Dans tout pays, la guerre civile est une tragédie et l’Espagne n’y a guère échappé pendant les années trente où des deux côtés, les combattants ont fait assaut d’exécutions et de cruautés diverses, aucun camp ne faisant exception en la matière. Des documentaires et des fictions, tel le film d’Aitor Arregi, Jon Garano et Jose Mari Goenaga « Une vie secrète » (La trinchera infinita - La tranchée éternelle, voyez la critique de Jean-Louis Requena) relatent les exactions franquistes, mais il est plus rare de trouver des livres ou des réalisations audiovisuelles sur les atrocités du régime républicain, qui n’avaient pourtant rien à envier aux républicains.
Déjà bien avant le soulèvement franquiste du 18 juillet 1936, la répression de ceux qu’ils considéraient comme leurs ennemis battait son plein dans l’Espagne républicaine dont la politique était très hostile à l’Eglise et aboutira, à l’arrivée au gouvernement du Front populaire en 1936, à des persécutions sanglantes contre les chrétiens.
D’ailleurs un ministre républicain du PNV, Manuel de Irujo témoignera en 1937: « en dehors du pays basque, la situation de fait de l'église est la suivante : tous les autels , images et lieux de culte ont été détruits sauf de rares exceptions...toutes les églises ont été fermées au culte...des édifices et des biens ecclésiastiques ont été incendiés, pillés et détruits, des prêtres et des religieuses ont été arrêtés, emprisonnés et fusillés par milliers...on est allé jusqu'à interdire la détention privée d'images et d'objets de culte...la police effectue des perquisitions avec violence... ».
Finalement, la destitution, le 10 juillet 1936, du président constitutionnel de la république, le modéré Alcala Zamora et l'assassinat, le 13 juillet, par les factions Révolutionnaires du chef de la droite parlementaire, le député Calvo Sotelo, aboutiront au soulèvement de Franco et au début de la guerre d'Espagne.
Contrairement au Pays Basque où les prisonniers politiques avaient été protégés sur ordre du Lehendakari Aguirre, le chef du gouvernement autonome d’Euzkadi, en Espagne durant les premières semaines de la bataille de Madrid (novembre-décembre 1936), les républicains espagnols se lancèrent dans des massacres de masse de leurs prisonniers politiques, suspects d’approuver le soulèvement franquiste du 18 juillet 1936.
Les faits se produisent à la suite du transfert de prisonniers de plusieurs prisons madrilènes, entre le 7 novembre et le 4 décembre 1936, alors que les combats entre nationalistes et républicains font rage pour le contrôle de la capitale espagnole. Les assassinats ont lieu dans la banlieue de Madrid, près du ruisseau San José, à Paracuellos de Jarama, et dans le bois d’Aldovea, à Torrejón de Ardoz.
C’est l’un des épisodes les plus notoires de la terreur rouge, dont le responsable principalest le communiste Santiago Carrillo, qui deviendra secrétaire général du Parti communiste d’Espagne (PCE) en 1960. Il était alors le responsable de l’ordre public dans le Comité de défense de Madrid du 7 novembre au 24 décembre 1936. Fugitif à la fin de la guerre, il est mort sans avoir jamais été jugé.
On trouvait parmi les prisonniers victimes : des militaires, ayant participé au soulèvement militaire des 17 et 18 juillet, ou n’ayant pas rejoint les forces de défense de la république, des phalangistes, des religieux, prêtres surtout, des militants de droite, des bourgeois et d’autres personnes arrêtées car suspectes d’être favorables aux militaires insurgés. Si certains d’entre eux avaient effectivement pris part au soulèvement, la majorité d’entre eux ont cependant été arrêtées sans motif et assassinés sans avoir été jugés.
Il s’agit du plus grand massacre réalisé pendant toute la guerre civile espagnole dans l’un ou l’autre des deux camps. Le nombre de victimes de ce massacre s’élève autour des 8000 à 10 000 personnes.
Au sein de ce régime de terreur, la campagne déclenchée contre les Catholiques en juin 1936 fut particulièrement massive : 11 évêques, 4184 prêtres (dont des séminaristes), 2365 moines et des milliers de civils furent massacrés. Tout laïc risquait d’être mis à mort pour simplement arborer au cou une médaille sacrée. Tous les prêtres sans exception avaient été tués dans des diocèses tels que celui de Barbastro.
En 1987 se déroulera la première béatification, celle de trois sœurs carmélites. Les évêques espagnols ont par la suite présenté des dossiers de béatification portant sur dix mille néomartyrs et en octobre 2013 eut lieu la béatification de 526 martyrs à Tarragone.
On consultera à ce propos l'ouvrage de l'historien et journaliste espagnol Santiago Mata "Holocausto católico" (éditions "La Esfera de los Libros"), une étude de la répression des chrétiens en Espagne au XXème siècle : plus de dix mille chrétiens avaient été tués en Espagne dans les années 30, lors de la terreur communiste.