J'ai lu avec beaucoup d'intérêt votre article sur l'évangélisation de notre pays (nos « Lettres » des 28 juillet et 25 août, ndlr.). Toutefois je tiens à vous signaler la présence des Vikings en Lapurdi (Labourd). En 858 Charles le Chauve reconnaît la légitimité de Björn sur la Gascogne. Les Danois capturent le roi de Navarre. En 864 disparition d'Asgeir premier « roi des mers » tué au combat. En 978, sur la Gironde, victoire des Danois de Gascogne sur Guillaume le Bon, comte de Bordeaux. En 982, sur l'Adour, les Gascons écrasent définitivement les Danois de Gascogne. Fin de la Gascogne danoise. En 1009, apparition d'Amanieu Ier d'Albret. Tout ceci pour dire que le Lapurdi ne put être « chrétien » qu'à partir du XIe siècle, il est bien connu que les Vikings étaient les ennemis jurés des chrétiens. Ce sont eux qui ont décapité Léon qui était venu évangéliser Bayonne et le Lapurdi. Les Basques de Lapurdi ne furent pas du tout inquiétés par les Vikings car, au contraire des villes du littoral, ils n'étaient pas évangélisés. Ce peuple nous a appris bien des choses sur la mer, et notamment, la chasse à la baleine.
Agur eta ikus arte !
Kepa Olaizola
Quand les Gascons « bernaient » les Vikings…
A propos des Gascons qui écrasent définitivement sur l'Adour les Danois de Gascogne, je ne puis m’empêcher d’ajouter à la note très intéressante de Kepa Olaizola cette vieille coutume encore en usage à Capbreton (où se trouvait l’embouchure de l’Adour à cette époque) : il s’agit du « feu de la torrèle », un stratagème imaginé par les habitants de Capbreton pour décourager les pillards « normands » - ou Vikings - tentés par l’estuaire de l’Adour. Ils avaient allumé un grand feu devant lequel, ombres mouvantes, ils passèrent et repassèrent sans cesse, faisant croire à un nombre impressionnant de défenseurs. Si les Normands épargnèrent peut-être Capbreton, ils n’en remontèrent pas moins l’Adour pour piller Bayonne et décapiter son saint évêque Léon ! Quant aux Capbretonnais, ils reproduisent encore à chaque fin d’année ce gigantesque brasier qu’est le « feu de la torrèle », ainsi nommé car c’est une véritable « tourelle » édifiée à partir de pièces et de débris de bois entassés qui est enflammée « afin d’illuminer et de réchauffer les âmes en témoignant de leur reconnaissance au Ciel » !
Actuellement, ce bûcher est façonné à la manière d’une tour composée de bois mort, de bois en stock à la mairie et de troncs sélectionnés et coupés par les agents sur une parcelle forestière de la mairie : choisis en fonction de leur forme et de leur diamètre (longs, droits et assez épais) agencés en forme de cheminée (sorte de tour) d’une hauteur d’environ trois mètres de hauteur de façon à ce qu’il brûle toute la nuit et s’écroule vers l’intérieur. C’est aujourd’hui l’œuvre des services municipaux alors qu’autrefois les bouviers se chargeaient de cette tâche avec leurs bœufs chamarrés pour la fête. Le bûcher est embrasé sur la place de la mairie à la sortie de la messe de minuit, le 24 décembre, par une personnalité choisie pour être honorée par la ville. La paroisse participe également à l’événement en offrant vin chaud et chocolat chaud à l’assistance.
Comme « témoin » de cette époque héroïque, citons encore le château La Roque, éternelle sentinelle au bord de ce qui était, jusqu'à Louis de Foix, le lit de l'Adour ; il dresse sa silhouette à Ondres, au-dessus du lac de Garros. À l'origine simple ferme fortifiée sur un tertre dominant l'Adour quand ce fleuve au cours inconstant se jetait à Capbreton, il permettait aux vigies non seulement de surveiller l'Adour de Capbreton à Bayonne, mais aussi guetter bien loin au large, et de prévenir ainsi d'éventuelles invasions...
ALC
J'ai lu avec beaucoup d'intérêt votre article sur l'évangélisation de notre pays (nos « Lettres » des 28 juillet et 25 août, ndlr.). Toutefois je tiens à vous signaler la présence des Vikings en Lapurdi (Labourd). En 858 Charles le Chauve reconnaît la légitimité de Björn sur la Gascogne. Les Danois capturent le roi de Navarre. En 864 disparition d'Asgeir premier « roi des mers » tué au combat. En 978, sur la Gironde, victoire des Danois de Gascogne sur Guillaume le Bon, comte de Bordeaux. En 982, sur l'Adour, les Gascons écrasent définitivement les Danois de Gascogne. Fin de la Gascogne danoise. En 1009, apparition d'Amanieu Ier d'Albret. Tout ceci pour dire que le Lapurdi ne put être « chrétien » qu'à partir du XIe siècle, il est bien connu que les Vikings étaient les ennemis jurés des chrétiens. Ce sont eux qui ont décapité Léon qui était venu évangéliser Bayonne et le Lapurdi. Les Basques de Lapurdi ne furent pas du tout inquiétés par les Vikings car, au contraire des villes du littoral, ils n'étaient pas évangélisés. Ce peuple nous a appris bien des choses sur la mer, et notamment, la chasse à la baleine. Agur eta ikus arte !
Kepa Olaizola
Quand les Gascons « bernaient » les Vikings…
A propos des Gascons qui écrasent définitivement sur l'Adour les Danois de Gascogne, je ne puis m’empêcher d’ajouter à la note très intéressante de Kepa Olaizola cette vieille coutume encore en usage à Capbreton (où se trouvait l’embouchure de l’Adour à cette époque) : il s’agit du « feu de la torrèle », un stratagème imaginé par les habitants de Capbreton pour décourager les pillards « normands » - ou Vikings - tentés par l’estuaire de l’Adour. Ils avaient allumé un grand feu devant lequel, ombres mouvantes, ils passèrent et repassèrent sans cesse, faisant croire à un nombre impressionnant de défenseurs. Si les Normands épargnèrent peut-être Capbreton, ils n’en remontèrent pas moins l’Adour pour piller Bayonne et décapiter son saint évêque Léon ! Quant aux Capbretonnais, ils reproduisent encore à chaque fin d’année ce gigantesque brasier qu’est le « feu de la torrèle », ainsi nommé car c’est une véritable « tourelle » édifiée à partir de pièces et de débris de bois entassés qui est enflammée « afin d’illuminer et de réchauffer les âmes en témoignant de leur reconnaissance au Ciel » !
Actuellement, ce bûcher est façonné à la manière d’une tour composée de bois mort, de bois en stock à la mairie et de troncs sélectionnés et coupés par les agents sur une parcelle forestière de la mairie : choisis en fonction de leur forme et de leur diamètre (longs, droits et assez épais) agencés en forme de cheminée (sorte de tour) d’une hauteur d’environ trois mètres de hauteur de façon à ce qu’il brûle toute la nuit et s’écroule vers l’intérieur. C’est aujourd’hui l’œuvre des services municipaux alors qu’autrefois les bouviers se chargeaient de cette tâche avec leurs bœufs chamarrés pour la fête. Le bûcher est embrasé sur la place de la mairie à la sortie de la messe de minuit, le 24 décembre, par une personnalité choisie pour être honorée par la ville. La paroisse participe également à l’événement en offrant vin chaud et chocolat chaud à l’assistance.
Comme « témoin » de cette époque héroïque, citons encore le château La Roque, éternelle sentinelle au bord de ce qui était, jusqu'à Louis de Foix, le lit de l'Adour ; il dresse sa silhouette à Ondres, au-dessus du lac de Garros. À l'origine simple ferme fortifiée sur un tertre dominant l'Adour quand ce fleuve au cours inconstant se jetait à Capbreton, il permettait aux vigies non seulement de surveiller l'Adour de Capbreton à Bayonne, mais aussi guetter bien loin au large, et de prévenir ainsi d'éventuelles invasions...
ALC