Христос Воскресе ! Воистину Bоскресe ! (Christ est ressuscité ! En vérité Il est ressuscité !)
Le patriarche de Jérusalem bénira l’envoi (par avion, et pour la vingtième année) du feu sacré à la veille de Pâques.
Car, chaque année, se reproduit ce miracle du Feu du Saint-Sépulcre qui descend le Samedi Saint, embrase en un instant une multitude de cierges et illumine la basilique de la Résurrection à Jérusalem.
Et le soir du 23 avril, à la veille de la Pâque orthodoxe, selon la tradition, le feu sacré sera apporté à la Russie depuis l'église du Saint-Sépulcre à Jérusalem : le Patriarche de Jérusalem lira une prière pour la paix en Terre Sainte et dans toutes les parties du monde où les conflits perdurent. En effet, chaque année depuis 2003, avec la bénédiction du primat de l'Église orthodoxe russe, la Fondation « Saint-André le Premier Appelé » livre le Feu sacré à Moscou, d'où des représentants des diocèses et des paroisses voyagent avec lui dans différentes régions de Russie pour le distribuer parmi les croyants dans tout le pays.
Et dans Moscou (ainsi que dans beaucoup de villes), des décorations festives orneront rues et vitrines à partir d’arrangements floraux et d’œufs de Pâques, arbres lumineux et affiches thématiques placées sur les panneaux d'affichage de la ville (y compris numériques) ainsi que certaines façades de maisons du Novy Arbat, l’artère commerçante de la capitale russe.
Dans toutes les églises orthodoxes, les officiants troquent à la mi-journée leurs noirs habits de deuil contre l'or et l'éclat pourpré annonçant l'allégresse qui retentira à la nouvelle du Salut. Aux lueurs finissantes de l'astre diurne, les fidèles s'assemblent à l'église. Ils disposent leurs œufs colorés, les « Paskha » (met pascal à base de fromage blanc) et « Koulitch » (pâtisseries cylindriques) qui seront bénies tout à l'heure par le prêtre, et se préparent à la procession qui entourera trois fois le bâtiment de ses bannières éployées et de la lumière vacillante de ses cierges, aux accents chaleureux des hymnes liturgiques : « Ta résurrection, Christ Sauveur, les anges la célèbrent dans les cieux, et nous qui sommes sur la terre, rends nous dignes de le glorifier d'un coeur pur »... Rentrant à l'église, célébrants et fidèles échangeront les joyeuses et bruyantes salutations : « Christ est ressuscité ! - En vérité, il est ressuscité » ! La traditionnelle lecture du sermon de Saint Jean Chrysostome engage tous les hommes - même ceux de la « douzième heure » - à participer à une allégresse et à une certitude de la foi sans équivalents en Occident, ponctuées du chant sans cesse répété : « Le Christ est ressuscité des morts. Par Sa mort Il a vaincu la mort. A ceux qui sont dans les tombeaux, Il a donné la vie ». Puis viendront les agapes fraternelles.
Pâques est une fête mobile et, de plus, l’usage du calendrier julien chez les Orthodoxes (qui retarde de 13 jours sur le grégorien adopté en Occident depuis la Renaissance) empêche une célébration en même temps que leurs frères Catholiques. Or il convient de rappeler que les fêtes religieuses ne sont pas obligatoirement des dates anniversaires, mais constituent des « icônes cosmiques » montrant que l'univers entier participe au sens de la fête. Ainsi, comme pour Noël (fixé au solstice d'hiver, l’allongement des jours marquant au plan cosmique cette naissance qui « a fait resplendir dans le monde la lumière de l'intelligence »), la date choisie pour Pâques, plus qu’une référence historique à la pâque juive mentionnée dans les Évangiles, montre le triomphe de la lumière sur les ténèbres, « nuit rédemptrice et lumineuse, Messagère du jour radieux de la Résurrection ; en elle la Lumière éternelle apparut à tous ». Si en 2010 et en 2011, les Orthodoxes avaient célébré Pâques en même temps que les Catholiques, cette année, ils fêtent la Résurrection ce dimanche 24 avril.
Dans notre région, la célébration de la fête de Pâques chez les Orthodoxes : à Cambo, l'office de Pâques sera célébré par le Père Nicolas Rehbinder (pendant la Semaine de Pâques, le samedi 30 avril à 10h) à la Chapelle aux Icônes.
A Pau également, un service religieux sera assuré les samedi 30 avril à 17 heures et dimanche 1 mai à 10 h 30.
A Bordeaux (paroisse St. Séraphin de Sarov - 15, rue François Xavier, 33520, Bruges (sortie 7 de la rocade) / Tél. 06 06 99 92 61 ou 06 42 46 71 70), le Père Alexandre Brunet célébrera le samedi 23 avril :
21h-22h : Bénédiction des koulich (toutes les 15 minutes).
22h-22h45 : Confession générale pour tous
23h : Vigile de la Résurrection du Christ
à minuit : Procession. Matines. Heures de Pâques. Divine Liturgie. Bénédiction de l’Artos. A la fin de la liturgie la bénédiction des koulich. La fin de la liturgie est prévue vers 4h du matin. Pour communier dans la nuit de Pâques il est nécessaire de se confesser une fois pendant la Semaine Sainte selon les horaires indiqués et de tenir le jeune eucharistique (ne plus manger ni boire samedi 23 avril après 19h du soir). Il n’y aura pas d’autre liturgie pascale le matin du 24 avril.
Pâques dans la littérature, la musique et l'histoire russe
Nicolas Gogol apparaît comme l'écrivain le plus religieux de la littérature russe, non seulement par sa vision des choses, mais aussi par le mode de vie. Son œuvre possède même au dire des exégètes « un grand potentiel missionnaire » en ce qu’elle « aiderait l'homme contemporain à comprendre le sens d’un sacré » singulièrement absent chez « l’Occidental » contemporain !
Or, en avril 1864, l’écrivain russe Tourguénieff, qui résidait alors à Paris, se plaignait dans sa correspondance avec Pauline Viardot de « l’air encore froid et de la lenteur avec laquelle le printemps arrivait, qui nous paraît un peu insipide, à nous autres Russes, habitués que nous sommes à une explosion violente, presque brutale de la vie arrêtée et enfermée pendant cinq mois sous la glace et la neige » (en français dans le texte).
Cette véritable transe que provoquait le retour du printemps, à l'origine fête païenne dont la marque atavique avait coloré le rituel chrétien, le compositeur Rimsky-Korsakoff l'a rendue admirablement dans sa « Grande Pâques russe », à l'époque où Nicolas Gogol réapprenait à ses contemporains le symbolisme de l'office divin et où les musiciens slavophiles ressuscitaient l'esprit national dans leurs compositions aux couleurs de la Sainte Russie. Il en a décrit l'atmosphère dans son « Journal de ma vie musicale » : « Le carillon orthodoxe russe n'est-il pas de la musique dansante ? Les barbes frémissantes des prêtres et des diacres en chasubles écarlates, chantant dans un tempo Allegro vivo « Bonnes Pâques » ne transportent-elles pas l'imagination en des temps très anciens » ? C'est cet aspect légendaire de la fête, passage du soir triste et mystérieux de la Passion à la réjouissance effrénée du matin de la Résurrection que l'on ne peut manquer de ressentir par toutes les fibres de son âme lors des matines pascales dans une église orthodoxe.
Ce fut sans doute le cas en ce 10 avril 1814, lorsque l'empereur de Russie Alexandre Ier, qui venait d'entrer victorieusement à Paris, fit célébrer devant son armée entourant l'autel de campagne dressé au milieu de la place de la Concorde, un office en mémoire du malheureux Louis XVI, sacrifié en ce même endroit. Dans sa lettre au prince Alexandre Galitzine, le souverain écrivit : « C'était pour mon cœur un moment solennel, émouvant et terrible. Voici (...) que j'ai amené, par la volonté insondable de la Providence, mes guerriers orthodoxes du fond de leur froide patrie nordique pour élever vers le Seigneur nos prières communes dans la capitale de ces étrangers qui, récemment encore, s'attaquaient à la Russie, à l'endroit même où la victime royale succomba à la fureur populaire. (...) Le tsar de Russie priait, selon le rite orthodoxe, avec son peuple, et de la sorte purifiait la place ensanglantée ».