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Réel et virtuel de la modernité ? Faits, images et commentaires
Réel et virtuel de la modernité ? Faits, images et commentaires

| François-Xavier Esponde 1426 mots

Réel et virtuel de la modernité ? Faits, images et commentaires

A l'heure de l'image omniprésente, des réseaux sociaux dominant l'information conventionnelle, la vérité du réel se trouve déclassée par le pouvoir véhiculé des images prédominantes sur le commentaire. A chacun selon "son self prime" de choisir la vérité qui lui sied. Et dans un univers spirituel élargi à l'imaginaire et aux croyances personnelles, la vision ou l'illusion du perçu prime sur l'exactitude possible des faits retenus. La course poursuivie des images dans la rapidité du défilé de leur passage trouble le sens commun, car comme bien souvent compris, le montage imagé de toute information de par la qualité du support obtenu, fait croire que le plausible est vraisemblable et dès lors vrai :

A chacun dans cet univers imaginaire de penser et de croire sa vérité qui par le fait sera retenue et reconnue comme telle. Apparition, vision et illusion rendront toute force suggestive de l'esprit comme vérité et certitude.

A - Images religieuses et virtuelles

Plus les contemporains que nous sommes s'éloigneront des référentiels religieux classiques des saints et des témoins consacrés comme tels, plus le royaume des revenants, des spectres et d'ombres aux accents lumineux ou obscurs flotteront à la surface de la terre et habiteront notre imaginaire virtuel. Car s' ils ne disparaissent des plants d'observations, ils se déplacent dans le narratif..

Les lémures de l'Antiquité romaine existaient dans l'imagination des témoins mais aucun d'entre eux n'eut voulu froisser leur influence sur les comportements humains, fait à la fois de révérence et de crainte.. De même pour "les wilis" chez les slaves agissant sur l'esprit et dont la menace demeure une prise de possession de la liberté de quelque individu sous  leur pression  Le rendu de la croyance à ces phénomènes sensitifs et invisibles devient la revanche à  la pensée positive moderne, qui face à de tels phénomènes dubitatifs réagit par la prudence ou le renoncement  à y  croire, faute de nier leur existence conforme à. l'adopter Les bruits de fond sonore emplissaient les récits de châteaux hantés du Moyen age. On les attribuait au courant d'air, oui de toute évidence si les portes étaient restées ouvertes ou fermées,  à l'idée de ne vouloir les imaginer !

On prétendait que des objets pouvaient se mouvoir dans un appartement, comme de ces fantômes qui n'existent pas mais se manifestent cependant par des mobilités, des sons, des voix inaudibles à l'entendement :

Il suffisait sans doute d'y croire pour le penser vrai comme aujourd'hui pour nombre de fake news, anglicisme français pour le cas. Ceux qui y adhèrent étant par ailleurs parmi les esprits sceptiques à toutes autres influences spirituelles ou mystiques de leur entourage ! Cependant enclins à ces variables de vérité mutante de situation.

Plus on se rapproche de l'orient aujourd'hui encore, plus le langage de telles réalités perdure dans le fantôme chez les grecs, ou les phantasmes chez les latins. Une illusion de l'esprit qui est rapportée dans des textes archivés en 1165 au XII ème siècle, "d'êtres vaporeux ou imaginaires emplissant le ciel de leur figures singulières." Des nuages, des vapeurs, des émergences ? Qu'importe pour l'imagination que de les penser.

Ne demandez pas à un météorologue astrophysicien de vous qualifier cet être visuel observable dans l'éther du monde ? Il produirait des graphiques expliquant leur composition sans préjuger de leur quelconque intervention dans l'imaginaire des témoins de ces êtres célestes.

B - Des réalités atypiques

Ces êtres ayant bien souvent pour leurs témoins le pouvoir de voler, de s'envoler, libre des apesanteurs rapportant le souvenir de tous les souvenirs disparus de notre histoire. Nos origines et parentés, notre patrimoine naturel et culturel, nos pensées et croyances en cours de métamorphose permanente.

On présume du travail de réflexion qu'un tel entrelacs d'informations peut donner à un psychiatre analyste de telles ressources spirituelles. Pour le visionnaire qui vit de telles provisions de l'esprit, le choix de l'interprétation est illimité et libre.

On apprit jadis le récit du fantôme raconté par Pline le jeune dans l'antiquité de la maison hantée du philosophe. Les attaches et fers aux pieds, le goût de liberté et le pouvoir d'exister de l'auteur du mythe, reste une forme d'interprétation de la vie spirituelle confondue quelles que soient les époques de l'histoire de toute  vie soumise aux mêmes contraintes.

On disait aussi  que le choix du blanc comme couleur mortuaire des disparus signifiait aussi le désir de se concilier avec le noir contrasté du trépassé, et les grâces des forces invisibles de la mort qui ajoutent de l'angoisse à la disparition elle même d'un familier.

Selon une enquête faite en France en 2000, 13 % des personnes croient aux fantômes, 21 % au Québec, 50 % à Hong Kong, 51 % aux Etats Unis, chiffre battu par les 58 % au Royaume Uni ! Pays d'excellence des mages, des druides et des fantômes dans la littérature romancée anglaise.

Dès lors la croyance existerait pour tout visionnaire convaincu de telles réalités imaginaires pour d'aucuns, ou légitimes pour d'autres ?

L'épreuve de toute mort humaine renoue sans cesse le lien du corps et de l'âme du disparu et du survivant. Par delà toute croyance même comme étant d'un phénomènes naturel.

On prétend qu'à ce jour encore c'est en Egypte , dans cette civilisation antique et millénaire qu'une telle pensée élaborée entre le corps, l'esprit, l'ombre ou du double s'est développée et enrichie de littérature orale ancienne. autour sans doute de "la barque solaire" qui vient reprendre pour un tel firmament l'âme du disparu au terme de son châtiment de vie terrestre. Dans la fine culture des pharaons de l'antiquité.

Ne sourions pas de la candeur mythologique de la dite croyance. les nôtres modernes font état de grande pénurie en ce cas et de manque de profondeur aujourd'hui..

En 2011 au British Museum à Londres on fit la découverte d'une tablette de trente cinq siècles d'âge, contenant des rituels, des illustrations et des incantations adressées aux dieux babyloniens à l'heure de la mort. 

Ulysse en dialogue dans l'Odyssée est riche de ces échanges spirituels dès ce VIIIème siècle avant notre ère en Grèce ?

Sophocle au IVème siècle avait lui aussi relevé ce dialogue dans ce ton de la tragédie d'Electre et d'Ajax d'un genre quelque peu oublié par nous tous contemporains  Citons ces vers qui sont un verset spirituel de l'auteur, "Je crois que nous ne sommes nous tous qui vivons ici, rien de plus que des fantômes en quête d'ombres légères"!

Autre ton et autre contexte Pline le Jeune 51-114 de notre ère cite la maison hantée habitée par ces forces invisibles et craintes par ces contemporains. 

On les désignait ainsi comme des frappeurs, des ombres, des revenants, dans un versus spiritiste d' une perception réincarnée ou maléfique de telles forces, que certains appellent encore les mauvais yeux des mauvais génies, S'agissant de retrouver dans la littérature antique et orientale bien de telles sources imaginaires comme en Egypte encore, auxquelles les occidentaux donnent du change et de la demande sans cesse.

Le monde des médiums modernes ne se prive de proposer de telles ressources à la pensée par le yoga ou d'autres exercices mêlés de corporalité et de moyens de substitution . Les produits hallucinants y trouvent leur public, dans un temps de modernité où croyait-on ce tout faisait désormais partie de souvenirs déclassés. ? Pas pour tous !

Les dames blanches figuraient jadis dans ces images de fantômes, on y associait les lavandières qui dans leur lavoir blanchissaient leur linge et entretenaient leurs rites et croyances mi sorcières mi romancées. Le monde des faits divers, des incendies ou des accidents maintenaient ce paravent entrevu des nouvelles mêlées de sorcelleries, de consultations, de voyances, de superstitions  On y excellait dans les récits de rapports para normaux , d' ubiquité, de télépathie, et de bilocation.. En somme voulant imaginer son propre double amplifié dans des périodes douloureuses d'une existence. 

Réel et virtuel se confondaient parfois dans des réseaux alambiqués hors les canaux présents du numérique et de l'informatique à grande échelle mais désormais le contraste patent entre les facultés de l'intelligence artificielle IA à créer de tels récits confrontés à la vérité des choses appelle un rapport à la réalité totalement nouveau. Par le son, le texte et l'image contournés, on peut en effet dire et opposer les faits aux commentaires et les commentaires à la propre réalité des faits. Dès lors quelle valeur donner aux faits et aux commentaires dans ce charivari sémantique ?

Beaumarchais avait dit pour l'homme de presse : "les faits sont sacrés, les commentaires libres", le pouvoir numérique permet-il  d'en inverser désormais le rapport pour lui même ?

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