Après Moscou où le réalisateur Wladimir Bazynkov achevait de tourner un film avec des vues de la fresque de Vrubel à l’hôtel « Métropole » d’après la « Princesse lointaine » d’Edmond Rostand (voyez notre « Lettre » du 6 mars), un voyage dans les confortables trains russes (avec un personnel jeune, prévenant et souriant dans chaque wagon) vers Vologda, la capitale culturelle du Nord où après avoir redonné ma conférence sur l'ambassade russe de 1668 en Espagne et en France (prononcée d'abord à Moscou devant les étudiants de la Faculté des sciences humaines et sociales / département de journalisme de l'Université fédérale URAP /РУДН), j'ai inauguré une très belle exposition de peinture Axirov dans la magnifique Galerie du Pont Rouge (dont j'étais l'invité d'honneur) : j'ai rappelé, entre autres, « le lien privilégié qu'entretenait souvent chaque artiste ou écrivain avec sa patrie en prenant pour exemple le Pays Basque et la relation de ses grands plasticiens Chillida et Oteiza à l'art rupestre si particulier dans notre région. Ainsi, chaque pays ayant sa propre tradition, j'avais remarqué dans les nations nordiques que la nature explosait plus brusquement et brillait immédiatement d'un éclat plus vif que dans nos contrées, mais plus brièvement. Et chez nos hôtes, les peintures de la "dynastie" Aksirov, pleines de vie et de joie, se ressentaient de ce jaillissement de couleurs, en faisant penser à l'art des impressionnistes français »... Prolongé - comme souvent en Russie - par un mini-récital au piano (Chopin, etc.), le vernissage s'achevait sur un dîner aussi bon que convivial...
Vologda, qui a failli être "capitale russe" sous le tsar Ivan le Terrible qui y fit construire un Kremlin avec la cathédrale Sainte-Sophie bâtie en pierres blanches (1568) et, au bord de la rivière (homonyme de la ville), le monument à l'écrivain Constantin Batiouchkov dont on peut entendre le merveilleux poème « Тень друга » ("L'ombre de l'ami") traduit en français sur https://www.youtube.com/watch?v=6U7xMGH3FdE
Parmi les musées visités (des Arts anciens, avec de magnifiques icônes ainsi que des vêtements traditionnels et des parures anciennes, ou celui de la Broderie), les églises et la belle architecture en bois de nombreuses maisons encore conservées et aujourd'hui restaurées, je signalerai d'abord l'immeuble de l'Assemblée de la Noblesse datant de 1840 qui abrite actuellement la Philharmonie, première vision qui s'offrit à mon arrivée en ville car disposé en face de l'excellent hôtel Angliter où je m'arrêtais avec mes amis. Visite passionnante également, pendant mon séjour, de la maison où l'empereur Pierre le Grand séjourna à plusieurs reprises : construite en pierres à la fin du XVIIème siècle par les négociants hollandais Houtman, son entrée est surmontée du blason des "Sept-Provinces-Unies des Pays-Bas" et elle abrite une collection unique d'objets de Pierre Ier, tels que ses vêtements (veste, pantalon), masque, coupe du généralissime A. D. Menchikov, chaises et poêles hollandais décorés de carreaux de faïence du XVIIe siècle, armes (fusils, carabines...), mains en bronze de Pierre Ier, cottes de mailles, chandeliers, etc. Présentation du monument remarquablement mise en scène - en habit de Pierre Ier - par Anatoli Ehalov, également auteur d'un recueil de récits et de poèmes intitulé "Enfance dorée" qu'il m'a dédicacé...