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Histoire
Mais qui sera le maire de Biarritz ?
Mais qui sera le maire de Biarritz ?
© DR – Pierre Forsans et Joseph Petit, maires de Biarritz

| Pierre Petit 1076 mots

Mais qui sera le maire de Biarritz ?

La Lettre du Pays Basque entreprend la publication de cette étude passionnante sur les maires de Biarritz, et en particulier sur cette véritable « dynastie » que constitué la famille Petit, rédigée par leur descendant Pierre Petit qui fut maire-adjoint dans la première municipalité Borotra et ingénieur hydrologue. ALC.  
Devant la multiplicité des candidatures aux élections municipales on peut se demander qui sera un jour Maire de Biarritz ? 
Le Maire sortant Michel Veunac, issu d’une coalition de plusieurs listes, a du s’affronter à une situation très difficile et il a su, par sa sagesse, ne pas l’aggraver. 
Nous venons d’assister au ballet de ministres attirés par Biarritz comme par un miroir aux alouettes qui, venant de très loin s’étaient parachutés dans notre cité sans rien connaître de sa population et de ses besoins. Heureusement, le Chef de l’Etat les a fait rentrer dans l’ordre. 
Certes Biarritz est une station balnéaire qui brille de mille feux et dont la réputation n’est plus à faire, mais qui parmi les nombreux candidats connait, en fait, la population biarrote ? 
Celle-ci est faite de moins de 26.000 sédentaires permanents, souvent âgés et dont les revenus moyens sont inférieurs à ceux des villes voisines de Bayonne ou d’Anglet. En 1970 leur nombre avait dépassé le cap des 30.000 mais depuis ils se sont raréfiés. 
La pression immobilière s’est intensifiée et leurs logements ont été vendus à des gens plus aisés qui, venant de l’extérieur, ne participent pas, en dehors des vacances, à la vie locale. 
Les jeunes qui travaillent à Biarritz ne trouvent pas à s’y loger et en dehors de la pointe de l’été les commerces végètent et périclitent. Il faut tenir compte de cette population et la protéger. Lorsque mon père s’est retiré après 32 ans de mandat, la ville de Biarritz était une des ville moyennes les moins endettées de France. Qu’en est-il aujourd’hui ? Et qui, parmi les candidats est capable de protéger cette population comme l’ont fait les maires du XXème siècle qui aimaient Biarritz et ont réussi à faire sa gloire tout en la protégeant ? 
Joseph Petit était né à Madrid de parents français originaires de Bayonne qui firent carrière en Espagne, Génie Petit , sa mère, fut la Coco Chanel de Madrid , pendant plus de trente ans, elle a coiffé et habillé la cour d’Espagne, son mari Alexandre Prosper Petit  dirigeait la filiale d’un important magasin de décoration français. 
Pour suivre une école française, Joseph - dit « Pepe » - fut confié à sa grand-mère Claire Petit à Bayonne où il fit ses classes au lycée pour devenir ensuite ingénieur des Arts et Métiers. En tant que tel il fit partie de l’équipe qui construisit le métro parisien. Génie et Alexandre, après leur séjour à Madrid, revinrent résider à Biarritz où ils faisaient partie des VIP et se reconvertirent dans l’hôtellerie. Ils souhaitèrent faire venir leur fils mais celui-ci ne revint que plus tard, pour les obsèques de son père auxquels avait assisté Pierre Forsans, ingénieur des Chemins de fer, qui devint en 1904 maire de Biarritz. Joseph Petit  avait fait un discours et fut remarqué par le futur Maire qui lui proposa de faire partie de la liste qu’il préparait. 
De retour à Paris, Joseph Petit  fut victime d’un fâcheux accident, il fut électrocuté par du courant continu de 550 volts et se trouva fortement handicapé. Il revint en convalescence à Biarritz et fut élu conseiller municipal. 
La famille en profita pour le marier. Il épousa une descendante d’une très vieille famille biarrote, la famille Fourneau, dont l’ancêtre s’était installé à Biarritz en 1615. 
Pierre Forsans et Joseph Petit ? Deux ingénieurs ont œuvré ensemble pour donner à Biarritz qui était encore un village, tous les éléments d’une ville moyenne ; mais Joseph Petit n’était pas toujours d’accord avec son maire et en 1911 ils se séparèrent. Réélu cependant lors d'une élection partielle il continua, avec l’accord tacite du Maire, à s’occuper des services techniques. 
Mon grand père supportait mal le climat océanique de la côte basque et, conseillé par son ami Louis Barthou, il acheta près de Monein un vieux château construit par des moines au XVIème siècle. 
Joseph Petit ne fut pas mobilisé lors de la grande guerre et, comme la plupart des biarrots, il venait tous les jours sur la place publique prendre des nouvelles du front. Ce jour là, le public était atterré, les Allemands faisaient une percée et on pensait que les Français ne pouvaient plus réagir. Mais mon grand-père leur dit alors que ceux ci allaient se rassembler devant une rivière et qu’ils allaient remporter une grande victoire. Un vieux monsieur le félicita et lui dit : comment savez vous cela ? Et mon grand père répondit : je le sais, je l’ai rêvé cette nuit et j’ai vu toutes les phases du combat. 
Depuis son accident, Joseph Petit était sujet à des rêves prémonitoires et c’est ainsi qu’il annonça avec un an d’avance, que la guerre cesserait par une capitulation de l’Allemagne le 11 novembre. De très nombreux biarrots l’estimaient et le considéraient comme un véritable médium. 
Pour sa part, Pierre Forsans fut un maire très apprécié de la population biarrote mais, tombé malade, sur son lit de mort il convoqua ses adjoints et conseillers pour leur dire : je ne veux pas que vous vous battiez pour être maire de Biarritz, un seul d’entre vous a la carrure pour le devenir et je veux que vous votiez pour lui, c’est Joseph Petit. Certains lui dirent, alors, que Petit était dans l’opposition, mais Forsans obtint leur accord. Et c’est ainsi que Joseph Petit devint Maire ! 
de Biarritz en 1919. 
Il fut un édile très entreprenant mais qui ne souffrait aucune opposition. Biarritz avait beaucoup souffert de la guerre et tout était à construire. En 1919, fatigué et lassé de s’affronter aux riverains pour qu’ils se raccordaient au réseau d’assainissement, il se retira ; mais avant de le faire, alors qu’il pressentait la crise de 1930, il prit la décision de reconstruire le Casino municipal et il le fit en imposant que toutes les structures de béton armé soient faites avec la méthode moderne du béton précontraint et l'on constate aujourd’hui encore la solidité des structures de cet ouvrage !
Il dirigea longtemps les grandes glacières de la Négresse, il fut pendant l’occupation président de la chambre de commerce par intérim puis président de la fédération patronale de Bayonne et directeur de la médecine du travail ; enfin il prit sa retraite à 85 ans. 
(suite la semaine prochaine) 
Pierre Petit 
 

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