Le cycle "Zinema Kanpoan", coordonné par l'Institut culturel basque, propose des séances de cinéma basque en version originale sous-titrée en françai sur différentes places du Pays Basque tout au long de l'été. Cette initiative vise à promouvoir la culture cinématographique basque en offrant des projections en plein air dans un cadre convivial et accessible à tous.
Après la troisième Nuit du court-métrage organisée vendredi dernier à Saint-Martin d’Arrosa, c'est un film de Pablo Aguero, "Les sorcières d’Akelarre", qui sera projeté le samedi 10 août sur la Place d'Ainhoa et le dimanche 25 sur la Place de Ciboure.
La scène se déroule au Pays Basque en 1609, à l'époque des procès de sorcellerie. Six jeunes femmes sont arrêtées et accusées d'avoir participé à une cérémonie diabolique, le Sabbat. Quoi qu'elles disent, quoi qu'elles fassent, elles seront considérées comme des sorcières. Elles décident alors de devenir de véritables sorcières…
L'histoire est inspirée des notes que Pierre de Rosteguy de Lancre avait écrites sur son voyage au Pays Basque en 1609 dans son ouvrage "Tableau de l'inconstance des mauvais anges et démons". Celui-ci faisait partie d'une commission qu'Henri IV avait fait envoyer (à un Parlement de Bordeaux, fort réticent) en Labourd pour « purger le pays de tous les sorciers et sorcières sous l'emprise des démons », faire la lumière, en particulier à Saint-Jean-de-Luz, sur les actes et les mœurs réputés libres des femmes de marins en l'absence de leurs maris, et sur les comportements des guérisseuses et cartomanciennes.
En réalité, il s'agissait, dans l'esprit du souverain, de faire revenir d'urgence au Pays Basque les morutiers et baleiniers basques pêchant au Canada pour les détourner de la traite des peaux avec les Amérindiens, lucratif commerce dont l'administration royale souhaitait attribuer le privilège à d'éventuels colonisateurs afin de les attirer à Québec et renforcer ainsi cette place-forte française au Canada/"Nouvelle-France" face aux prétentions et aux attaques des Anglais... Et effectivement, les marins basques cinglèrent toutes voiles dehors vers leur pays dès qu'ils apprirrent les menaces concernant leurs épouses et leurs filles !
Quant aux procès de sorcellerie instrumentalisés par Pierre de Rosteguy de Lancre (d'une famille basque installée dans le Bordelais), ils prirent fin sur injonction de l'évêque de Bayonne lorsque les accusations avaient visé des religieux, en particulier un curé à Ascain.
Ça, c'est l'histoire avérée et documentée, face aux "légendes" idéologisées, cinématographiées, ou autres...
(Notre photo de couverture : le film "Akelarre" projeté aux Grottes de Sare ©ICB/Argitxu Acheritogaray)