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Tradition
Pâques 2020 en catacombes de confinement.
Pâques 2020 en catacombes de confinement.

| François Xavier Esponde 1091 mots

Pâques 2020 en catacombes de confinement.

1 -L’histoire du IV ème siècle de l’Eglise romaine dessine le temps des catacombes.
Un refuge pour les fidèles du prophète Jésus qui se retrouvaient dans ces couloirs sous terrains du sol de la ville pour leurs assemblées, ou entreposaient leurs sépultures dans les cavités de la roche à plusieurs dizaines de mètres de la surface.
Les catacombes de Priscille, de Calixte, de Saint Sébastien, de Valentin, des Papes et bien d’autres, se rappellent au souvenir des pèlerins d’aujourd’hui, et à la mémoire des croyants de jadis de ces lieux saints, et de leur évocation.
Rien de tel aujourd’hui, aucun ennemi déclaré, aucun envahisseur armé ne menace l’unité paisible d’une confession religieuse qui tous les ans se réunissait pour sa pâque, hors la présence insidieuse et dangereuse d’une pandémie venue d’Asie  qui s’est propagée dans le monde.
Aucune confession religieuse ni institution publique ne résistant à la menace.
Les risques sont là. Les victimes se comptent par milliers, de toute origine, de toute appartenance et de toute conviction.
L’agenda garni de Pâques 2020 du printemps en est tourneboulé, dénaturé, et retourné. Plus de processions pascales, les confréries du vendredi saint en Espagne ont renoncé,  plus de fêtes de Rameaux, - la pâque la plus profane de l’année -, plus de marchés aux victuailles, au jambon légendaire bayonnais, retardé dans les rendez-vous. Le danger contre toute propagation est menaçant.
Le confinement est requis, sans excuse avec une dérogation quotidienne qui limite les déplacements. Le rapport individuel et personnel étant interdit, toute réunion publique empêchée par le virus, on se console par réseau numérique, le téléphone, l’internet, le skype qui relaient les contacts de chacun faute de mieux, pour le meilleur et pour éviter le pire.
Dans la tradition religieuse les anciens se souviennent des circonstances exceptionnelles qui limitaient le contact personnel des affectés et des sujets en bonne santé.
- Il en fut ainsi de la grippe espagnole. On voit sur des cartes et photos d’époque ces dortoirs communautaires où étaient parqués des malades assurés de masques de protection.
- Il en sera de même lors de la tuberculose à Cambo : les accès aux sanas selon l'usage du temps étaient surveillés. Des soignants, des visiteurs et des patients connurent en ville la guérison ou le trépas, avec les soins adaptés à leur état. Médecins, infirmiers, prêtres aumôniers furent du nombre. On s’en souvient peu, mais dans les institutions sanitaires, on ne les a pas oubliés, la vie ayant repris son cours et le souvenir rendu à leur passé.
Les histoires les plus rocambolesques circulaient dans les conversations. L’épidémie était dans l’air. L’air de Cambo était donc pollué.Il fallait s’en prémunir...
Paradoxalement, on choisira Cambo pour y respirer la profusion d’oxygène de la guérison recommandée, à chaque traitement en cours.
- Autre époque : jadis, dans les églises - dont celles de la côte basque -, on séparait les lépreux des fidèles dans les édifices religieux, sans confinement, mais accompagnés de précautions…
Aujourd’hui, en temps de pandémie du coronavirus, il est lors interdit selon la législation que tout rassemblement public et du public se puisse, quel que soit son origine.Pour le moins la chose ne semblait envisageable mais les circonstances étant imposées, la défense de la vie humaine et la santé publique en ont décidé ainsi.
Une épidémie semblait irréelle, impossible. On semblait avoir vaincu toute menace et selon les savoirs sanitaires acquis, le traitant disposait d’un arsenal assuré face aux risques éventuels !
Or, en dehors de toute de probabilité, comme dans un imaginaire de fiction et de film d’horreur, la réalité s’est rappelée à des souvenirs sanitaires du passé.
Armé de connaissance bio-médicales acquises, on pensait ne plus désormais subir de telles agressions sanitaires ! Hélas, les choses ont changé en peu de temps.
Confinés dans le quotidien et dans la vie personnelle, les fidèles de Pâques, juifs et chrétiens, connaîtront le destin jusqu'iciinconnu d’un renvoi sine die de leurs habitudes religieuses. Toute autre issue n’étant que provisoire. A l’exception nul n’étant tenu, il faudra  accepter contre son gré les servitudes qu’exigent la garantie et la protection des plus exposés à la maladie pandémique dont les victimes sont légion.

2 – Les Souffles de l’Orient.
La tradition de l’Orient vient à son heure pour nous rappeler des méditations bien à propos pour ces jours de confinement imposés d’une Pâque des catacombes.
De saint Grégoire de Nazianze - 390 après J.-C. - pour ce temps de Pâques : « Dieu est lumière et la plus haute lumière ; un faible écoulement, un faible rayonnement venant jusqu’ici-bas, c’est toute notre lumière, encore qu’elle nous paraisse très brillante. Mais vois-tu Dieu foule notre obscurité, et a placé les ténèbres comme sa retraite ». Psaume 17,12, entre lui et nous comme jadis Moise plaça aussi le voile entre lui même et l’endurcissement d’Israël Exode 34,33.4C’est pour que notre nature enténébrée ne voie pas facilement la beauté cachée et que bien peu méritent de voir.
C’est aussi pour éviter que si nous l’atteignons facilement, nous ne la perdions facilement aussi,  à cause de l’aisance que nous l’aurions à l’acquérir. Il faut que notre lumière prenne contact avec la Lumière, cette dernière l’attirant sans cesse vers les hauteurs par le désir, il faut que notre esprit purifié s’approche de la pureté absolue et qu’une partie de celle-ci lui apparaisse maintenant, et le reste plus tard, en récompense de la vertu, de l’élan d’ici bas vers cette pureté absolue ou plutôt de l’assimilation à elle. Car nous voyons maintenant à travers un miroir et en énigme, mais alors nous verrons face à face. Maintenant je connais en partie, mais alors je connaitrai comme j’ai été connu 1 Co 13,12.7 Connaissant Dieu autant que nous sommes connus de lui !”
Thérèse d’Avila livre cette méditation mystique de l’Espagne profonde traversée par la spiritualité de Jean de la Croix et de Thérèse. Dans ce temps d’incompréhension commune, « je la connais la source, elle coule, elle court mais c’est de nuit. Dans la nuit obscure de cette vie. Je la connais la source par la foi mais c’est de nuit. Je sais qu’il ne peut y avoir de chose plus belle que ciel et terre viennent y boire, mais c’est de nuit. Je sais que c’est un abîme sans fond, et que nul ne peut le passer à gué, mais c’est de nuit. Cette source éternelle est cachée en ce pain pour nous donner la vie, mais c’est de nuit. De là elle appelle toutes les créatures qui viennent boire de son eau dans l’ombre car c’est de nuit. Cette source vive de mon désir en ce pain de vie, je la vois mais de nuit » !
François-Xavier Esponde

Légende : Les catacombes de Priscille

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