1 – Les yeux de la pandémie.
Dans les récits de l’histoire future, des biographies et des hagiographies multiples, les auteurs livreront leurs témoignage de ce qu’ils ont vu, su voir et su connaître de ces mois écoulés de destruction pandémique.
Qu’avons nous donc vu au cours de ces mois de mars et avril passés, des évènements de l’histoire qui nous a déroutés de nos habitudes de vie sociale, et de nos conduites conventionnelles.
Sous la menace d’une force maligne invisible, active et dévastatrice en toutes latitudes du monde et de toutes conditions personnelles, il a fallu nous protéger jusqu’au confinement d’urgence. Une réalité sociale totalement étrangère pour la plupart, pas ou peu préparés à la présence endémique de l’épidémie et son cortège de morts successives dans les hôpitaux du monde.
Les chiffres ayant leur pesant d’obscurités et d’afflictions, nous avons pu compatir à distance face à cette dure vérité des malades atteints du virus et livrés aux soins et à l’isolement sanitaire, sans autre choix.
- Qu’avons nous bien vu que ce que nous avons observé à l’infini et en boucle, sur une réalité lancinante de menace à la vie sans échappatoire, sinon de choisir le cantonnement forcé pour chacun et pour tous.
Les images les plus atténuées nous ont montré l’ordinaire hospitalier de nos services sanitaires bien armés pour relever un tel défi. Sur-pressés, surchargés, sur-mobilisés devant la gravité de la tâche et la pleine connaissance des défis à affronter, pour ne pas perdre la main, et subir la pire des sanctions, la propagation incontrolée du mal ou de l’affection, et son cortège de détresses médicales insolubles dans l’adversité et le manque de moyens disponibles pour les résoudre.
Sachant qu’en bien d'autres pays dans le monde, en Amérique latine, en Afrique et en d’autres lieux masqués de la diffusion insalubre des images macabres, ce furent des centaines de cadavres transportés dans des terres reléguées hors les villes, devenues des dépositoires de trépassés où s’ajoutaient ces miséreux inhumés à la hâte, loin des mondes habités, et de la vie des populations alentour.
- Qu’avons nous pu voir encore d’un état du monde bien plus fragile que nous ne l'eussions jamais imaginé, face à une pandémie inconnue, active et incontrôlée.
Il nous fallut lever les yeux pour prendre la mesure de la réalité qui se propageait autour de nous.
Il nous fallut accepter que le démiurge souverain qui dirige le monde n’était pas encore parmi nous pour défier par ces seules facultés : ce que l’on désigne en termes sibyllins, "les forces invisibles du monde".
Les avis le concernant perdaient de leur superbe et le rapport aux choses de la vie partagée devenait un enjeu d’intérêt nouveau pour ce qui semblait illusoire, futile et sans valeur. La solitude, le silence, le temps libre et la réflexion !
2 – Lever les yeux sur le monde alentour.
Après avoir levé les yeux sur le monde qui nous entourait, nous perçumes le bénéfice de baisser notre regard sur l’amplitude des menaces qui nous environnaient.
Il nous semblerait réentendre les paroles de l’Eternel à Abraham sur les bords de la Mer Rouge à Moïse : “lève les yeux et regarde” à nouveau le monde dans sa dimension nouvelle.
Ce disant, le témoin mesurait l’étendue du pays et des pays qui attendraient de ce témoin sa disposition reçue de l’Eternel, pour se conformer à ce que lui inspirerait sa mission.
Il y faudrait sans doute de cette dimension souveraine pour le temps qui vient, pour demander à ceux qui auront à décider de l’avenir du monde, afin de réunir et de rassembler tous ses fidèles et ses populations, et leur assurer une sécurité commune partagée dans le futur, sans lesquelles on ne répondrait guère dans la durée au défi majeur d’une grave pandémie encore menaçante pour l’humanité.
L'emblématique récit d’Abraham conforte pour toute postérité du temps à venir le sens du sacrifice, celui d’Isaac, sur la vision de Moriah où doit se réaliser la conduite du fils offert en sacrifice et remplacé par l’Eternel par un bélier servant d’holocauste à la place du fils désigné pour cela. Il faudrait ouvrir les yeux, les lever pour obéir à l’ordre divin, mieux découvrir les attentes divines dans le déroulé des événements du récit biblique en rapport avec notre aujourd’hui .
De toute évidence, il faudrait à chacun de nous tous agir désormais de même, car le langage incompris pour l’heure du coronavirus ou covid19 n’aurait pas encore livré son enseignement.
La pandémie dira et les observants l’entendront, cette épidémie funeste et destructrice de la vie humaine laissera des traces indélébiles de son passage, que d’aucuns auront à commenter, comprendre et faire partager tout à la fois. D’en combattre les effets pour en limiter les récidives.
3 - Yeux de mai, pour voir et croire.
En relisant le récit du passage de la Mer Rouge, que vit Israël de tant de victimes sur le bord de la délivrance ? Il en garda l’assurance que la main de Dieu avait agi contre les ennemis, de sa volonté souveraine. Et de ce constat transmis depuis toutes les générations, le peuple craignit le Seigneur, “l’Eternel Adonaï, Béni soit son Nom, et le peuple mit sa foi dans son Unique et dans son serviteur Moise Exode 14.”
Il reviendrait à ce peuple témoin du miracle auquel il lui fut donné, de participer, de voir de génération en génération à chaque Pâque la foi des enfants d’Israël qui ne cessent de voir le salut donné à chacun dans le déroulé de son histoire.
En ce temps de déconfinement promis pour ce mois béni de l’Eternel, il reviendra à l’humanité que nous portons dans notre foi partagée, de retrouver le goût de vivre et de communion avec toutes les humanités qui nous environnent.
Car il nous sera demandé de partager la joie des yeux qui voient ce retour à la vraie vie, après ce confinement d’infortune, nécessaire et indispensable pour survivre.
Selon les Evangiles, deux disciples de Jésus racontent que le Seigneur s’adressant à ses proches fidèles leur confirme “qu’ils sont privilégiés, car ce qu’ils voient était ce que beaucoup de prophètes eussent voulu voir avant eux, et qui s’accomplissait sous leurs yeux suivant un sens qui permettait de guérir les cécités de la vie, dans une rencontre intérieure avec dieu enrichie par la tradition des anciens et le témoignage de leur foi renouvelée.”
Il nous faudra sans doute laisser du temps au temps pour intérioriser cette rupture brutale du cours de l’histoire, qui a asséné un coup redoutable à une vie commune faite d'insouciances quotidiennes, et réapprendre des conduites de préventions pour partager le bonheur de revivre ensemble et voir la vie autrement.
Mois de Mai aux yeux ouverts sur la confiance divine en ce printemps insolite, la foi seule sauverait du doute de la cécité ceux qui croyaient sans voir, pensaient sans regarder, vivaient sans espérance !
Légende : le passage de la mer Rouge, selon une ancienne enluminure arménienne