1 – Une équinoxe imparable
Gens de ville, fils de cul-terreux de récente naissance, on imagine peu l’observation de la première lune de mars que nos agriculteurs attendaient pour commencer la saison des préparatifs des sols pour les récoltes à venir.
Autour des 19 et 21 mars chaque année, inexorablement, se produit cet équinoxe qui déterminera la longueur de l’année tropique en cours. Cette année, ce sera le 20 mars en fin de journée, comme calculé par les scientifiques, à 22h24 et 24 secondes, heure française (21h24 et 24 secondes temps universel)...
Les astronomes calculent l’erreur calendaire de 5 h 49 minutes selon leurs estimations, à savoir plus tard que l’année précédente, et pour une année bissextile de 18 h 11 mn plus tôt que l’année précédente !
Il s’agira de l’entrée dans le printemps pour l’hémisphère nord, et de la fin de l’été pour l’hémisphère sud.
Une date observée depuis l’Antiquité comme point 0 de l’heure sidérale.
On comprend dés lors l’attention des rédacteurs de calendriers et les observants des cultures et des religions du monde qui suivent “à la trace” de la technologie la longueur de l’année tropique étudiée pour l’humanité entière. S’agissant du même soleil et de la même lune pour tous sans exception !
Le soleil pivote sur la ligne de l’équateur pour la terre suivant le point vernal observable aux télescopes.
L’observation des astronomes est intense, elle suit cette évolution du soleil dans les diverses constellations, celle du Bélier, du Poisson, pour un temps évalué en chiffres comptables, et sur la planète terre, ses effets sur l’Equateur des hémisphères nord et sud et leur symbolique attachée.
Il faut remonter au calendrier mésopotamien après la première lune du printemps, à savoir du 21 mars pour nous, pour trouver le première récit mythologique associé à ce phénomène céleste et divin pour ces populations.
La déesse sumérienne Inanna venue des enfers de la terre, prénommée encore Ishtar par la suite, défile avec ses prêtres dans le temple D’Eanna, célèbre son mariage et le déroulé du temps inspire le narratif mémoriel d’une origine du temps dans ces tribus désertiques...
Les Perses (Iraniens) suivent eux aussi dans leur calendrier antique le phénomène lunaire de mars, pour établir selon les calculs des astronomes leur origine du calendrier de l’an qui commence en mars pour eux.
La tradition abrahamique qui suivit se soucia d’établir la date de la pâque lors de la première pleine lune après l’équinoxe du printemps, suivant les observations reçues de l’hémisphère nord, exception faite cependant tous les 19 ans, où l’on attend la seconde pleine lune afin de fixer cette date religieuse si importante pour le peuple de l’Alliance.
Pour les chrétiens, on attendra le premier dimanche après l’équinoxe de mars pour choisir la date pascale, les orthodoxes ayant maintenu leur calendrier julien, ce qui pour l’astronome scientifique averti calculant ces données du cosmos, donne des variations de 4, 5, 34 jours selon les ans, distinctes des pleines lunes occidentales observables selon le calendrier grégorien...
Il arrivera ainsi que juifs et chrétiens suivent leur pâque deux jours différents du calendrier avec cependant des exceptions à savoir le 22 mars au plus tôt en Occident et le 6 mai au plus tard selon les années en Orient !
Considérant que ce mois de mars est de première importance dans le calcul du temps, il correspond encore actuellement au premier jour de l’an religieux dans des pays du monde oriental proche et extrême-oriental, comme le jour choisi de la fête des mères, de l’équinoxe de la vie pour des populations attachées à ces cultes antiques et millénaires.
On ne sera donc pas surpris de noter que la tradition chrétienne nourrie de ces cultures et cultes premiers ait pris soin de fixer la fête de l’Annonciation le 25 mars inscrivant les préparatifs pascals des églises chrétiennes en mars juste après l’équinoxe du printemps de la terre et de la foi biblique et évangélique des fidèles de Jésus.
2 – Charles Péguy célèbre l’Annonciation.
“Si intimement liée que soit la Vierge à l’évènement qui fera d’elle la Mère de Dieu, c’est le Verbe fait chair qui est au centre de la célébration. L’incarnation en vue de la rédemption résume le dessein d’amour de Dieu pour l’humanité entière.
Le moment où le Fils de Dieu s’est fait homme dans le sein de la Vierge Marie s’impose de manière privilégiée à notre contemplation du Christ et de sa Mère.”
Il faut pouvoir relire à ce propos la méditation de Charles Péguy de ce mystère sous le titre Le premier point de l’aube.
“L’annonciation peut être considérée comme la dernière des prophéties et la prophétie à la limite, et ce n’est pas seulement la prophétie la plus imminente. Il est permis de dire que c’est aussi la plus haute et la capitale.
Comme Jésus est le plus haut et le dernier des prophètes, ainsi et du même mouvement, l’Annonciation est la dernière et la plus haute des prophéties. Elle vient directement de Dieu par un ange qui n’est plus qu’un ministre et un héraut, non plus par un prophète qui est un homme... Elle est dans la séquence le point merveilleux où sur la promesse vient s’articuler la tenue de la promesse".
L’Annonciation est, dira Charles Péguy, une heure unique dans l’histoire mystique et dans l’histoire spirituelle. C’est une heure culminante !
Un moment unique, et un point de moment, un moment ponctuel. C’est toute la fin d’un monde et tout le commencement de l’autre.
Toute la fin du premier monde mystique et tout le commencement de l’autre.
Et dans un de ces longs bons jours de juin où il n’y a plus de nuit, où il n’y a plus de ténèbres, où “le jour donne la main au jour, c’est le dernier point du soir et c’est ensemble le premier point de l’aube” !