A Bilbao, l’exposition « Luis Paret à Blbao. Art sacré et profane » inaugurée par Mgr Joseba Segura, évêque de Bilbao ; Juan Mari Aburto, maire de Bilbao et président de la Fondation du Musée des Beaux-Arts de Bilbao ; Miguel Zugaza, directeur du Musée des Beaux-Arts de Bilbao ; Juan Manuel González Cembellín, directeur technique du Musée d'Art Sacré et Gorka Martínez, PDG de BBK, se partage entre le Musée Bellas Artes et le Musée d’Art sacré. Résultat d’une première collaboration, l’exposition du peintre rococo espagnol d’origine française Luis Paret (1746-1799) à Bilbao dévoile son talent en exil. Une période où l’artiste s’épanouit artistiquement et où il vécut avec son épouse Micaela Fourdinier également d'origine française dont il réalisa un portrait coiffée à la « pouf » jouant de la serinette (sorte d’orgue miniature) et habillée avec raffinement (1780 Musée du Prado), , et leurs deux filles - María et Ludovica.
Rien ne prédestinait le célèbre artiste à s’installer pendant une dizaine d’années à Bilbao. Ce madrilène, né de père français et de mère espagnole, apprit les rudiments du dessin auprès du joaillier français François Duclos avant d’être formé par Antonio Gonsalez Vélazquez à l’Académie Royale San Fernando à Madrid. Il étudia ensuite à l’atelier du Français Charles de la Traverse, disciple de Boucher, qui travaillait pour le marquis d'Ossun, ambassadeur de France. Pour parfaire son éducation littéraire et artistique, il séjourna à Rome. Professeur d’une grande érudition dès l’âge de 33 ans, le talentueux jeune homme fut vite remarqué par la Cour qui lui commanda des peintures et des vues de ports.
Devenu peintre à la Cour de Louis de Bourbon, frère du roi Charles III d’Espagne, il tomba cependant en disgrâce suite à des intrigues amoureuses du prince auxquelles il fut mêlé. Exilé tout d’abord à Porto Rico durant trois ans, il s’installa ensuite à Bilbao où il habita de 1779 à 1786.
Né en 1746, la même année que Goya, Paret qui connut l’exil comme son compère, sera marqué par le rococo. Inspiré par les baroques français et italiens, son œuvre la plus célèbre est Le Repas de Charles III (1770, Musée du Prado).
Pendant sa période d’exil à Bilbao, le roi lui commanda des séries sur les Ports cantabriques à
la manière de Claude-Joseph Vernet. La Vue d'El Arenal à Bilbao (1784) décrit avec précision cette scène animée de l’époque. Situé à l’estuaire du Nervion, le premier plan met en scène les dockers chargeant les marchandises sur le quai. Au second plan on devine le palais Quintana, actuelle mairie. Au loin, le mont Archanda est éclairé par la lumière du soir.
Deux autres œuvres, « La scène de villageois » et « vue de Fontarabie » formaient à l’origine un seul et même tableau appartenant anciennement à la collection du frère aîné de Napoléon 1er, Joseph Bonaparte qui avait été nommé roi d’Espagne de 1808 à 1813. Son règne s’acheva lors de sa défaite à la bataille de Vitoria
Il y a quelques années, le Musée Bellas Artes avait acquis Vue de Bermeo (1783). Cette huile, en excellent état malgré son support en cuivre délicat, figure à l’exposition et présente un énorme intérêt historique car considérée comme la première œuvre de la série de peintures représentant les ports de Cantabrie et la première vue du Pays Basque peinte par cet artiste madrilène.
Luis Paret se consacra également à la conception de fontaines à Bilbao (deux) et à Pampelune (quatre) ainsi qu’à d'autres activités telles que l'orfèvrerie et la décoration
En 1787, après avoir décoré (toiles et fresque) la chapelle Saint-Jean-Baptiste de l'église paroissiale de Viana (Navarre), il retourne à Madrid.
Oublié vers la fin de sa vie, Luis Paret meurt en 1799 en laissant sa famille dans le dénuement.
Du rococo au néo-classicisme, ce peintre de mœurs, paysagiste, peintre religieux, portraitiste à l'occasion, illustrateur de Cervantès et de Quevedo - aura ainsi laissé son empreinte d’inspiration française permettant de faire évoluer l’Art au Pays Basque au XVIIIème siècle.
Jusqu’au 5 septembre, l’exposition « Art sacré et profane » Musée des Beaux-Arts de Bilbao (salle A) et au Musée d'Art Sacré (salle 3, 2e étage)
Légendes
1 Vue de l'Arenal à Bilbao
2 Vue de Bermeo
3- Vierge à l'enfant et Saint James
4 - Micaela Fourdinier, épouse du peintre jouant de la serinette