En cette fin de semaine, les orthodoxes du Pays Basque fêteront Noël à Cambo, ceux du Béarn et de Bigorre assisteront à la liturgie de la Nativité à l’église orthodoxe russe Saint Alexandre Nevsky (18, rue Jean-Réveil à Pau) alors qu'à Bordeaux, en l'église orthodoxe russe Saint Séraphin de Sarov (15 rue François-Xavier à Bruges), on célébrera les Vigiles de Noël ce vendredi 6 janvier à 19h30.
Samedi 7 janvier, après la Confession générale et les Heures, le père Alexandre Brunet, recteur de la paroisse, célébrera la Divine Liturgie de la Nativité à 10h, suivie à 12h30 du concert de Noël (kolyadki) donné par le chœur de l'église, avec distribution des cadeaux aux enfants et agapes festives (les paroissiens sont invités à apporte leurs plats de fêtes à partager). Et dimanche 8 janvier, l'après-fête de Noël pour le Synaxe de la Mère de Dieu et toujours Vierge Marie avec la Divine Liturgie à 10h.
Car l’Église russe (comme la plupart des églises orthodoxes) continue d’employer le calendrier « julien », d’où le décalage actuel de 13 jours accumulé au cours des siècles. Rappelons que le calendrier julien tient son nom de Jules César qui prévoyait, avec une année standard de 365 jours divisée en 12 mois, un « jour intercalaire » ajouté tous les 4 ans, ce calendrier ayant été réformé en 1582 par le pape Grégoire XIII afin de compenser le décalage dû aux années bissextiles (par rapport aux saisons astronomiques) accumulé au fil des siècles (environ 11 minutes chaque année).
Bien qu'en Russie, sur le plan liturgique et civil, la fête de la Nativité ne revêtait pas l'importance des cérémonies pascales, contrairement aux coutumes occidentales, de nombreuses traditions populaires entouraient cependant cette festivité que célèbrent dans les églises russes de Pau et de Bordeaux les descendants de l'ancienne colonie russe auxquels se joindront d'autres orthodoxes de diverses origines séjournant dans la région.
En l'absence de réveillon proprement dit (car réservé à la nuit pascale), les fidèles assistent d'abord à l'office de vigile de Noël, appelé « Sotchelnik », suivi d'un repas comprenant des noix, figues, dattes et autres fruits secs destinés à se restaurer après le long carême de l'Avent. L'arbre de Noël avec la crèche, venu d'Occident au XIX siècle, était toujours à l'honneur, et même lors de l'émigration consécutive à la révolution de 1917, chaque association ou paroisse organisait le sien (plus d'un million d'exilés avaient ainsi recréé - surtout en France - toute une vie sociale, avec la reconstitution de lycées, hôpitaux, églises, parfois installées à titre précaire dans des appartements privés, établissements d'enseignement, maisons de retraite et institutions caritatives).
Vers une trêve sur le front des combats ?
Le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a appelé à une trêve en Ukraine et dans le Donbass afin que les orthodoxes puissent célébrer Noël en paix :
« Moi, Cyrille, Patriarche de Moscou et de toute la Russie, je m’adresse à toutes les parties impliquées dans le conflit fratricide, pour cesser le feu et appliquer une trêve de Noël, du 6 janvier à 12h jusqu'au 7 janvier 24h (minuit) afin que les orthodoxes puissent assister aux offices le soir de Noël et le jour de la Nativité du
Christ ».
Pour sa part, le président russe Vladimir Poutine a chargé son ministre de la Défense Sergueï Choïgou d'introduire un cessez-le-feu sur toute la ligne de contact en Ukraine de 12h heure de Moscou le 6 janvier à 24h le 7 janvier. Cela a été rapporté sur le site officiel du Kremlin le jeudi 5 janvier : "Compte tenu de l'appel de Sa Sainteté le patriarche Cyrille, j'ordonne au ministre de la Défense de la Fédération de Russie d'introduire un cessez-le-feu sur toute la ligne de contact entre les parties en Ukraine à partir de 12h le 6 janvier 2023 jusqu'à 24h (minuit) le 7 janvier 2023 ».
La Russie a également appelé la partie ukrainienne à déclarer un cessez-le-feu et à donner aux gens la possibilité d'assister aux offices religieux à Noël : "Sur la base du fait qu'un grand nombre de citoyens professant l'orthodoxie vivent dans les zones de combat, la Russie appelle la partie ukrainienne à déclarer un cessez-le-feu et à leur permettre d'assister aux offices la veille de Noël, ainsi que le jour de la Nativité du Christ", dit le message.
Malheureusement, le président américain Joe Biden, principale "part-prenante" au conflit et "parrain" du président ukrainien, concernant cette trêve de 36 heures décrétée par les Russes en Ukraine, a déclaré ne pas vouloir répondre à l'idée de son homologue russe Wladimir Poutine : "je pense qu'il essaie d'avoir de l'oxygène", a déclaré Biden aux journalistes".
Quant au président ukrainien Zelensky, il a rejeté la proposition russe de trêve de Noël, et pour sa part, l'Union Européenne « ne fait pas confiance au cessez-le-feu temporaire unilatéralement annoncé en Ukraine par la partie russe » : selon son porte-parole, "ce cessez-le-feu unilatéral ressemble à une tentative de la Russie de gagner du temps pour se réapprovisionner, regrouper des troupes ou réparer sa réputation internationale brisée".
En revanche, le pape François aurait soutenu l'idée d'une trêve de Noël en Ukraine, en souhaitant la voir élargie à une période plus longue.
Ikusiko dugu, comme on dit au Pays Basque...
Notre photo de couverture : le Père Alexandre Brunet administrant la communion.