A l'initiative de la délégation des Pyrénées Atlantiques de l'Ordre de Malte, vendredi dernier 17 mai était organisée dans l'église Saint-Jean Baptiste à Saint Jean-de-Luz une messe pour commémorer le XXème anniversaire de la béatification du bienheureux Charles d'Autriche dont une relique était exposée au pied de l'autel.
Une nombreuse assistance était présente (près de 400 personnes) à la messe présidée par Monseigneur Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron.
Suivit une conférence sur le bienheureux Charles d'Autriche, dernier empereur d'Autriche, donnée par S.A.I.R. l'archiduc Carl Philipp de Habsbourg, son petit-fils, accompagné de son épouse Annie-Claire qui évoqua la vie tragique et glorieuse de son grand-père.
A cette conférence était associée l'Impératrice Zita, épouse de l'empereur et dernière reine de Hongrie.
Elisabeth Montfort, auteur de nombreux ouvrages et ancienne députée européenne, évoqua la vie exemplaire de l'Impératrice, un exemple d'amour et de fidélité.
Pendant son exil, l'Impératrice Zita vécut plusieurs années au Pays Basque espagnol, en particulier à Lekeitio.
Précisons que l'empereur Charles d'Autriche était chevalier de l'Ordre de Malte ainsi que de nombreux membres de la famille Habsbourg. Et c'est le prince de Habsbourg, plus connu sous le nom de Charles Quint, qui attribua l'archipel de Malte en 1530 aux chevaliers de l'Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, plus connu aujourd'hui sous le nom d'Ordre de Malte.
NDLR : Quant à la dernière impératrice d’Autriche, que l’on surnommait « la dame en noir » pour avoir porté le deuil de son époux l’empereur Charles, décédé sur l'île de Madère où la famille résidait après la chute de l’Empire à l’issue du premier conflit mondial, elle avait pu se réfugier en Espagne grâce au soutien du roi Alphonse XIII qui leur avait envoyé un navire pour les acheminer dans la péninsule. Il s'agissait du navire de guerre "Infanta Isabel" qui accosta à Funchal pour emmener à Cadix et Séville la famille impériale qui sera ensuite escortée au Palais du Pardo, près de Madrid, où Zita donnera naissance à sa plus jeune fille, l'archiduchesse Elisabeth, huitième de la fratrie. Le roi d'Espagne propose alors aux Habsbourg-Lorraine l'utilisation du palais Uribarria à Lekeitio, sur la côte de Biscaye.
La famille marqua d'abord une étape à Saint-Sébastien où elle logea dans un palais de la rue Oquendo où se trouve aujourd'hui l'église des pères capucins (ALC).
Voyez notre article :
https://baskulture.com/article/zita-la-dernire-impratrice-dautriche-au-pays-basque-3032
Malte dans le patrimoine basque par Alexandre de La Cerda
Sans doute en raison du passage de nombreux pèlerins de Saint-Jacques, la célèbre croix de Malte est très présente au Pays Basque. D’abord croix blanche à huit pointes apposée sur la tenue noire des desservants de l'hôpital de Saint-Jean Baptiste à Jérusalem, elle a ensuite été utilisée par l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem sur un fond rouge, comme pavillon de sa flotte. Ces couleurs rouge et blanche conservées sur le drapeau actuel de l’Etat maltais reprennent d’ailleurs celles de la bannière du comte normand Roger Ier de Sicile qui régna sur l’île au XIe siècle.
Les vestiges des commanderies et maisons dépendantes de l’Ordre sont innombrables : à Haranbeltz, quartier d’Ostabat où convergeaient les pélerins venant des trois routes « jacquaires » (Paris, Vezelay et Le Puy), le tympan décoré du XIIe siècle qui surplombe la porte de la chapelle présente un chrisme surmonté d’une croix de Malte. La croix figure sur des meubles régionaux des XVIIe et XVIIIe siècle (par exemple au château d’Urtubie).
Parmi les nombreuses étapes sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle, signalons encore la maison-forte « Pellegrinia » près de Saint-Palais qui joua un grand rôle dans l’essor économique de la foire (millénaire) de Garris, d’où provient une cheminée à la tête sculptée de moine portant la croix de Malte et le collier de l’Ordre.
Dans la montagne navarraise, la chapelle Saint-Sauveur d'Iraty relevait de la commanderie de Malte d'Apat Ospitalea, dépendant elle-même de celle d'Irissarry ; l’actuelle église paroissiale de Tarnos, ancienne commanderie-hôpital des Chevaliers de Malte, fortifiée au XIème siècle afin d’accueillir les pèlerins qui suivaient le chemin du littoral, tout comme « l'Espitaou » d’Horsarrieu dans la Chalosse voisine, mentionné dès 1335 et qui subsista jusqu’à la Révolution ; à Arthez-de-Béarn, la Chapelle de Caubin (du XIIe siècle) était une commanderie de l’Ordre de Malte sur le chemin de Compostelle.
Mais le monument le plus emblématique et le mieux conservé demeure, certes, « Ospitalea » à Irissarry. Fondée au XIIème siècle par les hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, elle fut reconstruite à partir de 1605 (cette date est inscrite sur la porte sud et s’accompagne d'une croix fleurdelisée et de trois croix de Malte que l’on retrouve sur le linteau d' une fenêtre à meneau du premier étage).
Son commandeur, Martin de Larrea en fit à l'époque un des plus beaux bâtiments de Navarre avant qu’elle n’abrite le Centre d'Education au Patrimoine créé en 2002 à l'initiative du Conseil Général.