Anglet : Portraits des Ducs de Gramont, mille ans d’histoire, de la Navarre à la France, mardi 3 décembre à 17h à Monciné (18 rue des Barthes) par Olivier Ribeton, conservateur en chef honoraire du Musée Basque de Bayonne et de l’histoire de Bayonne, président de la Société des Amis de la Collection Gramont. Il s'agit du destin des seigneurs de Gramont depuis le Moyen Âge jusqu’au XXème siècle, illustré par les portraits de famille déposés à Bayonne.
Anne de La Cerda avait traité de cette illustre famille : https://www.baskulture.com/article/muse-basque-les-portraits-des-enfants-gramont-xvie-xxe-1586
Originaire de Navarre depuis la fin du XIIème, les seigneurs de Gramont font partie d’une des plus anciennes familles d’Europe. Tout d’abord maires, puis capitaines et gouverneurs de Bayonne où ils régnèrent pendant près de trois siècles, de 1496 à la Révolution française de 1789, les Gramont comptèrent également un cardinal-archevêque et un archevêque. Ils résidèrent au Château-Neuf au XVème siècle, puis au Château-Vieux à partir de la fin du XVIe siècle.
Pour ma part, j'avais évoqué Antoine V, duc de Gramont, maréchal de France, qui figure en bonne place parmi ceux qui illustrèrent cette noble lignée (photo de couverture : Antoine V et ses deux fils, Louis Antoine, comte de Louvigny et Louis, futur Antoine VI, par Bon Boullogne).
On peut même affirmer à son propos, que la valeur n'attend pas le nombre des années, car c'est dès l'âge de treize ans qu'il entra aux mousquetaires ! En 1688, à 17 ans, il sert au siège de Philippsburg où il reçoit les propositions de capitulation. Il se trouve à la bataille de Walcourt où son cheval est tué sous lui. Il combat à Fleurus, Liège, Leuze, Namur, Tongres, Huy, Neerwinden, Charleroi. Il est fait Maréchal de camp en 1694. Colonel général des dragons en 1702. Il est envoyé à Philippe V d'Espagne en 1705. Il participe à la bataille de Ramillies, commande à Lille, est blessé à la célèbre bataille de Malplaquet le 11 sept 2009. En 1712, il devient lieutenant général de Bayonne et lieutenant général et gouverneur de Navarre et de Béarn.
C'était l'époque de Coursic, ce corsaire marin bayonnais, de son vrai nom Joanes de Suhigaraychipi : il avait suscité un tel enthousiasme par la terreur infligée aux Anglais et aux Hollandais que notre duc de Gramont, gouverneur de Bayonne, sollicita la faveur « d’entrer pour moitié dans les frais d’armement » de sa corvette « La Légère »… Etant bien entendu qu’il serait également de moitié dans le partage des prises. L'opération s'avéra tellement fructueuse qu'il captura cent navires en moins de six ans. Coursic encombra si bien le port luzien de ses dépouilles que Gramont put écrire à Louis XIV : « l’on passe de la maison où logeait Votre Majesté (c’est-à-dire « Lohobiague » ou maison Louis XIV) à Ciboure sur un pont de vaisseaux pris, attachés les uns aux autres ».
Quant à Antoine V de Gramont, en 1720, il devint duc de Gramont. Fait maréchal de France en 1724, il décède dans son palais, l'année suivante.
Il reste toujours la fatidique question du retour de la collection Gramont dans ses murs.
Car, au XXème siècle, lors de la vente de son château de Vallière à Mortefontaine dans l'Oise, le XIIIème duc Antoine Armand et son épouse Odile de Lenoncourt héritèrent de la garde de la collection Gramont composée de 150 tableaux, sculptures, documents, mobilier et objets d'art. En 1982, à la suite d'un protocole d'accord avec Bayonne, la famille décide de transférer le gardiennage de sa collection à la Ville, dépositaire de la collection.
En 1988, le maire Henri Grenet avait signé un contrat afin que cette collection puisse reposer au Château Neuf à Bayonne. Entre temps, l'ancien élu avait abandonné le projet déjà très avancé pour se consacrer à la restauration urgente du Musée Basque. Finalement, alors qu'elle devait reposer à Bayonne, la collection fut envoyée provisoirement dans les réserves du château de Pau, faute de place au Musée Basque. Finalement, les tableaux ont été rapatriés à Bayonne, non pas au Musée Bonnat trop exigu (malgré les travaux d'agrandissement en cours) mais la collection - prestigieuse historiquement et artistiquement - a été installée dans des réserves aménagées au Château Neuf... Quand sera-t-elle accessible au public ? Sans doute pas avant quelques années, hélas... On se consolera par la perspective de l'édition d'un album de ces merveilleux portraits.
La conférence d'Olivier Ribeton est organisée par l'Université du Temps Libre d'Anglet / Tarifs : 6 € pour les non-adhérents.