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Livre
Matisse à Ciboure, printemps 1940
Matisse à Ciboure, printemps 1940
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| Anne de Miller La Cerda 552 mots

Matisse à Ciboure, printemps 1940

En 2005, le maire de Ciboure Robert Poulou avait inauguré une plaque commémorative au N°55 (anciennement N°38) Quai de Ravel, en souvenir du passage d’Henri Matisse (1869-1954) sur la Côte Basque. Depuis l’image du peintre s’était estompée dans les brumes de l’oubli.

Dans un livre intitulé « Matisse à Ciboure, printemps 1940 », la paloise France Favard, a souhaité réveiller ce passé enfoui aux hasards de ses nombreuses promenades sur la Côte Basque. Après deux ans de recherches, cette enseignante dévoile les raisons de l’escapade de Matisse qui donneront naissance à un tableau : « Intérieur à Ciboure » juin 1940.

Au départ, rien ne prédisposait le peintre à venir séjourner au Pays Basque.  Séparé de son épouse Amélie Parayre, ce dernier avait souhaité passer ses vacances au Brésil avec sa compagne Lydia Delectorskaya. Cependant pour des raisons de formalités administratives, elle n’avait pas reçu de visa pour l’accompagner. Cette Sibérienne avait dû fuir la Russie au pouvoir des communistes.

Après la terrible guerre de 14-18, il fallut de nouveau affronter l’Allemagne lors de la deuxième guerre mondiale.

A Paris, en juin1940, c’était l’exode et le gouvernement du président  Paul Reynaud quittait la capitale pour se réfugier provisoirement à Bordeaux ! Un mois auparavant, Matisse et Lydia Delectorskaya avaient débarqué au Pays Basque.

Non loin de la maison de Ravel, ils louèrent un appartement dans une des maisons de style labourdin du XIXème qui bordent le quai Ravel ; une de leurs fenêtres donnait sur le jardin de Masson.

« Cette maison ne plaisait pas particulièrement à Matisse », avait écrit Lydia Delectorskaya dans un ouvrage consacré à la mémoire à l’artiste. Bien que Ciboure fût un lieu prisé des artistes-peintres - tel le groupe des Neuf -, le couple côtoyait peu de monde, à part le peintre Francisco Borès qui avait été prévenu de leur arrivée.

Avant d’entreprendre le tableau à l’huile de l’« Intérieur à Ciboure », Matisse réalisa quelques croquis à main levée à la mine de plomb des plantes du jardin de Masson et d’un bateau depuis son balcon du quai Maurice Ravel accompagné d’une étude préliminaire du tableau sur laquelle on peut apercevoir le peintre.

Quand il peignit l’intérieur de l’appartement, Matisse réalisa non pas son autoportrait mais celui d’un fauteuil vivant, à la fois vide et présent comme le signalait Louis Aragon dans un ouvrage paru en 1971.  Recouvert d’un velours caramel, ce meuble de style Louis XV trône au cœur de l’huile aux tons ensoleillés. Une toile que le peintre ne terminera pas : il fut surpris à la fin de juin 1940 par les troupes allemandes qui envahissaient le Pays Basque...

Henri Matisse et sa compagne regagnèrent alors le Sud-Est.

« Intérieur à Ciboure » fut finalement acquis par le Musée Toulouse-Lautrec à Albi en 1941.

A cette époque, le conservateur Louis-Charles Bellet aspirait à reconstituer une collection d’œuvres contemporaines des amis peintres proches  de Toulouse-Lautrec.

En 2013, ce même Musée acquerrait un croquis de la toile de « Intérieur à Ciboure ».

Un livre à ne pas manquer pour les amateurs d’art, qui s’inscrit comme une des pièces du puzzle de l’œuvre et de la vie de ce chef du mouvement fauviste internationalement reconnu : Henri Matisse, le maître des aplats de couleur vive et de la stylisation.

« Matisse à Ciboure, printemps 1940 » de France Favard - Editions Cairn, 45 pages (couleur), Prix 15 €.

Anne de Miller La Cerda

Croquis à la mine de plomb par Matisse (juin 1940)
Croquis à la mine de plomb par Matisse (juin 1940) © DR
Croquis à la mine de plomb par Matisse (juin 1940)
Couverture du livre : Matisse à Ciboure edition Cairn
Couverture du livre : Matisse à Ciboure edition Cairn © DR
Couverture du livre : Matisse à Ciboure edition Cairn

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