On définit le terme relique par celui "des restes" conservés d’un être vénérable ou cher de nos familles.
Ce qui en somme demeure du corps d’un sujet vénéré ou un objet lui ayant appartenu.
Bijou, vêtement, manuscrits, livres, somme toute de rapport à l’intimité de la personne disparue.
Un sentiment de force invisible et invincible pouvant se dégager de tels objets au bénéfice de ceux qui les conservent et les vénèrent.
En France on se déplace en nombre autour de la tunique d’Argenteuil, le Suaire de Turin, et les reliques de Thérèse de Lisieux, mais encore plus proche de nous le 15 octobre 2019 au coeur de Notre Dame de Paris en flammes les pompiers de Paris iront chercher la couronne d’épines du christ entourée du feu incendiaire.
La couronne représentait pour chaque français "l’âme nationale", elle en saisit l’intensité et d’un même coeur rassemblés par la triste désolation du jour, les fidèles de toutes religions, agnostiques et athées de quelque philosophie partagèrent le même sentiment, il fallait sauver notre Dame de France !
Dans la tradition chrétienne la vénération des reliques des saints remonterait au second siècle.
Dans un univers juif attaché viscéralement à ces objets cultes sacrés de leur histoire. Torah, livres de prières conservés dans les synagogues et les lieux saints, et les maisons, voiles et tuniques, appartiennent à cette origine cultuelle et culturelle du judaïsme.
Pour les chrétiens le souvenir des martyrs, ou témoins de la foi celui de Polycarpe évêque de Smyrne brùlé vif en 155 donne lieu à un échange entre communautés chrétiennes.
Les reliques ou ossements du saint homme étaient conservés et donnèrent lieu à des rassemblements annuels qui perpétuèrent dès lors ce culte aux saints chrétiens de toute origine.
Le culte des reliques vivace avant la révolution française qui sut les faire disparaitre avec les ex - votos, tentures, voiles et oriflammes, madones et tableaux sacrés, objets de toute vilénie de la foi, ne cesse de perdre de la vigueur selon les époques et reprendre de la force au rythme chaotique de la religiosité en cours.
Covid en présence, on vit se revigorer le retour à la dévotion à notre dame protectrice de toute peste virale, covid étant considérée comme l’expression de l’une d’elles, on souriait parfois chez les pédants, moins sans doute dans les familles affectées par la maladie morbide et les victimes par milliers qui ne donnèrent lieu par la suite qu’à une évocation sommaire. Aucune date commémorative à ce jour ne fut célébrée de cette épidémie dans le pays de Pasteur. Les morts de cette horrible hécatombe sont portés par les familles dans leur souvenir personnel !
Le pèlerinage naissant lors de l’anniversaire de la disparition de saints témoins de la foi, on se plaisait de célébrer sur la tombe des martyrs la messe "de bienfaisance et d’heureuse mémoire" On rappelle que l’empereur Constantin en 326 chargea sa mère Hélène de retrouver à Jérusalem les lieux de l’histoire du christ pour y édifier un sanctuaire bien français que déjà aux yeux de l’histoire !
A l’endroit de l’emplacement du Saint Sépulcre Hélène missionnée par la légion des soldats de Constantin y découvrit trois croix.
L’une portant "le titulus" à savoir l’écriteau portant le motif de la condamnation de Jésus en croix.
Et retournant à Constantinople elle y rapporta des restes de la vraie croix, quelques épines de la couronne, des clous et le titulus.
Sans doute un échange avec ceux qui les conservaient in situ et furent gratifiés grassement de leur bienfaisance par Constantin !
L’histoire n’en dit pas davantage !
Le Moyen Age doré des reliques développe ces objets cultes sacrés lors des échanges de cadeaux diplomatiques et des croisades en terre sainte, favorisant ce transfert des reliques vers l’occident et Rome et la France.
Pour un évêque, cardinal de sus, abbé de monastère le bienfait d’une relique faisait son bonheur et lui conférait une autorité certaine dans l’usage de son pouvoir monastique.
L’adoubé par un saint était d'une légitimité spirituelle sans contestation possible !
C’est par la somme d’une fortune colossale, environ la moitié du budget de la France, que Louis IX fit l’acquisition en 1238 de la Couronne d’épines à la fin du XIII ème siècle, délestant l’essentiel de la puissance sacrale de Jérusalem transférée en France selon l’historien Nicolas Guyard !
Les temps auront bien changé.
La laïcité française ferait autrement désormais et l'on chargerait quelque métier annexe patenté d'assurer la mission sous quelque obédience culturelle non officielle !
On image mal un culte d’une telle amplitude aujourd’hui pour déterrer des reliques à Jérusalem au pire moment d’une guerre en cours.
Lors de l’attentat contre jean Paul II à la place saint pierre les italiens s’élevèrent contre l’infamie d’une telle tentative de mort et l’on rapporta les vêtements liturgiques portés par le pape ce jour comme des reliques pour la postérité !
L’origine de tels objets demeure mystérieuse quelles que soient les certitudes des chroniqueurs du passé.
Vraie ou fausse, à demi fausse ou objet de marchandage, on prétend que des vendeurs de rue à jérusalem et autres villes saintes de l’Orient, on peut se procurer des objets cultes au prix d’espèces sonnantes. Sont -ce des objets dérobés dans des musées, ou véritables découvertes in situ ?
La surveillance de tels biens culturels et spirituels par les autorités ne laissent que peu de place à ces concessions.
Mais la cupidité étant possible, on devient riche de la pauvreté des autres en acquérant des reliques d’une authenticité douteuse, mais contents d’en avoir le privilège entre tous !
A la Renaissance il se dit que les réformés jugèrent l’attitude des catholiques d’imposture ou d’idolâtrie en raison des trafics qu’ils généraient autour de ces reliques. Calvin irrité par de telles pratiques déclara “qu’avec tous les fragments de la croix dispersés dans le monde chrétien, on pourrait constituer la charge d’un bon bateau de marchandise”. De quoi jauger le peu de fiabilité accordée par le réformateur à ces cultes illégitimes.
Le culte des reliques connait des variations lors du temps et de la pratique des fidèles.
En période trouble comme aujourd’hui, la recherche de l’authenticité, de l’assurance de la foi dont la relique serait la garantie, exacerbent la demande.
On semblerait pusillanime pour certains dans ces dévotions, superstitieux pour d’autres mais ce étant, les croix, les vierges, les temples et pèlerinages aux saints bienfaisants ont repris de la force avec la Covid, la guerre et la peur de toute mort annoncée par les apocalypses des prophéties macabres...
Difficile d’aviser raisonnablement sur ce culte aux reliques.
Ce qui semble aux uns de la superstition ou de la magie probable devient objet référencé de la foi car en chaque dévotion la place de l’idolâtrie ne disparait en l’accomplissement de vouloir croire.
L’assurance que l’objet culte de cette pratique permet de s’attacher les faveurs d’une forme invisible et intérieure de la vie demeure constante.
La foi sans quelques croyances et superstitions aux franges n’existe pas !