Beaucoup de jeunes basques quittent le Pays Basque pour faire carrière ailleurs. A 32 ans, vous avez préféré revenir au pays de votre enfance, pourquoi ?

J'ai terminé l'école Normale Sup à Paris, période au cours de laquelle je fus l'une des plumes du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Puis j'ai débuté ma carrière en tant qu' enseignant en histoire et histoire de l’art à l’université Columbia de New York où j'ai préparé une thèse sur la constitution des collections archéologiques extra-européennes du musée du Louvre au XIXème siècle. Après sept ans aux USA, je suis retourné à Paris pour occuper ces trois dernières années le poste de conseiller en charge des discours et des interventions de la présidente du musée du Louvre Laurence des Cars. Ayant acquis suffisamment d'expérience  professionnelle, j'ai choisi volontairement de revenir au Pays Basque, pays de mes racines et où ma famille est établie à Saint-Palais, en Basse-Navarre, dans la maison édifiée par mon arrière-grand-mère. "La beauté du voyage, c'est un voyage de redécouverte", selon le poète américain Thomas Stearns Eliot : "Nous n'arrêtons jamais d'explorer, et le terme de toute exploration sera le retour au point de départ."

Votre enfance s'est déroulée au Pays Basque. Quel souvenir vous évoque le musée Bonnat à Bayonne, votre ville natale  ?

Je me rappelle qu'une visite exceptionnelle au musée Bonnat avait été organisée par l'instituteur de la classe de ma première école, l'Immaculée Conception à La Bastide Clairence, lieu où mes parents habitaient. J'avais été impressionné par cet intéressant musée, remarquablement mis en scène par son conservateur Vincent Ducourau. J'admirais aussi la générosité de l'artiste-collectionneur Léon Bonnat qui avait offert ses œuvres durant son vivant et légué toute sa fabuleuse collection à la Ville de Bayonne où il naquit en 1833. Ville natale où je suis né également en 1993.

Rappelons qu'en 2019, afin de fêter les 500 ans de la disparition de Léonard de Vinci et à l'occasion d'une exposition exceptionnelle au Louvre, le prédécesseur de Barthélémy Etchegoyen, en accord avec la ville de Bayonne, avait prêté au musée national parisien six dessins extraits de la collection du génie italien. A cette occasion, les Bayonnais et les amis du musée Bonnat-Helleu avaient pu visiter en priorité l'exposition dans des conditions exceptionnelles. Cette  collaboration avait permis à l'équipe du Louvre de faire  connaissance avec celle du musée bayonnais, un petit bijou qui renferme des chefs-d'œuvre.  

"Nous sommes le seul musée en France, en dehors du Louvre, à posséder des dessins de Michel-Ange, Léonard de Vinci et de Raphaël : les trois plus grands noms de la Renaissance italienne !" souligne Barthélémy Etechegoyen.

En novembre 2023 à Bayonne, suite à ces échanges prometteurs, une convention de partenariat avait été signée pour cinq ans avec Laurence des Cars, présidente-directrice du musée du Louvre et Jean-René Etchegaray, maire de Bayonne.  

Ce partenariat avec le Louvre est une grande opportunité pour le musée Bonnat-Helleu qui bénéficiera des conseils de mise en valeur des œuvres du plus prestigieux musée de France avec qui j'ai eu la chance de travailler et de garder d'excellents contacts. Nous organiserons des expositions dont celle de Goya qui aura lieu en principe en 2028. Nous pourrons également prêter et échanger nos œuvres à l'occasion des expositions avec le Louvre. Lors des prochains travaux de celui-ci, nous accueillerons en dépôt quelques uns de leurs chefs-d'œuvre en relation avec nos collections. Rappelons que ces dernières comprennent les legs de Bonnat  (ce dernier avait désigné comme légataire universel les Musées Nationaux avec obligation de dépôt au musée Bonnat), de Personnaz, de Petithory, de Cailleux et d'Helleu : elles seront disposées par ordre chronologique dans les nouvelles salles aménagées spécialement. 
Nous consacrerons également une pièce entière aux sept esquisses de Rubens, ces œuvres ayant été léguées en un lot par le général bayonnais Victor-Bernard Derrécagaix (1833-1915) au musée de Bayonne par l'intermédiaire de son épouse, en 1921. Aussi, à l'époque, après avoir été nettoyées et expertisées par le cabinet de restauration du Louvre, ces scènes dans le goût Antique commanditées par Philippe V d'Espagne furent authentifiées comme étant des chefs-d'œuvre peints de la main même du maître Rubens.

A Noël 2022, on se souviendra du prêt des sept esquisses de Rubens octroyé par le musée bayonnais au Musée Bellas Artes de Bilbao. Ce fut une intéressante  occasion de nouer un partenariat avec la célèbre institution.

Nous comptons développer des relations prioritaires avec le musée de Bilbao dont les travaux d'extension-rénovation s'achèveront sans doute en 2025-2026. Nous souhaitons établir également des échanges avec Miren Arzalluz, anciennement au musée Balenciaga à Guetaria puis responsable du Musée de la Mode au Palais Galliera à Paris, et à partir du 1er avril, directrice du Musée Guggenheim de Bilbao, qui a participé récemment aux Rencontres transfrontalières à Bayonne.