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Tradition
Pays Basque sud (Hegoalde) : une crèche à la hauteur !
Pays Basque sud (Hegoalde) : une crèche à la hauteur !

| Manex Barace et Alexandre de La Cerda 1142 mots

Pays Basque sud (Hegoalde) : une crèche à la hauteur !

Depuis 1970 un groupe de randonneurs monte chaque mois de décembre au sommet du mont Gorbeia pour y construire une cabane éphémère sous la croix, qui servira de crèche originale en pleine nature, ouverte à tous les vents.

Le Parc Naturel de Gorbeia est un point de repère traditionnel pour les montagnards basques. Sa cime, avec la Croix du Gorbeia culmine à 1.482 mètres d’altitude et marque la limite entre les territoires de Biscaye et d’Alava. 

Dans le Parc du Gorbeia se succèdent des paysages très variés de roches escarpées, de doux versants tapissés de prairies ou de forêts de hêtres et de chênes, recouvrant un ensemble karstique avec près de 500 cavités référencées. Le Biotope Protégé d’Itxina et la cascade de Goiuri (ou Gujuli), de plus de 100 mètres de hauteur, sont deux des principaux joyaux du paysage.

La qualité du paysage et l’attachement culturel et affectif que le peuple basque porte à ce Parc l’ont placé au centre de nombreuses activités : randonnée, alpinisme, circuits en VTT et à cheval, spéléologie, etc.
Manex Barace

Les crèches de la Nativité, une tradition bien vivante mais attaquée de toutes parts

Quand « on » laisse la liberté à l’initiative populaire et à l’infinie imagination de l’enfance, les vives couleurs et les riches senteurs de Noël au parfum de vin chaud explosent littéralement comme pour manifester encore les ressources de foi et d’énergie d’un peuple et de sa civilisation. Il faut avoir assisté à l’« Avent-Noël » qui avait vu il y a quelques années à Arcangues, lorsque la nuit tombait, cette foule d’enfants accompagnés de leurs parents et précédés par les jeunes danseurs et musiciens, cheminer vers le château une bougie à la main pour y être chaleureusement accueillis par les maîtres des lieux…

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Crèche basque ©
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Les crèches, les scintillants arbres de Noël et le charbonnier Olentzero qui fait sa tonitruante irruption depuis la montagne basque soufflent une puissante et fraîche bourrasque dans l’univers de plus en plus bridé d’un mondialisme « politiquement correct » aux relents syncrétistes et aux objectifs du « consommer à tout prix ». Un air tonique qui vient du fond des âges, lorsqu’au sein de la longue nuit hivernale, l'homme réchauffé au foyer rayonnant dans l'ardeur de la fête laissait éclater son allégresse et son espérance dans la victoire de la lumière sur les forces obscures et le triomphe des naissances qui perpétuent sa descendance et son environnement naturel. Et la chrétienté couronnera ces pulsations premières de la naissance du Sauveur. Dans un esprit semblable aux feux de la Saint Jean qui faisaient promener dans les champs de la campagne basque des brandons allumés, on brûlait dans le foyer la bûche de Noël ou « gabonzuzi ». Quant aux Gascons, ils allumaient aussi leurs « halhes de Nadau », points d’or qui illuminaient la grande nuit commençante, répondant aux étoiles de la voûte céleste.

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Crèche incendiée d'Illkirch-Graffenstaden ©
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Je n’évoquerai pas, par charité, tous les procès instruits – au nom d’une « laïcité » mal comprise ou, souvent, pervertie intentionnellement - contre les crèches installées dans les municipalités ! 
De Beaucaire à Béziers, quand il ne s'agit pas de vandalisme contre les crèches, comme à Illkirch-Graffenstaden en Alsace, ou plus près de nous, contre une des crèches de la plaza de Guipuzcoa à Saint-Sébastien.

Au-delà de ce renoncement caricatural, le pape Benoît XVI n’affirmait-il pas aux enfants de Rome venus faire bénir les personnages de leurs crèches : « il ne suffit pas de répéter un geste traditionnel, même s'il est important. Il faut chercher à vivre en fait tous les jours ce que la crèche représente, c'est-à-dire l'amour du Christ, son humilité, sa pauvreté. 
La crèche est une école de vie, où nous pouvons apprendre le secret de la véritable joie. Celle-ci ne consiste pas dans le fait d'avoir beaucoup de choses, mais dans le fait de se sentir aimés par le Seigneur, en se donnant pour les autres et en les aimant ».

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Crèche à Saint-Sébastien ©
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Je me souviens du commentaire de l’ancienne adjointe à la culture de Saint-Jean-de-Luz : « il s’agit de redonner à Noël son vrai sens au milieu de la fête commerciale qui nous inonde ». Et Evelyne Renoux de souligner : « ces crèches sont un moyen de rappeler au monde qu’il n’y a pas que le commerce… l’artiste est passé maître dans l’utilisation de divers matériaux dont la céramique pour les santons ! »

Dans les provinces du Sud et Saint-Sébastien, la place de Guipuzkoa sert d’écrin à la grande exposition de crèches, ainsi que la salle de la Kutxa sur le Boulevard. 

Les plus belles sont réalisées par l’Asociación Belenista de Gipuzkoa fondée en 1947 à Saint Sébastien ; véritables chefs-d’œuvre de minutie, ces pièces parfois très importantes par la taille ont été fabriquées par des dizaines de bénévoles et ont nécessité pour certaines une année entière de travail.

L’origine de la tradition des crèches

Dans l'évangile de Saint-Luc, l'endroit où est déposé Jésus à sa naissance est désigné par le mot de mangeoire, qui se dit « cripia » en latin, d'où est issu le mot « crèche ». Par extension, la crèche s'apparente à l'étable toute entière car la tradition rapporte que la naissance du Sauveur eut lieu dans une grotte aménagée en étable, comme il en existait beaucoup en Palestine à cette époque et où dès le IIIe siècle, les chrétiens vénérèrent une « crèche ».

Alors que les jeux liturgiques de la Nativité au XIe siècle prenaient la forme de pastorale ou de crèches parlantes (la tradition subsiste en Gascogne), elles ont inspiré Saint François d'Assise (au début du XIIIe siècle) pour représenter la toute première crèche, avec l'âne, le bœuf et les moutons. Il faut toutefois attendre le XVIe siècle pour que les premières crèches telles que nous les connaissons fassent leur apparition dans les églises. Les plus anciennes connues sont celles de Prague et datent de 1562. Vers la même époque en Italie, elles sont peuplées de statues colorées, parfois même atteignant la taille humaine.

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Crèche au Marché de Noël chrétien à Bayonne ©
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Au XVIIe siècle, les crèches quittent les églises pour décorer, en Italie, les fastueuses demeures aristocratiques de style baroque. Celles produites à Naples, riches et élégantes, sont très demandées dans toute l'Europe du XVIIIe jusqu'au milieu du XIXe siècle. Leurs personnages sont faits d'étoupe armée de fil de fer puis revêtus de riches étoffes. Les visages sont en terre cuite peinte, les yeux en verre. En France également, les crèches entrent progressivement dans les maisons. Elles sont d'abord constituées de petites figurines de verre filé de Nevers, de porcelaine, de cire, de mie de pain ou de bois sculpté.

Dans notre région, celle de la Cathédrale Sainte Marie à Oloron date du XVIIIe siècle.

Pendant la Révolution, l'interdiction faite de présenter en public des scènes religieuses favorise le développement des crèches domestiques et le commerce des petits personnages parmi lesquels bergers et bergères aux pommettes roses en costume du XVIIIe. C’est l’origine de la crèche provençale où figurent les santons en costume des métiers des années 1820 à 1850.

Alexandre de La Cerda

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