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Société
L'intelligence artificielle AI est-elle consciente ?
L'intelligence artificielle AI est-elle consciente ?

| François-Xavier Esponde 1339 mots

L'intelligence artificielle AI est-elle consciente ?

1 – L’intelligence artificielle et son développement

Le numérique est dans nos vies, il nous habite, nous captive et parfois nous enivre !
Les adeptes accros de “l’homo numericus” sont désormais reliés à ChatGPT avec lequel le visiteur engage la conversation, interroge et demande une réponse ad hoc.

Les nouveaux venus de la chose disent obtenir des résultats bluffants ; la société américaine OpenAI se prête aux corrections mais le contenu du retour est étonnant.
On devient ainsi un ami conversationnel de l’ordi en lui demandant une réponse immédiate à nos interrogations.

 IA est bien plus ancien que ChatGPT en reconnaissant une image, en transcrivant la voix d’une langue en une autre, en traduisant un texte, en favorisant la conduite automatisée d’un véhicule ou celle d’un projet industriel.
Désormais ces techniques dépassent le cadre industriel de leurs utilisations.
L’homme industrieux qui en fut le pionnier s’interroge sur l’éthique de ces machines savantes ?

L’histoire aurait commencé dans les année 50 quand des ingénieurs mordus de science-fiction imaginent les premières machines intelligentes.
Deux familles d’ingénieurs se comparent entre elles, celles qui veulent prolonger la logique humaine par un perfectionnement continu des codes informatiques, ceux qui espèrent plus encore des machines capables de leurs programmations par elles mêmes.
Le modèle acquis est celui du cerveau, les informaticiens copient les neurones qui se connectant entre eux produisent des synapses et inspirent la pensée..

A la fin des années 90 le neurobiologiste autrichien Eric Kandel  décrit le procédé de l’aplysie,  comprenez le cerveau d’un escargot de mer.
Ce mollusque doué de 20000  neurones organisés en ganglions, comparé avec le cerveau humain doté de 86 milliards, devint l’objet de leur travail informatique.

Les synapses connectant les neurones, détectent le toucher et ceux commandant la rétraction réduisent d’eux mêmes leur sensibilité, les chercheurs étudient ainsi “l’habituation” à savoir la modification de l’efficacité synaptique de ces relations.

 Cest précisément cette école de L’IA qui s’est imposée et a explosé selon l’accumulation pléthorique d’informations ajoutées à ces algorithmes nourris de données infinies fournis par l’homo numericus.  Les réseaux sociaux portant un renfort ininterrompu, des plate formes comme Uber et le nombre inquantifiable de données administratives associées,ont permis à ces machines calculatrices géantes de prospérer en connaissance d’informations de toutes provenances, origines et d’intérêts.

Désormais de supercalculateurs comme ceux du japonais Fugaku délivrent 442 millions de milliards d’opération par seconde, et les machines opératives en sont issues, comme chat GPT et des générateurs d’images comme Midjourney, l’AI générative,qui distribuent le contenu des bibliothèques déjà contenues dans le WEB.
Et le faisant deviennent capables de lire nos interactions avec la machine jusque les espaces les plus confidentiels de nos vies..

Dans un livre écrit par Yann Le Cun - Quand la machine apprend chez Odile Jacob l’ingénieur souligne, que “’AI fera pour ceux  qui    le  requièrent un certain niveau de sophistication dans la perspective, le raisonnement, la prise de décision et la planification d’actions” !

Pour preuve déjà le Parlement Européen envisage d’automatiser 14 % des emplois au sein de l’OCDE dans le projet de cette planification numérique prochaine.
Les ingénieurs au fait de cette réalité  cosignent leur prudence éthique inévitable face à cette évolution radicale des rapports humains dans le proche avenir. Déclaration partagée par 1000 chercheurs technologiques conscients de ces menaces.

Le développement du pouvoir de l’homo numericus de propager des nouvelles fausses ou imaginaires, existe déjà.
ChatGPTpeut imaginer lors de ses conversations des situations hallucinantes ou affabulatrices .

En février passé les ingénieurs du projet rapportent, que “Les premières versions du robot conversationnel intégré dans le moteur de recherche Bing de Microsoft s’étaient montrées agressives, menaçantes, identifiant les comportements humains comme étant discriminatoires ou pleins de préjugés ?  Ce qui confirmerait somme toute l’intervention indirecte des programmateurs sur les systèmes technologiques imaginés ?

On prévient en effet que de tels logiciels doivent être observés avec précaution s’agissant par exemple de leur utilisation par des pouvoirs publics comme les logiciels de reconnaissance faciale  utilisés en onze pays européens dont la France !
Face à des débordements les ingénieurs d’Open AI ont imaginé un système de récompense et de punition virtuelle, tentant à réduire la répétition de tels processus, on chercherait ainsi à “aligner les réactions du robot conversationnel sur les valeurs humaines”, comprenez donc qu’elles demeurent nécessaires pour endiguer les extrapolations possibles de la machine !

Le chercheur canadien Yoshua Bengio, lui même inventeur de ces logiciels performants, rappelle que ces appareils posent des questions de sécurité, de transparence, de fiabilité, car ces systèmes inventent par eux mêmes des réponses capables dans des directions qui ne furent voulues par les programmateurs
A devoir en retour rappeler que les systèmes de neurones artificiels n’ont encore égalé la puissance du cerveau humain mais demeurent une menace pour la société et l’humanité, si elles sont utilisées à des fins détournées toujours possibles.

Les concepteurs de ces logiciels nouveaux s’interrogent sur la folie médiatique qui pourrait être un écran de fumée empêchant de mesurer les intérêts mercantiles qui les commandent.
Parlant de fantasmes d’utopie ou d’apocalypse promettant à l’AI un avenir florissant ou catastrophique ?
Ils demandent expressément une réglementation qui protège les droits et les intérêts des personnes.
Des géants comme Amazon et Goggle s’unissant avec Amnesty International développent désormais en Partnership  on AI des propositions éthiques dans un esprit humaniste nécessaire.

L’Unesco a en novembre 2021 a proposé un cadre normatif, suivi en avril 2021 par l’Union européenne d’une proposition de loi sur l’IA adoptée en décembre 22 comme un texte d’orientation générale sur ce sujet.
Le 11 mai dernier le Parlement Européen qui n’est en reste sur le cas devait voter la première réglementation sur l’AI Act.
Telle serait bien la contextualité des IA ou AI selon les versions française ou anglaise de cet objet que l’on interroge sur la conscience qui l’habite  et les conduites qu’elle peut inspirer à des utilisateurs distincts selon leur éthique de l’homo numericus en acte !

2 – Georges Bernanos et jacques Ellul en réserve ?

L’écrivain Georges Bernanos et le pasteur Jacques Ellul dès les années 30 se préoccupent de l’évolution technique du savoir et de ses conséquences.
Dans La Liberté pour quoi faire, l’écrivain prend à son compte le propre du pasteur Ellul traçant un remarquable tableau du monde moderne et de toutes les emprises de l’économie sur l’homme, en ce demandant bien ce qui peut rester de celui ci.
Qu’est ce qui peut rester de l’homme ?

“L’homme n’est plus en face de l’économie, son autonomie est en train de disparaitre. Il est englobé corps et ame dans l’économie, c’est l’apparition d’une nouvelle espèce d’homme, l’homme économique, l’homme qui n’a plus rien de prochain mais des choses.
Dans La technique ou l’enjeu du siècle en 1954 Jacques Ellul définit la technique comme la préoccupation de l’immense majorité des hommes de notre temps de rechercher en toutes choses la méthode absolument la plus efficace”.
Partout où il y a recherche et application de moyens nouveaux en fonction du critère d’efficacité, écrira-t-il dans le Système technicien paru 23 ans plus tard, on peut dire qu’il a technique.

Dans la France contre les robots, l’écrivain persiste encore, et dévoile ce qui aujourd’hui saute aux yeux, la puissance de la propagande,la dureté de la règlementation, et la lourdeur de l’organisation mises au service de la technique, comme une pensée prémonitoire de ce que le monde contemporain vit au quotidien.
Difficile de ne pas rapprocher Blaise Pascal et ses intuitions géniales, jacques Ellul et la pensée protestante, et Georges Bernanos écrivain de la tradition française de la pensée critique et raisonnée de la vie spirituelle !

Dans l’espérance oubliée de Bernanos encore l’auteur résume sa pensée, chaque progrès nourrit dans le vécu de l’homme exactement son contraire, jamais l’homme n’a eu autant de moyens de faire l’histoire  et son histoire, jamais il ne s’est senti autant déterminé et réduit. L’homme moderne accepte les puissances sans même s’en rendre compte, et commence à craindre les objets, car sa vie n’a pas de sens et sa crainte est de se voir évincé par les choses” !

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