1 – Origine de Lévi Matthieu
Le 21 septembre il est d’usage liturgique de célébrer Matthieu l’évangéliste. Son nom viendrait de l’hébreu Mattay et porterait donc deux noms Matthieu et Lévi comme rapporté dans les évangiles synoptiques et d’usage dans ce temps.
Il était publicain en rapport distant avec les plus orthodoxes des juifs de par son métier de collecteur d’impôts à la solde des Romains occupant le territoire.
Un homme différent de par ses origines et sa profession.
Il est cité parmi les douze apôtres de Jésus bien que des avis partagés jugent Matthieu auteur de l’évangile portant son nom mais n’ayant aucun doute sur l’existence de l’apôtre Matthieu lui-même.
Situé autour des années 89-90 après JC, les exégètes rappellent les emprunts nombreux de Matthieu à Marc l’évangéliste et ajoutant les paroles de Jésus “les logia”, dans son texte pour donner force et témoignage à son propos.
On reconnaitra bien Matthieu dans les évangiles et dans les Actes des Apôtres.
Le récit historique devient plus compliqué quand les auteurs postérieurs de l’église empruntent les quelques éléments biographiques le concernant et lui prêtent une destinée missionnaire hors de la Palestine des plus savoureuses.
Légendes pour les historiens, mais non sans attestation scripturaire de la part des Pères de l’Eglise qui ne s’embarrassent de la vérité des sources sinon de leur interprétation.
2 – Pères de l’Eglise
Eusèbe de Césarée au IVème siècle le désigne parlant aux Hébreux, ses frères d’origine - mais trés divisés sur son compte. Eusèbe reprend la lettre de Papias de 120 après JC. Pantène situe le terrain de sa mission dans les Indes, et toujours s’adressant en hébreu à la communauté juive disséminée hors de la terre sainte ancienne.
Le message de Matthieu y aurait été introduit par Barthélémy par la tradition et gardé comme une relique de grande valeur, sans doute un papyrus venu de Jérusalem ou retranscrit pour les besoins de la cause ...
Pour Hyppolyte de Rome on trouverait trace de Matthieu dans l’Iran d’ aujourd’hui. Quant à Isidore de Séville, Matthieu se serait rendu en Macédoine, et pour ne pas être en reste avec la légende dorée du XIIIème siècle des saints diffusée avec un culte particulier, Matthieu se serait rendu en Ethiopie.
S’étant lié d’amitié avec l’eunuque collecteur de biens du roi d’Ethiopie, il fut présenté par son conseiller au roi et à la reine comme guérisseur thaumaturge pour soulager et guérir le fils du roi malade Euphramor.
Le roi et la reine se convertirent au dieu de l’apôtre, et ceci serait à l’origine divine de la présence chrétienne si ancienne de l’évangile dans ce pays..
Bien de ces récits étant invérifiables par les historiens, Matthieu bénéficia d’une réputation prospère et riche mais connaitra le sort du martyre en 61 en Ethiopie pour avoir désobéi au roi pour une décision inappropriée... Son culte semble s’être enraciné auprès de la première communauté chrétienne qui le vénère comme saint et apôtre de Jésus.
Mais l’histoire n’étant pas close, la Bretagne vénère par ses reliques Matthieu l’apôtre et évangéliste. On connaitra la dévotion d’Anne de Bretagne représentée par la peinture..
Matthieu ou Mathias, les confusions viendraient-elles de l’origine des noms eux-mêmes ? Approximations et légendes, peu importe sans doute car en chacune de ces parties du monde de l’Orient proche et lointain Matthieu a sans doute par ses disciples imprimé la mémoire d’un passage et de quelques écrits inspirés de la vie de son maître.
Les peintres le représentent comme un auteur ailé, ayant ouvert son évangile à la Parole de l’ange, d’autres se rappelleront de son métier de collecteur de fonds et des balances pesant l’or de ses collectes, de l’épée de son martyre qui rappelle sa mort cruelle comme bien celle de nombre des disciples de Jésus.
Le cinéma le représentera en noir et blanc par le génie de Pasolini, Rembrant le peintre associant l’ange de la parole divine à Matthieu sur sa toile célèbre du Louvre.
Légendes et vérités de l’Ecriture auront inspiré le récit, l’art, l’imaginaire des générations successives séduites par la personnalité originale de Lévi le juif devenu Matthieu le chrétien, sans renoncement à ses origines.
François-Xavier Esponde