Pierre Inchauspé prêtre né à Errekaldia de Saint-Jean-Le-Vieux était un prêtre diocésain dans la veine et la ferveur de cette génération.
Ordonné en 1953 après des études à Ustaritz et Bayonne, il devient successivement professeur, vicaire de paroisse, aumônier de lycéens et curé en diverses paroisses francophones. Car il avouait n'avoir jamais appris le basque et être issu d'une des plus vieilles familles basques de Garazi. Autres temps qui ont changé depuis lors.
Il était le neveu direct de l'abbé Jean Léon Luro, un des premiers aumôniers des Basques des Etats-Unis, retiré à Hasparren et au parcours de vie d'aventure en Amérique du Nord où il regroupa des Basques disséminés dans 50 Etats américains, par ses déplacements ininterrompus.
Pierre ne quitta jamais son diocèse d'origine mais changea de public et de mission tous terrains et tous azimuths, en effet des jeunes, aux fonctions sanitaires, de la vie paroissiale de Bayonne, Mauléon ou de Biarritz, il se mit à la disposition de la diversité humaine avec un rapport personnel au grand cœur. Il aimait les gens avec une tendresse particulière, chaleureux et respectueux des différences de vie et d'opinion.
Il avouait que les jeunes parfois le perturbaient dans leur mode de vie et de pensée, mais il n'en jugera aucun. Par une exclamation tendre, il disait : ils vont faire leur expérience de vie par eux mêmes !
Dans ses colères parfois réelles, il ne renonçait pas à revenir sur son tempérament impétueux et soumis à une santé qui lui posait parfois des revers.
Un de ses anciens étudiants, psychiatre parisien exercé auprès de la Cour d'Assise de Paris, me dit que ce prêtre à l'heure de l'adolescence au temps du Lycée Cassin de Bayonne lui avait appris la tolérance et la bienveillance, deux traits de la vie qu'il dut exercer dans le métier du thérapeute qu'il sera.
Le mot moderne de la sympathie devenu empathie correspondait à sa personne pour des gens souvent loin des cultes et religions. Un père spirituel qu'il fut dans l'activité de son ministère et de la maison de retraite Arditeya de Cambo au terme d'une fin de vie parfois pénible pour certaines personnes malades ou agées, Pierre au grand cœur avait le regard de toute tendresse qui seul permet de passer ce seuil de la vie à tout un chacun.
Revenu à Saint-Jean-le-Vieux - l'église de son baptême - à 98 ans, il se retira comme un pèlerin de Saint Jacques dont il appréciait le chemin de la foi, en route et en cours, longuement.
Il porta le titre d'archiprêtre, donné aux prêtres de la tradition, abandonné depuis pour celui de curé mais sans l'avoir avoué, il ne rechignait guère à entendre évoquer son nom et sa fonction. Mgr Molères en fit le dernier archiprêtre du diocèse. Pour l'heure.
Luzaz eta luzea izandelakoz zurea, ez dugu ahantziko zure bihotz oneko artea behar handitan direnentzat eta gaiz berezietan bururatzen duten biziarentzat. Agur zuri!