A quelques jours du 3 octobre date anniversaire de la vie de François d'Assise aux facettes plurielles d'un enfant de l'Italie des artistes et des spirituels.
Que sont donc les stigmates ou les stigmatisés aux yeux de la foi et de la médecine aujourd'hui ?
Pour le cas l'interprétation de ce phénomène physico psychique varie de la foi des uns et de l'hystérie religieuse des autres, selon l'intérêt ou l'observation obtenue de ces phénomènes.
Dans le langage artistique la personnalité singulière de Francesco de Assisi a attiré l'imaginaire des peintres d'époque, portraitistes pour aujourd'hui fascinés par la scène elle même si proche de celle du Christ en croix.
Domenico Ghirlandaio (1448-1494) ne résista à peindre Saint François recevant les stigmates sur le Mont de la Verna il y a 800 ans, le 17 septembre 1224 (notre illustration de couverture). Francesco s'y réfugia pour prier, avec quelques compagnons, lorsqu'il vit devant sa cellule "descendre des hauteurs célestes un séraphin ayant six ailes de feu, toutes resplendissantes". Le fondateur des Franciscains comprit que "la providence lui faisait jouir une faveur, que ne s'agissant de martyriser son corps, son âme s'embrasait et ressemblait au sauveur crucifié". Propos de ses biographes.
La vision disparut mais les empreintes de son corps demeurèrent sur les mains et le côté. Saint Bonaventure relate en théologien son observation spirituelle du phénomène.
"François descendit de la montagne, portant avec lui l'image de son Seigneur, crucifié, image non gravée sur la pierre, ou le bois par la main de l'ouvrier, mais imprégnée en sa chair par le doigt du Dieu vivant". Au XIIIème siècle, on se plut à l'exposer ainsi.
Le pape Benoît XVI, fasciné depuis par ce phénomène mystique exceptionnel qui au demeurant marqua et Francesco et Catherine de Sienne, soulignait que "la contemplation du crucifié possède une efficacité extraordinaire parce qu'elle nous fait penser des choses pensées à l'expérience vécue, du salut espéré à la patrie bienheureuse. Il ne suffit pas de se déclarer chrétiens pour être chrétiens, pas plus que de chercher à accomplir les oeuvres de bien, Il faut se configurer à jésus à travers un effort lent et progressif de transformation de son propre être, à l'image du Seigneur, pour que par la grâce divine, chaque membre de son Corps à Lui qui est l'Eglise montre la ressemblance nécessaire avec le Chef, le Christ Seigneur" !
Dés lors, l'inspiration fut intense chez les peintres et les artistes italiens, dont Dominico Ghirlandaio qui entreprit non loin de la Toscane, à Florence, de réaliser un cycle de fresques narrant la vie du saint. L'artiste était un fin pinceau parmi ses pairs, remarqué, distingué et admiré : à Santa Fina à San Gimignano en 1475, à la chapelle Sixtine de Rome en 1481-82, et à Florence, à la Sala Del Gigli du Palazzo Vecchio en 1482, ses œuvres lui avaient déjà procuré une réputation de maître et d'auteur reconnu.
Le peintre réalisa ainsi en sa chapelle familiale un ensemble de fresques complétées par un retable représentant l'adoration des bergers et encadré par les portraits des commanditaires, comme cela se faisait à l'époque - Nera Cirsi Sassetti et Franceso Sassetti -.
Le peintre reconnaissait ainsi sa dette envers les créations des débuts de la Renaissance. "Le cycle est fourni de six épisodes de la vie de François d'Assise, à savoir le renoncement aux biens de ce monde, la stigmatisation, la confirmation de la règle franciscaine, saint François ressuscitant un enfant, l'Epreuve du feu devant le sultan, la mort du saint, disposés comme en une autre chapelle, Brancacci, peinte par Masaccio en 1225-28 sur deux registres superposés".
Les chroniqueurs ajoutent à la peinture de l'artiste et à son esthétisme affiché pour la personnalité du Poverello des détails profanes de la vie à Florence, sur les mécènes et leurs demandes obtenues sur les fresques. Particulièrement à propos de la confirmation de la règle franciscaine..
"François stigmatisé est représenté dans une sobriété biblique, austère, au décor dominé par la colline de l'Alverne, tandis que Pise se laisse deviner au loin. François est représenté accompagné d'un cerf, d'une biche et d'oiseaux, un genou à terre, les mains adorantes, regardant le ciel comme un crucifié devant son seigneur."
Comparé à un autre artiste sculpteur, Benedetto de Maiano sur la chaire de Santa Croce après 1481, la scène inspire chacun de ces auteurs dans leur registre.
Point de rapport à l'histoire événementielle ou de l'exactitude ponctuée du temps en ce temps médiéval mais de la profondeur et de la dimension du message contenu dans la peinture.
Ni cellule ni autre fioriture selon le récit corrigé par Bonaventure dans ses biographies officielles mais liberté inspirée du peintre qui s'appropriant Francesco de Assisi en fait un proche de Florence et de son environnement et des témoins d'époque !
La date du 3 octobre nous rappelle cette personnalité particulière italienne et mystique de ce temps et du nôtre par ses aspects audacieux !