1 - Le calcul du temps astral
Le calendrier demeure le moyen de repérage du temps, la faculté de chaque peuple du monde de fixer les dates des événements passés ou présents marquant les aléas d’une communauté qui dans son origine planifiait les cultures agricoles en adéquation avec les astres.
Les calendriers du monde connus à ce jour se décomposent ainsi, le calendrier lunaire le plus ancien de 354 jours répartis en douze mois, un calendrier toujours en usage chez les musulmans.
Le calendrier solaire ultérieur associe les deux calendriers lunaire et solaire sur 365 jours et sur douze mois.
Il existe encore un calendrier luni-solaire où les mois coïncident avec la lunaison.
La division en mois, en jours et en années fut acquise dès l’Antiquité connue, sachant que le jour solaire sépare les deux levers et les deux couchers sur 24 heures avec quelques correctifs. La lunaison demeure et confirme l’intervalle qui sépare le temps entre "les lunes de l’année."
Le premier calendrier connu proviendrait de Babylone, d’environ 3000 ans avant J.C.
On évoque depuis peu un calendrier de 5000 ans avant notre ère, découvert dans le sud de l’Egypte à Nabta Playa basé sur les mouvements de la lune, sur douze mois de 29 ou 30 jours... Ce qui permettait l’ajout de jours pour "correspondre avec les observations astrologiques de nos savants de l’antiquité."
La nouveauté viendra cependant d’Egypte qui adopta le calendrier solaire après concertation.
Le calendrier solaire retient l’équinoxe du printemps de la durée égale du jour et de la nuit de douze heures chacun.
L’équinoxe d’automne est toujours de douze heures pour le jour et pour la nuit;
Mais s’agissant du solstice à ne pas confondre avec l’équinoxe, l’hiver, la nuit reste plus longue que le jour, tandis que lors du solstice de l’été le jour reste plus long que la nuit.
Histoire de calendrier, le calendrier romain existait depuis le VIIème siècle avant J.C. sur 304 jours comme l’est le calendrier lunaire qui commence l’année au mois de mars.
Le comparatif solaire et lunaire faisant ajouter deux mois, on ajouta janvier et février à l’année lunaire pour ajuster la solution astrologique.
En 46 avant JC Jules César demanda aux astrologues d’adapter ce calendrier agricole venu d’Egypte pour officialiser au sein de l’empire le nouveau portant désormais son nom.
Mais il fallut le corriger encore car le calendrier solaire et lunaire posaient des questions d’exactitude.
Soit 365 jours avec tous les quatre ans une année bissextile, le dit calendrier adopté par la plupart des pays du monde demeure celui de notre agenda quotidien.
En 1582 le pape Grégoire XIII décida de revoir à nouveau le sujet. Les débats théologiques sur le temps de l'Eternel et celui de l'histoire divisaient les esprits, il fallait accorder les faits aux argumentaires.
En renonçant au calendrier lunaire le nouveau calendrier grégorien unifiait ces calculs astrologiques autour d’une année qui commencerait le 1 janvier.
Paradoxe et "distinction française", en 1785, le poète François Fabre d’Eglantine s’enquit d’y ajouter un calendrier révolutionnaire à la française, excusez du peu, pour détrôner ce calendrier papiste et ultramontain, mais l’effet de surprise ne fut que de courte durée.
Napoléon Ier rétablit le calendrier grégorien à l’usage des républicains comme des chrétiens sur une longévité qui désormais fait date et rapporte des anniversaires civils et religieux en commun, sans froisser le patriotisme des uns et la ferveur des croyants de figurer sur la même planche sans y perdre son latin ni son bréviaire républicain !
On note ainsi qu’en mai les travailleurs célèbrent le Travail et saint Joseph, le 8 mai la Victoire de 45, Jeanne d’arc huit jours après, l’Ascension dans la foulée le 18, enfin la Pentecôte le 28 du mois sans que dans nos chaumières on déplore cette cohabitation mémorielle et se réjouissent de ces dates confiées à la ferveur des congés du dit calendrier !
L'almanach des PTT, vieille dame républicaine au demeurant, institua ce récit historique chaque année. On se réjouissait de recevoir de la poste ce cadeau estimable où l'on découvrait pour chaque département français des illustrations locales, un plan géographique et le nom des communes.
Une acquisition iconographique originale, un souvenir partagé comme un présent symbolique affectivement précieux s'agissant de parler de son pays, sa terre et leurs habitants !
Les nostalgiques des feux - les calendriers révolutionnaires maintinrent la pression au milieu des calendriers bibliques confessionnels, mais qu'importe "le logiciel grégorien basique" perpétua le cours du temps et la durée des ans dans ce profil ininterrompu de l'histoire qui va !
Le calendrier lunaire existe toujours, celui des astres et de l'astrologie agrémente notre imaginaire, la naissance sous la bonne étoile s'harmonise avec les saints du jour, chacun trouve dans ce jardin des délices les atours de son origine et de sa destinée !
2 - L'almanach et le narratif de l'histoire
L'histoire narrative du calendrier sous le signe des almanachs est savoureuse. On y apprend et des hommes et du récit des saisons et des astres.et des travaux et des jours.
Hésiode en Grèce composa au VIIIème siècle avant notre ère un relaté sur la navigation, l'astronomie et la morale .sur les jours fastes et néfastes, en somme une version allégorique du temps qui va !
Valentin à Rome emprunte au même thème par le chronographe en 354 par la méthode du lapicide.
L'idée d'illustrer le temps d'un récit entre dans l'imaginaire. Avec l'invention de l'imprimerie bien postérieure à partir du XVème siècle l'almanach de l'époque utilise les pictogrammes pour les analphabètes, et les thèmes les plus diversifiés entrent en scène, vies de saints, contes, faits divers, gourmandises de bouches, conseils potagers et alimentaires, fleurs et recettes médicinales.
Parmi les almanachs prestigieux, il faut citer l'Almanach royal, celui de Louis XIV imprimé dans le métal pour flatter son pouvoir et son règne, celui des spectacles de Paris, au milieu de moulte éditions provinciales, du Languedoc, du Parlement de Toulouse, des Muses, celui de Paris, l'almanach Vermot, le Messager boiteux, celui de Strasbourg, plus tard encore l'almanach religieux du Pèlerin.
En somme un descriptif varié, d'un support illustré par des thèmes multiples.
Rabelais composa "Pantagrueline prognostication", humoristique et imaginaire au temps de deux siècles, XVIème et XVIIème siècle très acquis au genre rabelaisien.
Les almanachs se répandent dans le monde entier, de Russie, au Canada, on adopte le style et la diversité éditoriale avec une intention littéraire avérée pour la Russie, ou plus astrologique pour Nostradamus et ses prophéties apocalyptiques.
Un extrait des prophéties de Rabelais est à rapporter dans le texte, "cette année les aveugles ne verront que bien peu, les sourds oiront assez mal, les muets ne parleront guère, les riches se porteront un peu mieux que les pauvres, et les sains mieux que les malades. Moutons, pourceaux, boeufs, oiseaux, poulets et canards mourront et se sera si cruelle mortalité entre les singes et les dromadaires, vieillesse sera incurable cette année à cause des années passées" !
En lisant le narratif, on ne peut y découvrir la lune, mais un auteur drolatique qui se joue d'un ton et d'un style qui avait son public !
3 - L'almanach révolutionnaire, royaliste et républicain.
Changement d'époque, le support de l'almanach devient objet adulé de propagande en chaque famille politique du temps passé.
On adopte le mode illustré pour contourner les oppositions politiques d'actualité.
L'almanach révolutionnaire des années 1789 et suivantes produit jusqu'à 92 éditions différentes pour arrimer la Révolution dans l'esprit et le coeur du peuple souverain.
Les royalistes d'en face adoptent le même narratif mais les thèmes retenus demeurent plus conventionnels, on s'observe, se toise et s'affronte, selon les époques, de façon policée ou plus belliqueuse.
Prétexte aux étrennes, l'almanach devient objet de propagande habile où les uns adoptent la morale et d'autres des pratiques libertines.
Les vices et les vertus se croisent sous la menace de l'enfer, du salut de l'âme, des parousies de la terre et des vertus chrétiennes !
Cette rencontre du zodiaque, des écritures bibliques ou un tantinet apocryphes et de circonstance interchangent la mission de chaque famille spirituelle dans un univers où l'arbre des vices et celui des vertus peuvent s'inverser selon les intérêts politiques du moment !
Chacun adopte selon son goût le genre d'almanach de son choix... vulgaire parfois, mondain ou encanaillé pour d'autres, le contenu de l'almanach du Père Gérard et de la Mère Gérard demeurant une facétie à la française, peu égalée dans le monde.