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Histoire
Quand le Pays Basque fête les saints Simon et Jude…
Quand le Pays Basque fête les saints Simon et Jude…

| Alexandre de La Cerda 558 mots

Quand le Pays Basque fête les saints Simon et Jude…

Mercredi dernier, 28 octobre, on fêtait les saints « apôtres » Simon et Jude… Surnommé « le Cananéen », Simon fut l’un des douze apôtres, tout comme Jude, également appelé Thaddée pour le distinguer du traître Judas Iscariot (l'Église arménienne revendique son titre d'« apostolique » en faisant remonter ses origines, entre autre, à l’apôtre Jude Thaddée). Quant à Bayonne, c’est au XVIème siècle que la capitale du Pays Basque Nord avait initié des processions en l’honneur de Saint Simon et Saint Jude : plus précisément depuis ce 28 octobre 1578 qui suivait de peu l'ouverture de la Barre alors que les eaux de l’Adour mêlées à celles de l’Océan auraient pu engloutir la ville à la suite du percement du canal par Louis de Foix afin de redonner vie au port bayonnais.

Mais en d’autres lieux du Pays Basque, on commémorait également « San Simon eta San Juda », en fonction d’une « sagesse climatique » bien ancrée parmi nos ancêtres si attachés à leurs terres et à la nature qui les enveloppe. En témoigne cette chanson reprise par Xabier Lete :
« San Simon eta San Juda
joan zen uda, eta negua heldu da: (bis)
ez baletor hobe, bizi gara pobre
eremu latz honetan
ez gara hain onak benetan
Ez dugu zaldirik, ez gara zaldunak
ez dugu abererik, ez gara aberatsak
euskara guk dugu, gu gara euskaldunak
euskara guk dugu, gu gara euskaldunak ».
(en français : Saint-Simon et Saint-Jude, l'été terminé, l'hiver est arrivé. S’il n’était pas arrivé, c’eut été mieux. Nous vivons pauvres dans cette nature agreste. Vraiment, nous ne sommes pas si bons. Nous n’avons pas de chevaux, nous ne sommes pas des « gentilshommes ». Nous n’avons pas de bétail, nous ne sommes pas riches. (Mais) nous avons la langue basque, nous sommes bascophones).

En Alava, la petite ville d’Amurrio (env. 10 000 hab.) avec ses aciéries comporte un quartier à flanc de montagne, pratiquement dépeuplé depuis l’urbanisation et l’essor industriel du centre : il s’agit du hameau d’Aldama où l’on continue de célébrer « San Simon eta San Juda » auxquels est consacrée une vieille chapelle qui a retrouvé sa cloche il y a quelques années (notre photo).

En Alsace également, on continue de fêter - le dernier week-end d'octobre - les deux saints apôtres  à Habsheim (près de Mulhouse) où leur est consacrée la traditionnelle « Foire Simon et Jude », un grand marché de textiles en tout genre, de produits du terroir et de l'artisanat ainsi qu’un concours de bovins qui amène veaux, vaches et autres bœufs au cœur de la ville.

Pour en revenir au Pays Basque, le changement de saison était encore illustré par les vieilles amatxis : « à Toussaint, la neige sur les hauteurs, à Saint-André, à nos pieds » !
Entre temps, il y avait encore « l’été de la Saint-Martin », avant que ne débute l’époque des pélères ou « tue-cochon »…

Quant à la version « ecclésiastique » de la fête, elle stipule que « Simon le Chananéen, qui fut nommé aussi le Zélé, ainsi que Thaddée, appelé encore dans l’Évangile Jude, frère de Jacques, auteur d’une des Épîtres catholiques, ont parcouru, l’un l’Egypte et l’autre la Mésopotamie, en prêchant l’Évangile. Ils se réunirent ensuite en Perse, où ils engendrèrent à Jésus-Christ d’innombrables disciples. Ayant répandu la semence de la Foi dans ces vastes régions et parmi des peuples barbares, ils firent resplendir ensemble d’un vif éclat le très saint nom de Jésus-Christ par leur doctrine et leurs miracles, et finalement par un glorieux martyre ».

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La chapelle d'Amurrio en 1924 ©
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Processions actuelles de San Simon eta San Juda à la chapelle d'Amurrio ©
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