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Patrimoine
A propos des anciens couvents de Bayonne
A propos des anciens couvents de Bayonne

| François Xavier Esponde 969 mots

A propos des anciens couvents de Bayonne

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Bayonne : appartement atypique dans une ancienne abbaye aux portes du centre-ville ©
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1.  Bayonne et ses couvents

A propos des couvents bayonnais, circulent parfois des informations approximatives, justifiant leur disparition au fil du temps et de l’histoire de la ville.
Pour les uns, la Révolution Française, pour d’autres les guerres de religion, ou bien d’autres arguments prêtant le flanc à des commentaires inexacts ou relatifs au vu des archives existant à ce sujet.
Et dans ce cas précis, c’est sans doute là-même où on ne les attendait pas, que l’on trouve des informations inédites sur les couvents religieux à Bayonne entre les XIIIème et XVIIème siècles.

Il s’agit des Archives militaires dans une cité de garnison dont c’est une seconde nature, où il était d’usage de faire remonter à la hiérarchie des documents sur l’état des villes fortifiées de France, au sein des Officiers de Corps des ingénieurs du Roi à l’époque de Louis XIV, structure qui deviendra par la suite le Génie militaire. 
Les rapports étaient précis, sur l’état des Places fortes, et sur le suivi des travaux réalisés pour assurer la sûreté des biens et des personnes face aux menaces du temps.
L’histoire de l’Architecture militaire recueillait ainsi des informations et des relevés sur les monuments religieux et civils dont certains ont disparu dans la ville depuis lors, mais qui nourrissent la curiosité des chroniques du passé patrimonial de Bayonne

Le Plan de Bayonne de 1694 de Monsieur de Ferry fourmille de telles informations de première main. C’était un « Ingénieur collaborateur de Vauban qui le fit venir à Bayonne en 1680 pour évaluer sur place cette architecture exceptionnelle » de monuments anciens sis dans la cité.
Ses rapports d’une valeur inestimable figurent « dans un programme militaire de protection des frontières des Pyrénées » qui représentaient pour le Royaume de France et Bayonne une précaution constante au regard de l’histoire de la ville.

Mais en sus, monsieur de Ferry fit l’évaluation des monuments de l’architecture religieuse des trois quartiers de Bayonne qui constituaient l’origine de la commune des deux côtés - Nive et Adour - de sa géographie. A savoir celui de la cathédrale - dénommé haut quartier -, le quartier de Saint André entre les cours d’eau, et le troisième quartier sur la rive droite de l’Adour.

Le rapport précise que la cathédrale est sans doute, selon une note ultérieure de Monsieur Lambert sur le sujet, le seul édifice à avoir subsisté à tous les avatars du passé, les incendies, les destructions, les pillages, les incivilités. Le descriptif de l’intérieur de l’édifice souligne, avant toute restauration, son unité depuis le Moyen-Âge jusqu’au XVIIème : « Le sanctuaire sacré est au choeur, entouré d’une clôture à l’est de la croisée, les chanoines à l’ouest disposent d’une autre clôture. Et les trois travées de l’intérieur sont d’une sobriété absolue et dépouillée à l’image des cathédrales espagnoles encore de nos jours, tandis que cette architecture intérieure originelle a disparu par les multiples restaurations “indiscrètes”  qui suivirent »...

2 - Vient ensuite le récit des couvents de la ville, innombrables qui surprend par leur nombre, dans une ville qui sans doute comptait dans le paysage du Royaume de France, bien au-delà du nombre de ses habitants.
- Le couvent des Jacobins a désormais disparu. Il sera remplacé au XIXème siècle par un hôpital militaire. L’intérieur de l’église relaté et confirmé par d’autres documents, souligne la place du choeur des religieux, une grand nef et un cloître ainsi que des dépendances annexes du couvent, vers l’est et le nord de l’édifice, selon ce qu’indique la cartographie.
- Les Capucins occupent derrière le couvent des jacobins dès le début du XVIIème siècle, une église plus ancienne à nef unique terminée en abside, à l’est une clôture et les dépendances monastiques proches.
- Les Cordeliers se trouvaient depuis le XIIIème siècle à l’emplacement de l’Arsenal actuel et disposaient d’une église simple et dépouillée à nef unique, comme celle des Capucins terminée par une abside à cinq pans.
- Au XVIIème siècle, les Soeurs Visitandines se logeront dans ce périmètre en 1642 avec leur petite église de forme rectangulaire, et un cloître allongé, fermé sur trois côtés seulement par des galeries de longueur inégale.
- Nous sommes là entre Nive et Adour où se trouvaient la majorité des couvents de l’histoire de la ville, mais le haut quartier de la cathédrale disposait également de l’implantation des Augustins, chanoines présents dès le XIIIème siècle dans les remparts de la ville, mais ils durent quitter les lieux pour permettre l’érection des plans militaires de protection de la ville, en date de 1523 pour l’histoire.
« Le couvent se trouvait dans une tour et disposait d’un sous sol gothique, une église à nef unique, mais sans chapelle et un cloître, dont une partie subsisterait encore... » dit le rapport.
- Les Carmes quitteront eux aussi ces fortifications de la ville pour les mêmes raisons de sauvegarde militaire.
Il n’en subsistera désormais que la mention archivée de leur présence selon le plan de 1694. « L’église avait selon ces indications, un style gothique tardif méridional... avec des chapelles flanquant la nef, entre de grands contreforts ».

Enfin, en tête du Pont Saint Esprit, au milieu des Fondations hospitalières, les Commanderies de Saint Jean de Jérusalem, Ordre de Malte, assuraient l’accueil des pèlerins de Compostelle, et on trouvait la chapelle Saint Jacques face à un ancien hôpital, avec un cimetière attenant. 

Entre le XIIIème et le XVIIème siècle, comment expliquer l’existence d’un patrimoine religieux aussi florissant dans une cité telle que Bayonne ?

La question demeure à la lecture du Rapport documenté du Génie militaire sur le sujet. Autant d’informations qui seraient tombées dans l’oubli sans le nouvel intérêt des historiens et chroniqueurs contemporains, qui retrouvent les noms de rue de ces religieux, des vestiges de bâtiments reconvertis ou annexés à d’autres fonctions, des objets d’art sans doute disparus ou détruits, dispersés, issus de ces couvents, et le florilège des questions sans réponse laissées béantes par le passé de la ville !

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