Une exposition au centre culturel Assantza de Cambo retrace quelques épisodes illustrés du parcours de Pablo Tillac (1880-1969) avait sillonné pendant un demi-siècle le Pays Basque pour en devenir le portraitiste et l'ethnographe incontesté, .
Né à Angoulême en 1880, Jean-Paul Tillac suivit les cours de l'École des Beaux-Arts de Paris où il eut comme professeurs Gérome, Cormon, Jacquet, Waltner et Roty.
Il travailla avec des techniques variées : huile, aquarelle, fusain, pastel, sanguine, mine de plomb, estampe.
De 1903 à 1910, il séjournera à New York, à Cuba, puis enseignera le dessin au Texas avant de se rendre en Angleterre. Malade des bronches, de retour en France pour des raisons de santé il s'installa définitivement à Cambo en 1919, sans pour autant renoncer à voyager et travailler en Espagne (à Barcelone, Madrid, Tolède, Elche) et au Pays Basque ( Bilbao...).
Pablo Tillac parcourrait les marchés, visitait les églises et les trinquets de Cambo et des environs, esquissant des scènes de la vie quotidienne, apparaissant aujourd'hui comme de véritables documents ethnographiques.
Il donna également des conférences et publia des articles à caractère ethnographique. Les paysages, les coutumes et les Basques constitueront une source constante d'inspiration jusqu'à sa mort. Il a illustré de nombreux livres et publications. Passionné pour le monde ibérique, au point d'adopter le prénom de Pablo, il connaissait bien la culture gréco-latine tout en faisant partie de la Société des Sciences, Lettres et Arts de Bayonne et de la Société d'Études Basques.
Illustrateur insatiable d'un Pays Basque populaire et vivant, il a parcouru et immortalisé dans de nombreux croquis - principalement au fusain, crayons de couleurs ou pastels - des scènes de village où la fête et le jeu occupaient une place importante ; à l’image des carnavals à Cambo dans les années 1920 et 1930, qui mettent en scène, San Pansar, l'ours et son montreur ainsi que les Kaskarot ; les mascarades souletines avec ses danseurs caractéristiques ; les courses de vaches à Hasparren et Cambo. Egalement peintre animalier, il dessinait avec dextérité la morphologie des bêtes de zoo.
Pablo Tillac a exploré la forme, à contre-courant de la mode qui était alors au cubisme, à la stylisation. Pendant plus de cinquante ans, de 1919, date de son arrivée à Cambo, à 1969, année de sa mort, cet infatigable artiste-peintre l'a parcouru, seul et à pied. Le peintre ethnologue appartient à l'histoire du patrimoine basque. Il en est même devenu l'incarnation grâce aux innombrables personnages et paysages qu'il a dessinés et immortalisés sans complaisance, mais avec respect.
Il a capté sur le vif les femmes et les hommes d'une terre qu'il aimait pour son authenticité et qui le fascinait.
L’écrivain pyrénéen, ancien dirigeant du département de géographie du groupe Larousse, Pierre Minvielle, dans son livre « Le portraitiste des Basques » paru en 2013 aux éditions Atlantica et préfacé par l’universitaire et ancien maire de Cambo, le député Vincent Bru, montra que l'artiste n'avait cessé de tenter de percer le mystère de cette région, de traduire sa culture, son âme. Pierre Minvielle est allé jusqu'en Amérique du Nord récupérer et immortaliser certains des tableaux, gravures et dessins reproduits ici, une centaine au total.
A la mort de Pablo Tillac en 1969, une partie de son œuvre très prolifique ira au Musée Basque, autre partie restera à Cambo.
Exposition Pablo Tillac Eginda jusqu’au 27 août à l’espace culturel Assantza à Cambo – Ouvert du mardi au samedi de 14h à 18h.