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Tradition de la semaine
Mars, dieu sentinelle du cosmos
Mars, dieu sentinelle du cosmos

| François-Xavier Esponde 1104 mots

Mars, dieu sentinelle du cosmos

Photo de couverture : statue de Mars du Palais des Doges à Venise

Protecteur du ciel et des soldats de l'empire latin, Mars divinité cosmique assure aussi "la défense de la jeunesse et incarne ce sentiment si fort dans la soldatesque romaine, l'âpreté au combat".

Père de Romulus et Rémus, fondateurs de la ville impériale de Rome, Mars s'inscrit dans une très ancienne ritualité latine mêlant la guerre et les combats. Un calendrier annuel de festivités en mars et en octobre, un culte majeur à la cosmogonie représentée par cet astre céleste si redoutable et si présent dans les aléas de l'histoire de l'empire romain.
Cité dans la triade pré-capitoline de Jupiter, Quirinus, Mars s'apparente au dieu Arès grec mais jouit dans l'agora latin d'une fonction plus honorable que celle accordée par les Grecs.

Mars annonce "le début de l'année de la guerre", chaque année qui, le printemps venu, va répandre la soldatesque romaine dans les cités impériales et dans le combat contre les ennemis du temps.
La force contenue dans ce culte rappelle l'énergie obtenue par sa force sur les soldats, la jeunesse, les cultures agro alimentaires du printemps. Il est engagé pour préserver les paysans.
Une force transcendée à l'infini car pour un romain Mars n'est pas un dieu inerte, confiné dans son Champ de Mars aussi prestigieux que l'empire de ce nom.

Mars est une divinité active, redoutable et redoutée, objets des cultes qui apprivoisent sa violence.
Il s'apparente selon les historiens au dieu indo-européen de la guerre, adoré également par les Etrusques.

Dieu arborant encore ce nom de Maris, dieu de la grêle et de l'orage divinisés par les rituels agraires. Mars est le qualificatif majeur du guerrier de l'empire "martial" selon le propos originel qui détermine la violence contenue par ce qualifiant dans cette société latine vengeresse et dominatrice

Il est le fils de Jupiter, autre élément notable du cosmos, force tumultueuse et imprévisible.
Mars se dresse dans les temples et sanctuaires païens de l'empire avec une arme, sabre ou épée à la main. Aucun raffinement esthétique emprunté pour le représenter comme tel. Un soldat dans sa rudesse !
Sur son tronc l'égide avec la tête de Méduse, en tout point guerrier, en posture d'active !
Mars père de Rome, Mars caecus.

Il faut aussi le vénérer selon la religion panthéiste du temps comme protecteur des récoltes et des paysans eux mêmes. Et bien souvent contre les brigandages et vols de pirates étrangers car la menace de ces invasions est récurrente pour les Romains, convoités pour leur richesse et leur puissance. 
Le Paysan de Caton décrit ce pouvoir de Mars sur la défense des troupeaux et des récoltes de céréales de la ville impériale.
Le grain engrangé est la manne céleste, le pensent en effet les habitants de la ville, des bienfaisances de Mars et de quelques autres divinités astrales.

Le culte attaché à Mars est - toute comparaison gardée -, celui que les chrétiens arboreront à l'Eucharistie elle-même.
Processions fleuries, flamine de Mars, prêtres décorés de végétation et de fruits, laurier sur leur front, rien ne semble de trop pour honorer Mars comme intercesseur du ciel au bénéfice des humains dès le printemps et lors des récoltes d'octobre.

Les temples de Mars contiennent encore les trophées militaires rapportés des campagnes extérieures par les soldats.
Boucliers et lances, parures et décorations, monnaies de change, et oriflammes.
Le cheval y occupe selon une tradition pré civilisationnelle venue de l'Orient une place sacrale première. Se souvenant qu'en octobre l'un de ces chevaux, celui de droite, sera sacrifié au culte rendu à Mars, lui coupant la tête. 
Après la course de chars qui accomplit ainsi ce culte guerrier patriotique à Mars. Ce culte sacrificiel semble aujourd'hui d'une cruauté sans nom, mettait un terme à l'année guerrière des Romains.

Mais au-delà du cheval, il était d'usage selon les dividendes des familles et leurs fortunes, d'offrir à Mars un taureau, un verrat, un bélier, un coq, un loup, un pic vert. Les matrones romaines, soucieuses d'apaiser le courroux de ces divinités capricieuses, effectuaient ces rituels annuels avec diligence . C'est ainsi que commençait l'année courante par ces oblations sacrificielles qui compteront bien longtemps dans la culture latine à venir !

La vie de Mars est tumultueuse comme celle d'un soldat entre deux ports d'attache.
Les Romains de par leur éducation s'identifieront à cette divinité par-delà leurs légions de soldats engagées sur le front des hostilités.

Mars ou mardi du calendrier que nous observons porte trace de cette empreinte culturelle profonde de notre esprit.
Equarria ou fête de Mars, gloire et majesté du Champ de Mars, retour glorieux de soldats de campagnes parfois lointaines, cet univers si particulier à l'empire de Rome s'évertuait à honorer par un patriotisme absolu, cette majesté astrale si influente pour leur postérité !

On reconnaît aux civilisations antérieures mésopotamiennes, assyro babyloniennes, une connaissance astrale de Mars dans le cosmos, à l'origine de la cosmologie occidentale, telle la compréhension du déroulé du temps, en heure, minute et seconde.

Il est encore un curieux rapport de Mars avec "le dieu des enfers", celui des victimes des guerres de toute probabilité.
Une parenté étrange, mythologique s'entend ! Mars dérivé du dieu soleil vers la nuit des enfers...
Nergal  en sumérien, maître souverain de la cité des trépassés, "La Grande Ville" où l'antinomie du bien est comme l' incarnation du malin et de la mort.
Nous sommes en Orient ancien jusque dans l'Empire romain qui nous obligent : les débats philosophiques et religieux entre la vie et la mort, la guerre et la paix, le rapport au ciel et à la terre fascinent les humains. Il faut sans cesse consulter les augures, les haruspices, les oracles pour soulager leurs angoisses ?

Pour les astronomes les plus documentés, on observe la couleur rouge attribuée à Mars dans le cosmos parmi les neuf astres dénombrés par les hindous. 
Ces derniers reconnaissaient le pouvoir maléfique et redoutable de Mars identifié selon les canons de leur esprit à l'agressivité, la jalousie et aux ambitions démesurées des hommes. Mais par défaut, protectrice des biens de la terre des hindous et de leur civilisation ancienne !

Les historiens de l'Antiquité observent communément que ce rapport à la violence et à la guerre mimétique est présent en chacune d'elles.
L'hindoue, la chinoise, l'égyptienne l'assyro babylonienne, la grecque et la latine...
Mars est dans "le capital génétique" de l'humanité comme ce pouvoir destructeur qui l'anime sur le front des guerres depuis les origines de toute civilisation.

L'histoire contemporaine en donne une illustration peu dissuasive sur ce sujet.
Nous n'avons pas envisagé pour le cas d'arborer "une visée humaniste de l'avenir."
Mars résiste à cette conversion !

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