Le 26 juin à Saint-Jean-de-Luz, le peintre Sistiaga s'est éteint à l'âge de 91 ans.
Fils unique, l'artiste autodidacte José Antonio Sistiaga né en 1932 originaire de Saint-Sébastien s'était initié à l'art abstrait dès son plus jeune âge. Fils d'un gauchiste républicain qui avait effectué trois ans de prison lors de la guerre civile suite à la dénonciation d'un curé, il voua toute sa vie une rancune féroce vis à vis de l'Eglise. Afin d'effacer ses souvenirs malheureux de la guerre civile qui l'avaient traumatisé, il avait choisi de s'établir définitivement à Ciboure. Il resta cependant fidèle à sa ville natale où il possédait un atelier.
En 1966, José Antonio Sistiaga fut l’un des précurseurs du groupe avant-gardiste basque « Gaur ».. Les huit membres du groupe, Eduardo Chillida le plus connu, puis Jorge Oteiza, Nestor Basterrechea, Amable Arias, Jose Luis Zumeta, Remigio Mendiburu, Rafael Ruiz Balerdi et José Antonio Sistiaga, s'appuyaient sur le passé, le présent et le futur. Jeunes en quête de reconnaissance et antifranquistes, ils prônaient une « école basque » dont ils fêtaient la résurrection. En 2018, Sistiaga, dernier représentant du groupe Gaur en vie, avait participé à l’exposition Gaur 1966 présentée par le Musée Basque et d'Histoire à Bayonne.
Dans sa jeunesse, Sistaga avait commencé une formation artistique en copiant les tableaux au Musée de San Telmo de Saint-Sébastien. Puis il se rendit à Paris où il s'installa de 1954 à 1961 et où il rentra les artistes des mouvements d'avant-garde. Son œuvre « Paisaje vizcaino », datée de 1954, illustra la découverte de la peinture du russe Vassili Kandinsky, l'un des pères de l’abstraction.
En parallèle à cette époque, Sistiaga s'initia aux techniques de films d’animation de Norman McLaren. S’inspirant de ces procédés, il peignait des aplats aux intensités de couleurs différentes sur des films, selon le son.
En 1968, il créa son premier film expérimental « De la lune à Euskadi » en utilisant des encres et des techniques naturelles pour gratter la pellicule, avec par exemple du sable. Deux ans plus tard, il se fit remarquer à l’exposition des artistes basques de Mexico en 1970.
A cette époque, il s’établit définitivement à Socoa tout en gardant un atelier à Saint-Sébastien où il dirigea des ateliers de peinture libre et enseigna la méthode Freinet d'expression libre.
Créateur de films peints à même la pellicule, les œuvres murales cosmiques de ce voyageur de l'imaginaire avaient inauguré en 2015 le « Didam », nouveau lieu d’expositions artistiques et des projets architecturaux de la Ville de Bayonne, destiné à remplacer l’ancien « Carré Bonnat ».
Jusqu'à son dernier souffle, il n'avait pas cesser de peindre entre Ciboure et Saint Sébastien. Son oeuvre picturale et cinématographique s'inscrit dans l'art gestuel de l'abstraction lyrique. Avec Sistiaga, dernier membre de Gaur, une page de l'histoire de l'Art basque se tourne.
Légende couverture : En 2018, à l'occasion de l'exposition en mémoire du groupe Gaur, le dernier survivant Sistiaga présentait le catalogue de l'exposition.