Un village de France 

Au lever de l'azur, matinale insouciance, 
La lumière du jour qui dissipe en naissant 
Le contour évasif de la vapeur des champs, 
Révèle à mon regard un village de France. 

Quelques maisons de pierre, assemblées par les âges, 
Auréolent la place où s'endort la fontaine. 
Et plus loin l'étendue des toitures sereines 
S'allonge dans l'écrin de ce vert paysage.

La fumée des maisons qui se mêle au brouillard 
Dont chaque arbre voisin est une cheminée, 
Intensifie alors ce tableau éprouvé, 
D'une beauté confuse et d'un sentiment rare. 

Noble et fier un château, tout de force érigé, 
Projette avec ardeur un donjon imposant 
Qui surplombe à jamais le village dormant 
Et des brumes gouverne la lourde marée. 

Et l'église paisible au tintement lointain 
D'une cloche éreintée par un chant millénaire 
Réunis au chevet d'une sainte atmosphère 
La fidèle assemblée de ce peuple chrétien.

Ce village est semblable à tant d'autres de France, 
Et sa composition d'un geste inépuisé 
Se répète sans fin : fort, église et nuée 
De maisons endormis dessous leur bienveillance.

Les âmes du pays y mènent leur labeur, 
Demeurant modestes du fruit de leurs efforts, 
Obéissant toujours à deux principes d'or : 
L'invincible vaillance et le goût de l'honneur.

Ce village est semblable à tant d'autres de France. 
Le corps de nos anciens y trouve reposoir, 
Et quelques monuments commémorent la gloire 
De ces héros tombés pour sa juste défense.  

Ainsi le jour éclaire un village français. 
Là dans ce lieu béni d'un calme intemporel 
Je contemple muet sa quiétude éternelle, 
Et je veux y mourir ainsi que j'y suis né. 

Bastien Brestat