Île de Hokkaido, au Japon. Takuya (Keitatsu Koshiyama), un adolescent timide, est gardien de but dans l’équipe de hockey locale. De l’avis de tous, y compris de son entraineur, il est un exécrable portier trop souvent battu par les tirs adverses. En base-ball, il n’est guère meilleur. C’est un adolescent complexé, peu causant, d’autant qu’il est bègue. Il tente de se surpasser dans les deux sports, sans résultat probant. Un jour une jeune patineuse, d’un excellent niveau, Sakura (Kiara Nakanishi), originaire de Tokyo, vient s’entrainer sur la patinoire multipliant les figures artistiques sous l’œil de son entraineur Arakawa (Sosuke Ikematsu), un ancien champion de patinage en couple. Ce dernier a hérité, grâce à son père, de ce complexe sportif.
Takuya observe avec admiration cette jeune patineuse toute en grâce et en vélocité multipliant les figures libres ou imposées, corrigées par les observations critiques de Arakawa. Takuya envieux, tente sans succès de copier les postures stylistiques de Sakura. En vain. Il chute sans arrêt sous l’œil amusé, puis indulgent de Arakawa. Intrigué par son obstination, ce dernier propose d’aider, à titre amical, Takuya a combiner quelques figures basiques de patinage. Sous la gouverne ferme, mais amicale de son mentor improvisé, Takuya progresse laborieusement.
Au bout de quelque temps, devant les progrès et l’obstination de bien patiner de l’adolescent, Arakawa lui propose de former un couple avec Sakura d’un niveau sportif bien supérieur. Sakura, la citadine tokyoïte est interloquée par cette proposition : composer un couple artistique avec un garçon inexpérimenté … de la campagne !
Sakura finit par accepter de mauvaise grâce. Les entrainements débutent sous la direction bienveillante mais rigoureuse d’Arakawa. Le couple de patineurs progresse. Le trio s’entend à merveille. Satisfait, l’entraineur leur propose de concourir dans une compétition régionale …
Le jeune Hiroshi Okuyama (28 ans !) nous propose son deuxième long métrage, ou il office en tant que metteur en scène mais aussi scénariste, directeur de la photo (format 4/3, images surexposées « neigeuses »), producteur, etc. Ce cinéaste japonais est à tous les postes de fabrication d’un film ! Ancien stagiaire chez son compatriote Hirokazu Kore-eda (Palme d’or à Cannes en 2019 pour Parasite), il a retenu la leçon du virtuose : tout maitriser sur un plateau de tournage. De fait, Hiroshi Okuyama ne délègue aucune tache, si petite soit-elle. A propos du sujet simple de son deuxième opus, il le qualifie en ces termes : « Journal de la croissance d’un jeune garçon, des premières neiges à leur fonte ». Ni plus, ni moins. Une histoire simple traitée avec économie, sans sentimentalisme démonstratif. Et il ajoute : « J’ai essayé d’illustrer ces sentiments sans être trop explicite et de rendre convaincant le fait que ces trois personnes, qui n’avaient rien à faire ensemble, se rencontrent et se rapprochent ». Le pari est réussi !
Dans My Sunshine rien n’est affirmé mais tout est dit en filigrane : le spectateur remplit les non-dits que suggèrent les séquences. Rien n’est explicité, tout est alludé. Ainsi, au fil des scènes, par notre implication en quelque sorte sollicitée, l’empathie sur les personnages croît et se renforce. Ils sont très différents, mais en trio ils forment un tout en apparence incassable.
A l’évidence Hiroshi Okuyama démontre avec My Shusine une maîtrise étonnante pour un cinéaste de son âge. C’est un futur grand réalisateur dans son pays, le Japon, qui depuis les origines du cinéma en compte de nombreux.
My Shunshine a été retenu dans la sélection officielle du Festival de Cannes 2024 dans la section Un certain regard.