Les sœurs de Saint-Joseph, ces femmes remarquables venues de Bordeaux, iront vers les régions les plus isolées, pauvres et délaissées de notre région pour soulager les misères, les épreuves de la vie, aider les malades et les mourants dans leurs soins sanitaires et les fins de vie.
Leurs fondatrices qui auront connu les désagréments de la révolution française et par la suite, des expulsions au niveau de leur fondations lyonnnaises et bordelaises (au temps des persécutions contre l'Eglise sous la troisième république) se reconstituent à nouveau. La congrégation des Soeurs de Saint Joseph recrute alors en nombre. Disséminées dans la France entière, les premières en cette fin du XIXème siècle s’implantent au Pays Basque. Leur vocation est d’accueillir les personnes indigentes, en lien avec les paroisses du lieu.
Appelées par l’Abbé Beltza, les sœurs de Saint-Joseph se retrouveront à Ossès dans une école, à Banca dans une maison qui donnera naissance à "La Rosée" actuelle, à Saint Jean Pied de Port et en d’autres lieux de notre territoire. Mais c'est le village minier de Basse-Navarre qui demeure la référence incontournable de leur vocation et de leur fonction charitable, humaniste et humanitaire, comme on aime à dire aujourd’hui. Elles y trouvèrent à l’instigation de l’évêque diocésain une région de mineurs, d’enfants pléthoriques, analphabètes, et peu éduqués dans leurs foyers.
La congrégation des Soeurs de Saint Joseph y ouvre alors une maison pour accueillir les épouses et les filles des mineurs de Banca afin de leur prodiguer des cours d'arts ménagers et les préparer à leur fonction conjugale et à l’éducation de leurs propres enfants.
Ces soeurs de Saint Joseph dont un grand nombre sont issues de la vallée des Aldudes seront prisées, estimées et reconnues dans leur vocation. Dans cette région minière, les hommes venus des deux versants pyrénéens exercent un rude métier. La vie domestique est dure, éprouvante.
En 1894, la fin de l'activité minière dans ce village bas-navarrais transforme l'établissement en une maison paroissiale destinée à l'accueil et l'hébergement de personnes indigentes auxquelles les soeurs prodigueront également soins et éducation religieuse.
En 1924, l'établissement devient un aérium (préventorium) pour les enfants tuberculeux. Le site est composé de quatre bâtiments édifiés au fil du XXème siècle.
Depuis 1968, c'est l'association "la Rosée" qui a repris le flambeau et qui accueille désormais des enfants et adultes polyhandicapés. Et depuis lors, grâce, en partie à des donations, la Rosée a bénéficié de nombreux aménagements, le personnel s'adaptant à l'évolution des pathologies : une piscine thérapeutique en eau installée à la fin des années 80. Puis, une salle “Snoezelen” adaptée à l’accompagnement « sensoriel » des personnes handicapées. Le tout couronné d’une sorte de “gaztetxe”, espace ludique destiné à développer la motricité des enfants.
Elles seront nombreuses, les sœurs de Saint-Joseph, ces femmes de tempérament, à "résister à toutes les résistances", et d'autant plus indispensables que les sujets dont elles assurent la protection individuelle se renouvellent et leur vocation religieuse conforte la légitimité de leur travail.
Il convient ici de rappeler l’origine de la congrégation fondée en 1650 par le père Médaille, prêtre originaire de Carcassonne, entré chez les Jésuites et formé par les fils des saints Ignace et François-Xavier.
Des femmes de dimension et de compétence. On en dénombre 14 000 en 2017 dans plus de cinquante pays du monde.
Or, les débuts de la congrégation furent difficiles.
Malgré l'habitude - surtout à l'époque - de n'admettre pour les femmes que le régime de clôture des couvents, le père Médaille soutenu par l’évêque du Puy-en-Velay Mgr de Maupas, décida le 15 octobre 1650 de reconnaître leur vocation religieuse en les envoyant dans les campagnes rurales françaises pour accomplir leur vocation.
Elles s’appelleront Soeurs de Saint Joseph, et connaîtront les pires tourments de l’histoire de France.
La révolution, l’échafaud, la prison, les crimes de sang et d’horreur.
La dispersion et la fermeture des couvents se fit par deux fois, la dernière au début du XXème siècle, mais qu’importe pour elles ? Lorsque les circonstances le permettront, les sœurs de Saint-Joseph reprendront le cours de leur fondation en France ou dans le monde.
L’instruction publique des enfants, particulièrement des jeunes filles, les soins à domicile des malades, les visites aux prisons, redeviendront le cahier des charges de ces religieuses indispensables. Leur rayonnement dans le monde, tout d’abord en Europe, puis en Amérique, en Afrique et en Asie décupleront leur recrutement.
Si leur nombre a connu une baisse, le regroupement de congrégations issues de leur première fondation lyonnaise leur assura en 1971 de réunir à nouveau treize congrégations en Europe.
Lyon-Bordeaux leur permit de rayonner en ces deux régions et de résister à l’appauvrissement de leurs communautés par la baisse des vocations.
Ces Soeurs de Saint Joseph se trouvent partout en Europe en Belgique, en France, en Grèce, en Irlande, au Royaume-Uni, en Suisse, en Amérique du Nord -aux Etats Unis - et du Sud - Honduras, Mexique -, mais également en Afrique, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Egypte, puis encore en Asie, en Inde et au Liban...
NDLR : de Banca subsistent encore trois religieuses : deux d’entre-elles sont à l’EHPAD de Fontaudin : Angèle Erramouspe, 91 ans, et Marie-Louise Falxa, 99 ans. Joséphine Errecart, 82 ans, est dans le Rhône pour le moment.