En 2015 le pape François publiait une première lettre encyclique sur le sujet de la création Laudato Si qui fut diversement appréciée, paradoxalement dans l’église et à ses périphéries.
Particulièrement ajoutée par les courants écologiques contemporains à leur agenda politique comme un texte de référence inattendu de la part de l’église à l’écologie intégrale de l’homme et de la création conjoints à leur destin commun et durable.
Le même pape publie Laudate Deum, comprenez Louez Dieu sur la crise climatique qui s’est aggravée depuis 2015 et que les scientifiques saluent avec une attention renouvelée du sujet.
Le texte s’adresse à toutes les personnes de bonne volonté soucieuses de la crise climatique actuelle dans le monde entier.
Comme François d’Assise en son temps, il invite à regarder la création avec un sens de la responsabilité inédit pour aujourd’hui comme un problème écologique et social de la vie humaine mise en danger de survie.
“Une crise climatique globale au milieu de phénomènes extrêmes aux conséquences sur la vie et les conditions de vie soumises à ces variations inattendues.
A l’heure des résistances et des confusions, dit le texte, le vouloir accuser les populations les plus pauvres d’en être responsables est un non sens dit le pape qui rappellent les causes humaines du réchauffement climatique particulièrement ciblées” se situent sur les zones les plus prospères de la planète terre.”
La conséquence touche la surface de la terre, la mer et l’atmosphère qui depuis cinquante années écoulées n’ont cessé de s’aggraver selon les chercheurs du GIEC particulièrement préoccupés par le sujet.
Les dommages et les risques sont patents pour des siècles à venir, il est du devoir du pape d’alerter les croyants tout d’abord et l’humanité des conséquences de ces observations incontestées.
Le paradigme humain que tout est possible, sans contrainte, sans limite est l’objet d’une remise en question de la part des chercheurs eux mêmes, “une manière de comprendre la vie et l’activité humaine qui a dévié et qui contredit la réalité jusqu’à lui nuire” !
Il faut repenser l’usage de ce pouvoir illimité et dangereux pour la survie de la terre et de ceux qui l’habitent sous toutes latitudes.
Une éthique solide, une culture et une spiritualité manquent, qui limitent le pouvoir humain dans une abnégation lucide et responsable.
La vie humaine, l’intelligence et la liberté appartiennent à ce monde de l’intérieur, enrichissent notre planète, “le grand problème aujourd’hui est que le paradigme technologique a détruit cette relation saine et harmonieuse de l’homme dans sa création...
Aucune négation de l’être humain ne permet l’interaction entre les systèmes naturels et les systèmes sociaux, sans un aiguillon éthique qui requalifie ce rapport.
La Maison Commune de l’humanité est en danger, par la conscience et l’avenir des enfants déterminés par ces décisions mercantiles et de peu d’intensité soumis aux promesses de faux prophètes du savoir, du pouvoir et de l’être qui n’ajoutent à la politique internationale des avantages sinon de recul de la justice et de la paix particulièrement menacées aujourd’hui.
Il faut reconsidérer le multilatéralisme du monde actuel poursuit le pape, soucieux du bien commun de l’humanité aujourd’hui dans sa globalité.
... Le monde devient de plus en plus multipolaire dit le pape, la naissance de pouvoirs émergeants modifie le rapport hiérarchique des rapports institutionnels existants, une grande démocratisation au sein même de ces institutions devient nécessaire pour développer des projets environnementaux, sanitaires, culturels et sociaux au bénéfice de droits sociaux les plus élémentaires, pour la protection mondiale de l’humanité et de sa terre commune !
D’autres paragraphes du texte font référence aux Conférences sur le climat passées, et à la prochaine COP 28 de Dubaï, contribution à laquelle le pape participe en publiant cette Encyclique Laudate Deum.
Concluant cette missive, le pape s’adresse aux croyants catholiques de son église et à tous frères et sœurs des autres religions soucieux de ce défi climatique.
Citant le livre du Deutéronome 10,14. L’Eternel dit “la terre ne sera pas vendue avec perte de tout droit, car la terre m’appartient et vous n’êtes pour moi que des étrangers et des hôtes”, invitant les hommes de bonne volonté quelles que soient leurs appartenances variées entre eux à marcher en communion et engagement sur ce projet au bénéfice de la gestion commune de l’environnement, soumis au réchauffement climatique dû en partie à la responsabilité de l’homme qui en supporte désormais les effets !
F.-X. Esponde
*Réagissant à la lecture de ce texte, jean Jouzel, Paléoclimatologue, dit que ce texte est plus volontariste que le précédent, Laudato Si, et précieux en vue de Dubaï COP28.
A Dubaï il va être beaucoup question de technologies, et notamment de solutions de captation ou de stockage de CO2, or sur ce plan le pape est très clair, la croyance en la technologie est un mirage, qui relève même “d’un pragmatisme homicide”.
Espérons qu’il sera entendu par nos responsables politiques qui préfèrent des solutions techno-solutionnistes aux discours de vérité sur la nécessaire modification de nos modes de vie.