Après le grand succès du concert avec pour soliste le réputé violoncelliste Gautier Capuçon, c'était il y a une semaine l'embarquement à bord de l’Hermione, particulièrement réussi par les Amis de l'Orchestre Symphonique du Pays Basque - Iparraldeko Orkestra pour une magnifique soirée musicale et gustative destinée à présenter les concerts de la nouvelle saison.
Succédant à ses prédécesseurs Dominique et Jean-Louis Requena, le nouveau président de l'association, Christophe de Dreuille, semblait très à son aise pour passer d'un navire à l'autre, de "l'Alba" amarrée à Ciboure, à l’Hermione en cale sèche à Anglet, et des corsaires luziens aux négociants bayonnais, en maître-d'oeuvre de cette belle soirée donnée à bord de la frégate de Lafayette - aux prises non point avec les Anglais, mais en lutte contre un champignon invasif sur sa coque dont le bois n'avait sans doute pas été suffisamment immergé avant la construction du bâtiment...
L'élu Anton Curutcharry, président du syndicat gérant l'Orchestre, soulignait l'importance de sa diffusion musicale vers l'intérieur du Pays Basque et le directeur de notre conservatoire régional, Edgar Nicouleau, témoignait de l'étroite liaison de la phalange musicale avec l'institution pédagogique.
Mais c'est le violoncelliste Yves Bouillier, à l'âme pétrie de son expérience à la tête de l'Ensemble Orchestral de Biarritz et de ses connaissances érudites du monde musical qui donna réellement le "la" de cette soirée : il dirigea avec ses habituels talent et entrain les deux formations - l'une à cordes, et l'autre à vents - de l'orchestre qui se répondaient à qui mieux mieux pour interpréter des extraits musicaux des futurs concerts, pièces entrecoupées de ses savantes présentations, non dénuées d'humour à l'occasion...
Parmi les quelques élus présents, le député Vincent Bru, en mélomane averti, et l'adjoint à la culture bayonnais Yves Ugalde, qui ne manque jamais de témoigner de son vif esprit dans ses billets quotidiens :
"tandis que la nuit s'était installée sous un ciel de croisière, le nouveau professeur de chant du conservatoire, la soprano Odile Heimburger, est sortie du ventre du bateau, telle une "femme sirène", dans sa robe fourreau d'un bleu profond, ornée de volutes argentées. Et là, d'un coup, la soirée a tout autant touché au sommet qu'à l'exception. C'était là et pas ailleurs que je devais me trouver. Je sais que j'avais faussé compagnie aux résultats du budget participatif de ma ville, mais, qu'on me le pardonne ou pas, j'ai tutoyé le bonheur absolu.
On m'avait parlé d'une voix "colorature" exceptionnelle, venue se poser ici - je l'espère pour longtemps !- mais je ne l'imaginais pas à ce degré de dramaturgie et de virtuosité. Là, dans cette intimité de cale, la Traviata chantait sa douleur de courtisane acceptant d'être éconduite pour ne pas entacher la réputation bourgeoise de son amant.
L'inversion spatiale radicale de toutes les scènes répertoriées, dites "du balcon", donnait à la voix de Violetta, alias "dame aux camélias", une bouleversante présence. En s'appuyant, pour des raisons exclusivement scéniques et de positionnement de ma personne, bien évidemment, sur ma présence à quatre reprises (et oui, j'avoue les avoir comptées !), la cantatrice a fait de moi son Alfredo. J'ai au moins eu cette illusion fugace, qui, mêlée à la douceur du soir et à l'étrangeté du lieu, fait pour transporter après tout, m'a fait voyager dans le temps et l'espace de Marguerite Gautier.
Tout cela ne fut qu'illusion bien sûr, mais la rencontre du chef d'oeuvre de Verdi avec cette étonnante et belle Violetta, emprisonnée dans une passion amoureuse noyée dans sa maladie fatale, au fond du navire du Marquis de La Fayette, aucun metteur en scène n'en aurait eu le génie. Et puis, j'en suis, sûr, Violetta a un peu chanté pour moi. Il faut dire que j'étais parti pour rêver..."
Andres, un beau jeune "officier" du navire en tenue de l'époque de La Fayette qui avait vogué jusqu'à nos rivages basques depuis sa Colombie natale invitait à goûter le savoureux buffet qu'accompagnait harmonieusement le millésime 2017 de mon vin, le château Miller La Cerda...
Et pour la suite de sa saison si brillamment initiée, sous la direction de Jean-Francois Rivest, l’Orchestre du Pays Basque donnera encore des concerts jeudi 1er décembre, Église de Saint-Palais / Vendredi 2 décembre, Église d'Hasparren / Samedi 3 décembre, Église d'Ascain (Symphonie no 59, Le Feu, de Joseph Haydn, Concerto pour trompette en mi bémol majeur de Jan Krtitel Jiri Neruda, et la Symphonie no 7 en la majeur, op. 92 de Beethoven). Sans oublier le concert du Nouvel-An sous la direction de Victorien Vanoosten avec des airs d’opéra, les samedi 7 et dimanche 8 janvier à la Salle Lauga à Bayonne.