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Critique de Cinéma
Mon légionnaire (107’) - Film franco-belge de Rachel Lang
Mon légionnaire (107’) - Film franco-belge de Rachel Lang

| Jean-Louis Requena 830 mots

Mon légionnaire (107’) - Film franco-belge de Rachel Lang

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"Mon légionnaire" : Rachel Lang (deuxième en partant de la gauche) entourée des acteurs Alexander Kuznetsov, Camille Cottin et Louis Garrel ©
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"Mon Légionnaire" ©
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Nika, une jeune russe (Ina Marija Bartaité) embarque, avec son sac a dos, sur un ferry en partance pour la Corse. Elle tente d’y rejoindre son amoureux, Vlad (Alexander Kuznetsov), un engagé volontaire dans la Légion étrangère basée à Calvi (2ème Régiment Etranger Parachutiste). 
Vlad aspire à devenir un soldat d’élite. Il ne veut ni se marier ni avoir des enfants. Il se consacre à son régiment, élite professionnelle de l’armée française et force de projection dans des guerres lointaines (Afrique subsaharienne, Afghanistan, etc.). Vlad doit partir en opération au Mali pour combattre une coalition de forces djihadistes. Son chef de section est le lieutenant Maxime (Louis Garrel) qui vient d’être affecté, à sa demande, à la Légion étrangère. Maxime est marié avec Céline (Camille Cottin) avocate internationale. 
Le couple occupe une belle maison sur les hauteurs de Calvi avec vue sur la Méditerranée. Bien qu’épouse de militaire professionnel, Céline est détachée de l’armée et vit, à part, une riche vie professionnelle. Elle n’intègre pas le groupe solidaire de femmes de militaires qui organise des rallyes sous la houlette de la femme du Chef de Corps (Grégoire Colin). Le couple a un jeune garçon. Il est confié à Nika, devenue « baby sister », lors des absences professionnelles de Céline ou de Maxime.

Le lieutenant Maxime et sa section sont transférés au nord du Mali, pour pacifier des zones occupées sporadiquement par divers groupes armés djihadistes et, également, former l’armée régulière du Mali. La campagne est programmée pour une durée de 4 mois. C’est une guerre de type asymétrique ou le « faible » (des guérilleros islamistes) attaquent « le fort » (des soldats professionnels aguerris). Le danger peut survenir à tout moment, tous azimuts, dans de vastes territoires désertiques où les distances sont conséquentes et les repères quasiment inexistants. En dépit de toute la force logistique d’une armée moderne, du matériel déployé, le terrain d’opération reste dangereux du fait même du fanatisme des ennemis potentiels.

Au terme de cette campagne de la Légion étrangère dans le cadre de l’opération « Barkhane » (suite de l’opération « Serval » lancée en janvier 2013 !), le lieutenant Maxime évalue ses hommes : le légionnaire Vlad malgré son caractère renfermé, taiseux, se révèle un excellent soldat promis à un avenir au sein des corps d’élites de l’armée française.

Les militaires reviennent à Calvi ou ils retrouvent leur foyer militaire … et familial. Les vies de couples reprennent tant bien que mal. Parmi eux, Maxime avec Céline, Vlad avec Nika. 

Les hommes, revenus du feu, ont quelque peu changé leurs comportements …

Mon légionnaire (107’) est le deuxième long métrage de Rachel Lang (37 ans) après Baden Baden (2016). Nous sommes frappés par la justesse des personnages militaires (attitudes, langage, physique, etc.) peu courante dans le cinéma français qui en général, les caricature par méconnaissance de cette profession particulière au sein de la Nation. La Légion étrangère bénéficie, de surcroît, d’une charge romanesque permanente, démultipliée par les films hollywoodiens (Morocco – 1930 de Joseph Von Sternberg avec Marlène Dietrich et Gary Cooper !) et la chanson française (Mon Légionnaire – 1936, chantée par Marie Dubas). 
Rachel Lang connait ce milieu particulier de la société car elle est officier (volontaire) de réserve. Scénariste de Mon légionnaire, elle a su éviter les pièges cinématographiques récurrents à son entreprise. 
Son film est sur la vie familiale : essentiellement deux couples dont les hommes sont dans un régiment d’élite appelé a agir dans des environnements dangereux, hostiles. Ils sont instruits, formatés, acérés pour faire bloc face à un adversaire belliqueux quel qu’il soit. Des liens fraternels les unissent qu’ils entretiennent par des rites (repas en commun, sport, chant, etc.) d’où les femmes sont exclues (la Légion étrangère est le seul corps où les femmes sont, à ce jour, refusées). Rachel Lang nous propose un montage alterné entre les moments familiaux civils en Corse, aux images idylliques de jour, et les moments militaires, souvent de nuit, au nord du Mali, vaste contrée désertique.

L’univers civil et l’univers militaire sont deux entités différentes qui, par nature, tendent à s’écarter … Les familles dans leurs complexités affectives, doivent faire face à cette dichotomie.

On ne s’attendait pas à voir sur l’écran le germanopratin Louis Garrel (lieutenant Maxime), en militaire. Six mois d’intense travail musculaire ont modifié sa silhouette et son maintien. Il est convainquant en militaire professionnel proche de ses hommes. Camille Cottin (Céline) est comme toujours d’une grande justesse en avocate aimant son mari lequel semble progressivement s’emmurer, s’enfermer sur lui-même en retour de campagne. Mais c’est le couple russe qui impressionne avec Alexander Kuznetsov (le légionnaire Vlad) déjà vu dans Leto (2018) du russe Kirill Serebrennikov et la jeune actrice lituanienne Ina Marija Bartaité (Nika), hélas décédée depuis (avril 2021) à 25 ans dans un accident de la circulation.

Mon légionnaire a été présenté au Festival de Cannes 2021 en clôture de la section « Quinzaine des réalisateurs ». Au Festival du film francophone d’Angoulême 2021, Rachel Lang a obtenu le « Valois du scénario » et Ina Marija Bartaité une « Mention spéciale » à titre posthume.

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