0
Patrimoine
Visite "Prestige" du Château d'Abbadia sur la Corniche basque
Visite "Prestige" du Château d'Abbadia sur la Corniche basque

| Alexandre de La Cerda 995 mots

Visite "Prestige" du Château d'Abbadia sur la Corniche basque

Cette visite "prestige" du château d'Abbadia aura lieu le samedi 28 septembre de 10h à midi.
Laissez-vous envoûter par les décors somptueux d’Abbadia et accédez à certains éléments d’archives.
Partagez exceptionnellement un café ou un jus de fruit autour d’une table du XIXème siècle pour un moment d’échange et de convivialité.

Ce lieu enchanteur avait été construit entre 1864 et 1884 par Viollet-Le-Duc sur la corniche basque pour Antoine d'Abbadie, ethnologue, géographe, homme de sciences…
Son architecture néogothique et sa décoration éclectique en font un des sites et musées incontournables du Pays Basque : grâce à cette visite, Antoine d’Abbadie et son emblématique demeure n’auront plus de secrets pour vous !

Il est conseillé de se présenter à l’accueil du Château 15 minutes avant. Il ne sera plus possible de rejoindre la visite après son commencement.
Stationnement PMR uniquement dans l’enceinte du Château / Tarif : 19,90 € / Réservation obligatoire sur :  
https://reservation.elloha.com/Result/GetDetail/PCUAQU0640001010?idPublication=05bbbe4c-f3c2-4339-8c25-1a9dcd842f86 

En bifurquant vers l’Ouest depuis le rond-point où la route d’Urrugne rejoint celle de la Corniche à l’entrée de la plage hendayaise, on rejoint le « sentier littoral » qui relie à Sokoa la pointe de Sokoburu.

Le château d'Abbadia - vue panoramique sur la Bidassoa et la baie de Txingudi.jpg
Le château d'Abbadia - vue panoramique sur la Bidassoa et la baie de Txingudi ©
Le château d'Abbadia - vue panoramique sur la Bidassoa et la baie de Txingudi.jpg

Là se trouve un des accès à ce paysage légendaire sculpté par la mer et les vents, au faîte couronné d’un castel improbable par Antoine d’Abbadie qui avait fait appel au célèbre architecte Viollet-le-Duc afin de construire (entre 1864 et 1879) sa folie néo-gothique de « style irlandais », et à sa quête des sources du Nil Bleu en Ethiopie pour en parsemer les murs de boas, crocodiles et autres exotismes de pierre sculptée !

Entre l’océan sauvage qui bat sans répit les hautes falaises, les vertes prairies tachetées de nonchalantes brebis qui lui rappelaient l’Irlande de son enfance où son père, gentilhomme souletin, avait fui la tourmente révolutionnaire de 1789, et l’écrin montagneux de La Rhune, des Trois-Couronnes et du Jaïzkibel, le savant s’était consacré à dresser la carte du ciel du haut de son observatoire…
 
En redonnant de la vigueur aux traditions culturelles basques de ses origines familiales, en particulier la langue qui avait déjà mobilisé les efforts de son père Michel d’Abbadie, mécène de grammairiens euskariens dès son retour en France sous la Restauration.

Antoine d’Abbadie et la tradition basque

Fils de notaire royal, maître de la maison abbatiale d'Arrast en Soule, Arnauld-Michel d'Abbadie fuit la révolution française - comme beaucoup de chrétiens basques - pour se réfugier, à l'âge de vingt et un ans, dans la catholique Irlande ; il y fit sans doute bonne figure et belle apparence, à défaut d'abondance de biens, puisqu'il épousera Elisa Thompson of Clark, héritière de l'un des principaux armateurs de l'île. D'une nature brave et intrépide - toutes qualités qu'il léguera à ses fils - Arnauld-Michel d'Abbadie reconstituera sa fortune grâce aux navires de son beau-père et à la fourniture d'armements à la France napoléonienne via le port de Bilbao et, ce n'est pas le moindre paradoxe, par-dessus la tête de l'Angleterre, puissance assiégeante, dont dépendaient pourtant ses sujets irlandais !

C'est lui également qui suscitera l'intérêt de ses fils pour les études basques, en appuyant les travaux de l'abbé Darrigol et lui faisant obtenir en 1827 le prix Volney de l'Académie Française pour sa "Dissertation critique et apologétique sur la langue basque".

De ses six enfants, dont trois fils, l'aîné, Antoine, sera le savant constructeur du château de Zubernoa - Abbadia - à Hendaye, où il est enterré. Il n’a pas laissé de descendance.

Michel-Arnauld, le « Ras Mikaël », décèdera quatre ans avant son frère, en son château d'Elhorriaga à Ciboure, aujourd'hui hélas détruit, laissant onze enfants (sa petite-fille Eléonore, ancienne secrétaire d'ambassade au Canada, s'est éteinte accidentellement à Ciboure il y a quelques années, à l'âge de quatre-vingt-neuf ans), et de lui descendent les actuels membres de la famille, établis pour la plupart dans le Sud-Ouest.

Enfin le plus jeune, Charles, malgré son jeune âge, partira à la recherche de ses frères que l'on croyait disparus en Ethiopie. Il acquit plus tard le château d'Etchauz à Baïgorry dont il devint conseiller général. Son petit-fils et dernier héritier, le cinéaste Harry d'Arrast, y entraînera son ami de Hollywood, Charlie Chaplin.

Le savant constructeur d’Abbadia

Antoine d’Abbadie.jpg
Antoine d’Abbadie ©
Antoine d’Abbadie.jpg

Beaucoup d’écrits - et une pastorale souletine - ont été consacrés à la destinée peu commune d’Antoine d’Abbadie, cet original découvreur d'astres et de terres lointaines qui se hasardait également à des prédictions après avoir fréquenté la célèbre voyante Marie-Anne Lenormand.

Embarqué à Lorient sur la frégate « Andromède » avec Louis-Napoléon, Abbadie - pour observer des phénomènes astronomiques - et le prince en tant que proscrit politique après sa malheureuse tentative de coup de force à Strasbourg, le futur explorateur de l'Ethiopie donna rendez-vous aux Tuileries au futur Napoléon III en lui annonçant qu’il « serait appelé à gouverner la France » !

Seize ans plus tard, au nouveau président de la République, Antoine d'Abbadie rappela que ce n'était pas à l'Elysée mais aux Tuileries qu'il lui avait donné rendez-vous : « L'Elysée, lui répliqua le prince, n'est pas loin des Tuileries ».

L'anecdote est confirmée - en termes aussi vagues que prudents - dans une lettre adressée par Louis Napoléon à sa mère lors d'une escale à Madère, le 12 décembre 1836 : « Il y a à bord (...) un savant de vingt-six ans, qui a beaucoup d'esprit et d'imagination mêlés d'originalité et même d'un peu de singularité : par exemple il croit aux prédictions et il se mêle de prédire à chacun son sort. 
Il ajoute une grande fois au magnétisme, et il m'a dit qu'une somnambule lui avait prédit, il y a deux ans, qu'un membre de la famille de l'empereur viendrait en France et détrônerait Louis-Philippe. Il va au Brésil faire des expériences sur l'électricité... »

A la suite d’un séjour de onze ans en Abyssinie qui lui aura fait étudier les sources du Nil et publier un dictionnaire de la langue amharienne, Antoine d’Abbadie sut également retrouver et cultiver l'authenticité de son terroir, auquel il ancrera son château hendayais et sa passion pour le maintien des traditions basques.

Répondre à () :

| | Connexion | Inscription