1 – A toute époque, selon les récits historiques, la barrière naturelle du massif des Pyrénées était un mur redoutable pour tous les assaillants des deux versants. Du temps des Romains, jusqu’à des époques plus récentes, traverser les montagnes pyrénéennes à pied, à cheval, en train, par les airs, semblait un défi humain qui a connu toutes les aventures du passé.
Comme relaté dans les récits passés, le couloir naturel du Somport que les troupes de soldats empruntaient avec leur matériel, avec crainte et tremblement selon les chroniques, car l’ennemi réel ou fictif pouvait se loger dans les cavités et les crevasses des montagnes, et faire irruption et détruire tous les assaillants de cette majestueuse barrière naturelle, imprenable et défensive. On utilisa de la sorte la montagne défensive ou offensive selon les époques.
Le récit – légendaire - pour une bonne part de Roland et de Charlemagne demeure dans la mémoire écolière des enfants qui de la sorte fantasmaient en sus le rapport des humains dans cette antre terrienne, où habitaient pour tout un chacun un univers de songes, de génies imprévisibles et menaçants.
Le Chemin de Saint Martin empruntait déjà la voie de Saragosse où les premiers pèlerins vénéraient la mémoire du saint défenseur de l’Europe d’antan, ibéro-gauloise du Haut Moyen Age. Les suivants, sur les pas de Santiago de Compostela, continueront le lacé des Pyrénées, par des voies multiples, selon des volontés pacifiques ou belliqueuses du passé, car dans l’âme de tout pèlerin, sommeillait également l’ambition croisée des soldats de la Foi, en route pour défendre la cité de l’Apôtre de la Galice antique, qui selon l’esprit du temps représentait la pointe extrême de la Terre connue, celle de l’Ibérie et de l’Europe telle qu’on la connaissait.
Tout le long du Moyen Age, l’administration des territoires des deux côtés du Massif Pyrénéen occupera les princes castillans, aragonais, navarrais, anglais et français.
L’histoire passée faite de conquêtes, de pertes d’influence et de divisions attribuera selon les époques quelque suprématie aux uns ou aux autres, gens du sud ou gens du nord, des sommets de la montagne qui se dresse toujours comme une sentinelle souveraine ou une forteresse imprenable de cette histoire.
Que n’a-t-on vu ainsi venir en ces terres, d’avant puis d’après les Révolutions en France et en Espagne, tout le long de ce XIXème siècle, les pires moments pour ses populations menacées chez elles par les armées de Napoléon, les Anglais, et les Espagnols entre eux ?
2 - Les Pyrénées seront toujours imprenables, une barrière défensive ou offensive selon les époques pour y assurer la protection des autochtones.
Leur accorder un tel bénéfice est dans le récit de l’histoire du passé. Aux heures les plus heureuses des Royaumes de la Navarre haute et basse française, jusqu’en ces terres béarnaises sous leur domination, l’appétence des hommes pour en assumer le privilège aura permis à des illustres d’une dynastie millénaire navarraise de devenir l’une des plus prestigieuses postérités au regard de l’histoire passée hispanique.
Une partie importante de notre passé franco-européen est le fruit de ces siècles écoulés, du bénéfice “d’une civilisation régionale” amplement ibéro-européenne.
Des récits de conquêtes, de l’arrivée de populations du sud européen, furent de l’apport de biens commerciaux venus d’Espagne, tel le chocolat par l’apport du cacao amérindien, du maïs, et d’espèces naturelles d’importation. La féconde intelligence des hommes permit de bénéficier pour notre propre avantage, ici, en nos pays, de ces produits de la Terre.
Il y eut bien le temps des guerriers, il y eut aussi le privilège des économies inter-dépendantes et conjuguées entre elles par le commerce terrestre et maritime de voisinage, du bois, de métaux, de la chaux, de biens manufacturés, par la suite, entre les pôles industriels les plus influents avec le nord de l’Espagne.
Elles emprunteront les voies des échanges terrestres, ferroviaires les plus modernes selon l’époque pour traverser ces Pyrénées « intangibles ».
Elles sont aussi le lieu de production de ressource en eau et en énergie hydro-électrique considérable pour l’histoire européenne. Dès le XIXème siècle, les Espagnols - sur les conseils des ingénieurs français - (avant les centrales électriques de notre région) surent exploiter la manne exceptionnelle de l’eau des torrents du massif, pour produire l’électricité nécessaire aux secteurs industriels en pleine croissance.
Elles constituent encore une richesse inestimable de bois, de forêts et de matériaux naturels premiers qui comptent en Europe et bien au-delà de nos régions concernées par leur exploitation. Les plus téméraires des écologistes diront des Pyrénées qu’elles demeurent « les poumons de l’Europe », protégeant de l’asphyxie des pollutions industrielles, et des espaces nutritifs de l’air et de l’atmosphère des populations des villes désormais en quête vitale de survie.
Les Pyrénées sont enfin le jardin de nutrition agricole des plus diversifiés dans ce sud européen. Terre de cultures, d’élevages et de fabrications de productions dérivées de lait, de viande, de fromage et de produits lactés, l’Europe n’a jamais cessé d’y encourager le travail des hommes. Le nombre et la qualité spécifique de ces réalisations sont une marque déposée de ce travail identitaire d’une région arrimée aux Pyrénées qui les portent et les nourrissent.