son livre « Un Roman français » ainsi qu’à l’historien Jacques de Cauna, au romancier Hubert Monteilhet et à l’archiviste de la mairie de Biarritz Monique Beaufils. Depuis lors, de nombreux prix ont été décernés, jusqu’à cette nouvelle édition qui a voulu honorer de jeunes écrivains dans nos deux langues régionales, le basque et le gascon.

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Bastien Brestat à la guitare charma l'assistance ©
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