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Histoire
L’investigation médicale à Biarritz
L’investigation médicale à Biarritz
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| Alexandre de La Cerda 486 mots

L’investigation médicale à Biarritz

En 1911, Emile Roux, directeur de l'Institut Pasteur, avait décidé d'ouvrir un service de chimiothérapie et d’en confier la direction à Ernest Fourneau. Ce chimiste issu d’une famille d’hôteliers biarrots (primitivement établie à Ossès au XVIIIe siècle) et qui résidera jusqu’à la fin de sa vie à Ascain, regroupera autour de lui une pléiade de chercheurs. Les multiples travaux de Fourneau concernèrent entre autres les antipaludiques et, surtout les sulfamides, ancêtres des actuels antibiotiques, qui sauveront tant de gens pendant la 2e Guerre mondiale.

Or, à cette même époque, n’est-ce pas déjà dans un des multiples hôpitaux installés à Biarritz dès le début du conflit qu’eut lieu la première transfusion sanguine directe de la Première Guerre mondiale ?

C’était le 16 octobre 1914 : le professeur Emile Jeanbrau, de la Faculté de médecine de Montpellier, affecté à cet hôpital de Biarritz, avait demandé à Isidore Colas, breton en convalescence à la suite d'une blessure à la jambe, un don de sang pour le caporal Henri Legrain, arrivé en état de choc et agonisant du front. Emile Jeanbrau a ainsi réalisé la première transfusion sanguine de la première guerre mondiale. Le résultat a été spectaculaire : « Je le vis peu à peu se recolorer et renaître à la vie », expliqua un des médecins.

On ne sait pas exactement dans quel hôpital cette extraordinaire avancée médicale avait eu lieu, Biarritz comptant de très nombreux établissements destinés aux blessés du front ; parmi les dizaines d’établissements installés dans les hôtels, centres thermaux, casinos et quelques belles villas de la villégiature impériale, on distinguait l’Hôpital bénévole 95 bis créé au Grand Hôtel (dont il reste actuellement une aile donnant sur la place Clemenceau) par le médecin russe Jacques de Poliakoff qui le fit fonctionner à ses frais, pendant toute la guerre, avec l’aide de son compatriote et ami le Dr. Bandaline. D’une capacité de 120 lits, comportant un service de grande chirurgie et spécialisé dans le traitement des soldats gazés, le sénateur-maire de Biarritz Pierre Forsans rappelait à propos de cet hôpital « qu’en une seule année, six-cents opérations y avaient été pratiquées sans qu’un seul cas d’infection postopératoire s’y soit révélé ».

Il faut encore signaler l’« Ambulance russe », Hôpital bénévole 103 bis d’une capacité de 25 lits dirigé par la Princesse Narischkine, les Anglais n’étant pas de reste, le roi Georges V ayant mis à disposition des blessés du front la clinique anglaise créée par son père Edouard VII à l’hôtel qui portera son nom (rue des Chantiers, actuelle rue Abbé Moussempés) afin de soigner les nombreux résidents anglais à Biarritz.

Pour en revenir à notre « miraculé » de la transfusion sanguine à Biarritz, Henri Louis Legrain, ce caporal au 45e RI (de la classe 1909) avait été blessé le 28 septembre 1914 dans les tranchées pendant un violent bombardement près de Maricourt dans la Somme.  

Il vivra jusqu’à l’âge de 98 ans ! Le sang l’avait sauvé à Biarritz…

ALC

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